Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE

By TeQuieroMaas

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× Je me souviens de la dernière fois où mon coeur s'est brisé. C'était devant un bol de soupe... × Sing! rac... More

CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29

CHAPITRE 14

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By TeQuieroMaas

J-67 avant la tournée
Le 7 juillet

– Donne-moi une bonne nouvelle.

Jorge parle d'une voix sèche, comme quand il tente d'endiguer la panique qui monte.

Il est encore tôt, mais je me demande combien de cafés il a bus et s'il a dormi sur lecanapé en cuir de son bureau, sa stratégie en cas de crise.

– Oh, j'ai écrit cinq chansons et je pense savoir laquelle ferait un bon single, dis-je d'un ton nonchalant, étendue sur l'une des chaises longues de la terrasse. Est-ce que ça compte comme une bonne nouvelle ?

Carolina et Chiara dorment encore – elles étaient à un feu de joie sur la plage hier soir et sont rentrées tard –, alors j'essaie de parler tout bas, mais les cris exubérants de Jorge risquent de les réveiller.

– Je le savais ! hurle-t-il. Je savais que tu allais y arriver !

Je m'abstiens poliment de lui rappeler qu'il n'était pas franchement convaincu la dernière fois que je l'ai appelé.

– Quand est-ce que je vais pouvoir les écouter ?

J'éclate de rire et étends mes jambes déjà bien bronzées.

– Je les ai enregistrées vite fait sur mon téléphone.Si tu veux, je peux te les envoyer maintenant.

Jorge pousse un nouveau cri de joie, et je l'entends pianoter sur son clavier, sans doute pour écrire au label et à l'équipe de promotion.

Bon, c'est bien. Super, marmonne-t-il d'une voix distraite. Quand est-ce que tu reviens ?

Je sens mon sourire se crisper et ma gorge se nouer.

– Eh bien, en fait... je ne compte pas revenir, dis-je doucement.

Le claquement du clavier s'interrompt brièvement, de même que le souffle de Jorge.

– Comment ça ?

– Je veux rester ici jusqu'à la fin de l'été. Je suis super-sereine et j'ai retrouvé mon inspiration, alors... ça me paraît un peu risqué de rentrer à New York trop tôt.

Je retiens ma respiration en attendant sa réponse. Ce que je viens de lui dire n'est que la stricte vérité. Je me sens plus créative que jamais et, même s'il m'arrive de penser À Sébastian, j'ai réussi à rester concentrée sur ma musique. Mes nouvelles chansons n'ont rien à voir avec mes amours malheureuses. Elles émanent de mon expérience de la vie et de cet environnement magnifique, de mes amitiés mais, surtout, de cette île. Elles ne tiennent pas à une seule personne, et encore moins à une rupture.
Pourtant – je le reconnais aux intonations de ma voix – je ne suis pas non plus entièrement honnête avec Jorge. J'ai une autre raison pour vouloir rester ici, une raison aux yeux noisettes et au charme discret qui s'appelle Ruggero. Même si mes nouveaux morceaux ne parlent pas de lui, j'ai un peu peur que la source de mon inspiration se tarisse si notre relation venait à se terminer.

– Je me disais qu'on pourrait enregistrer l'album ici, poursuis-je.

– Quoi ? Sur la plage ? s'esclaffe Jorge.

– Pourquoi pas ? Cet endroit est vraiment... Tu verras, Jorge, c'est vraiment un lieu à part. Et puis, j'ai envie de faire les choses autrement. J'y ai beaucoup réfléchi, il me semble que c'est le bon moment.

Jorge pousse un gros soupir. Je le connais bien, ça signifie qu'il s'apprête à céder. Il a dû comprendre que je ne reviendrais pas sur ma décision.

– C'est toi qui commandes, souffle-t-il enfin. Je m'occupe de tout.

– Merci, Jorge. Je te dois une fière chandelle.

– À ce stade, ce n'est plus une chandelle, c'est un lustre, marmonne-t-il.

Pourtant je perçois un sourire dans sa voix.
On raccroche, et je cherche mon enregistrement le plus récent d'« Anchors ». Elle feraun parfait single. La mélodie est joyeuse mais ne ressemble à rien de ce que j'ai fait jusqu'à présent. Je l'envoie par mail à Jorge puis rentre dans la maison. Je me sens déjà mille fois mieux.

En pénétrant dans la cuisine, j'y trouve Chiara et Carolina en train de faire du café et d'ajouter de grosses cuillerées de yaourt à leur bol de céréales.

– Salut, les filles !

J'ouvre le frigo et me sers un verre du jus d'orange frais que Caro a rapporté du
marché hier matin.

– C'est quoi, son problème ? grommelle cette dernière en se tournant vers Chiara.

Elle a les paupières encore lourdes et gonflées de sommeil.

– Justement ! Je n'ai pas de problème ! dis-je en riant. Au contraire, j'ai d'excellentes nouvelles.

– Tu as trouvé un endroit qui vende du vrai café sur cette île ? ronchonne Chiara en vidant le dernier sachet qu'elle a apporté avec elle.

– J'étais au téléphone avec Jorge. On va enregistrer mes nouvelles chansons ici !

Chiara regarde autour d'elle.

– Où ça ?

– Sur l'île, dis-je. Comme ça, je ne suis pas obligée de partir. Jorge va s'arranger pour faire venir tout l'équipement dont on aura besoin. Ils ne devraient rester que quelques jours, mais...

– Et ils vont loger où ? intervient Carolina. Dans cette maison ?

Je me tourne vers elle.

– Ben oui. Ça ne pose pas de problème. Si ?
Je vois passer sur son visage une série d'expressions que je ne déchiffre pas bien.

