Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE

By TeQuieroMaas

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× Je me souviens de la dernière fois où mon coeur s'est brisé. C'était devant un bol de soupe... × Sing! rac... More

CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29

CHAPITRE 12

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By TeQuieroMaas

Dimanche, 2h35 du matin

J'écris.

TU ES RÉVEILLÉ ?

NON.

HAHA.

JE N'ARRIVE PAS À DORMIR.

MOI NON PLUS.

ÇA VA, TA CHEVILLE ? C'ÉTAIT UNE MÉCHANTE GAMELLE.

JE NE SUIS PAS TOMBÉE, JE SAUTILLAIS. NUANCE.

N'EMPÊCHE, T'AVAIS LA CHEVILLE ENFLÉE.

ELLES SONT TOUJOURS COMME ÇA.

HAAAN ! VALENTINA ZENERE A LES CHEVILLES COMME DES POTEAUX !

SURTOUT NE LE DIS PAS À MES FANS.

PROMIS. CE SERA NOTRE PETIT SECRET.

J'AI PASSÉ UNE SUPER-SOIRÉE.

MOI AUSSI.

JE VAIS DEVOIR SORTIR EN MER DEMAIN SOIR.

TU PARS TOUTE LA NUIT ?

OUI. C'EST LE JOUR DE REPOS DE MON PÈRE.

JE PEUX VENIR ?

CE N'EST PAS SUPER-CONFORTABLE.

ÇA NE ME FAIT PAS PEUR.

TU PROMETS DE NE PAS JUGER MES GOÛTS MUSICAUX ?

PROMIS.
SAUF SI TU ÉCOUTES DES RAPPEURS SAPÉS COMME DES CLOWNS.

ÇA EXISTE, ÇA ?

BONNE RÉPONSE.

La journée du lendemain s'écoule dans une lenteur infernale. Je me promène sur la plage avec Carolina et Chiara, puis cette dernière va en ville et nous rapporte des petites salades du café vegan, mais j'arrive à peine à avaler quelques bouchées. Je ne cesse de penser à Ruggero, aux flammes reflétées dans son regard charbonneux, à ses doigts forts entre les miens. J'en oublie complètement ma musique ou ma tournée. Espèce d'accro !
Enfin le soir arrive et, une fois Caro endormie devant un documentaire sur le street art et Chiara pelotonnée dans sa chambre avec son livre, je m'esquive discrètement par la porte de derrière. On est convenus que Rugge viendrait me chercher au bout d'un ponton situé non loin de la maison. Quand j'arrive, son bateau est déjà là, doucement ballotté par les eaux noires. Ruggero est appuyé à l'un des poteaux auxquels il s'est amarré, les manches retroussées jusqu'aux coudes.
L'océan est presque immobile malgré une brise fraîche. Cette fois, j'ai bien choisi mes vêtements – gros pull en laine, jean et Converse –, mais dès que Ruggero se dirige vers le large, le vent me fouette sauvagement les cheveux. Ces vacances me rappellent que je ne peux pas toujours contrôler mon apparence quand la nature s'en mêle.
J'aide Ruggero à remonter les casiers pendant quelque temps, mais je me fatigue plus vite que lui et finis par m'asseoir sur la banquette à l'arrière du bateau. Rugge travaille avec une lenteur gracieuse, comme s'il pratiquait une sorte de yoga bien à lui. Je me garde bien de rompre sa concentration. Au début, ce silence me pèse. Je n'ai plus l'habitude de rester si longtemps seule avec mes pensées, sans personne pour les partager ou les confronter. Alors, je me force à écouter, à sentir le picotement de l'écume salée sur mon visage et mes mains, à guetter les premiers signes de l'aube à l'horizon.