– Ils peuvent aller au B&B, sinon, dis-je à la hâte. C'est toi qui décides. Je pensais que ça vous ferait plaisir qu'on puisse rester ici au lieu de devoir rentrer à New York.

– Bien sûr que ça nous fait plaisir, déclare Chiary en souriant à Carolina.

Cette dernière se détend peu à peu.
– Oui, bien sûr. Ça va être super.

– Génial ! dis-je. On devrait pouvoir enregistrer sur la véranda. Ça va demander un peu de préparation pour isoler tout ça, mais...

– On s'en charge ! lance Chiara en avalant sa dernière bouchée de céréales.

Le téléphone de Carolina vibre sur la table. Elle l'attrape, et en la voyant froncer les sourcils, je devine que c'est Jorge. La machine est en marche. On se remet au travail.

Jorge arrive par le premier bateau du jeudi. Michael et K2 m'emmènent au port pour que je puisse l'accueillir, et ça me rappelle le jour des visites au camp de vacances. Je guettais la voiture de mes parents avec un mélange d'excitation et d'appréhension à l'idée de voir deux de mes univers se croiser.

Le bateau s'approche doucement du quai, et j'aperçois Jorge sur le pont, prêt àdébarquer. Il porte un jean sombre, une chemise en lin blanc et une sacoche en cuir surl'épaule. Même de là où je suis, je remarque que ses cheveux, d'ordinaire soigneusementébouriffés à l'aide d'un peu de gel, auraient besoin d'une bonne coupe et qu'il a des groscernes sous les yeux.

– Tu n'aurais pas pu aller te cacher dans les Hamptons ? bougonne-t-il en traversant
le parking d'un pas vif.

Je le serre dans mes bras. Depuis que je suis arrivée, j'ai passé tellement de temps àesquiver ses coups de fil et ses questions que j'en ai presque oublié à quel point il memanquait. Jorge est le pire râleur que je connaisse, mais il a toujours eu foi en moi.Depuis notre première rencontre à une soirée Open Mic à Madison jusqu'auxinterminables séances de dédicaces avec les fans dans une ville différente chaque soir, ilm'a accompagnée et épaulée à chaque étape de ma carrière. Après mes parents, c'est lapersonne au monde en qui j'ai le plus confiance. Alors, même si ça me fait tout drôle deme remettre aussi brusquement au travail, je suis contente qu'il soit ici.
Il serre la main de Michael et de K2 puis s'installe à côté de moi sur la banquette arrière.Je lui tends le café qu'on lui a pris en passant. J'ai un peu l'impression d'être une marieusequi assisterait à la première rencontre entre Jorge et l'île. Je baisse ma vitre et prends unelongue inspiration tout en essayant de voir le village et la côte escarpée d'un regardnouveau.

– Tu vas te plaire ici, j'en suis sûre, dis-je en lui souriant tandis que la voiturecontourne un nid-de-poule.

– Valentina tu peux aller vivre sous le pont de Brooklyn si ça te fait plaisir, déclare-t-il enessuyant une goutte de café tombée sur son jean. Si ça te permet de composer deschansons comme « Anchors » et les autres nouvelles, je m'en fiche.

– C'est vrai ?

C'est toujours stressant d'entendre un avis extérieur, surtout celui de Jorge. Chaquefois que je commence à écrire de nouveaux morceaux, il se passe quelque chose demystérieux. Si je ne trouve pas immédiatement la bonne formule – la bonne tonalité, lesbons enchaînements –, j'ai toujours peur de ne pas pouvoir revenir à la source de mon
inspiration pour repartir de zéro.
Jorge hoche la tête.

– Oui, c'est vrai, souffle-t-il en se frottant le visage. Je dois quand même t'avouer quetu nous as fait une belle frayeur. À un moment, j'ai cru que tu allais nous faire un coup à la Britney Spears.

Je lui donne une petite tape sur l'épaule en riant.
– Menteur !

Il me prend la main et la serre doucement.

– Bon, d'accord. J'exagère. Il n'empêche que je n'aurais pas non plus cru que tu sois capable de composer ces petites merveilles.

J'écarquille les yeux.

– « Petites merveilles » ? Carrément ?

J'éprouve toujours un petit frisson quand j'entends quelqu'un parler de ma musique
comme si elle ne m'appartenait pas qu'à moi. Quand je compose, je mets tellement
d'énergie dans mes chansons que j'en oublie parfois que d'autres que moi vont les écouter.

– On est arrivés, dis-je quand Michael se gare devant la maison dans un nuage de
poussière.

Jorge se penche sur moi pour regarder par la vitre ouverte.

– C'est là que tu vis depuis plus d'un mois ? demande-t-il, incrédule.

Je descends de voiture et monte les marches du perron en sautillant.

– Oui ! C'est génial, non ?

– C'est... charmant, bredouille Jorge avant de me suivre à l'intérieur.
Chiara est en train de préparer des gaufres à la cuisine. Quant à Carolina, elle est vautrée sur le canapé, son téléphone à l'oreille. Dès qu'elles nous voient entrer, elles se précipitentpour accueillir Jorge.

– Salut, toi !
couine Chiara en lui sautant au cou.
Caro le débarrasse de sa sacoche.

– Pitié ! Dis-moi que tu nous as apporté du ravitaillement.

Jorge s'avance vers l'évier de la cuisine et, d'un geste théâtral, vide le contenu du
gobelet que je lui ai donné dans la voiture.

– N'ayez crainte, Mesdemoiselles, déclare-t-il en sortant un énorme sachet du café
qu'il se fait livrer à son bureau chaque semaine. Jorge est là pour vous servir.

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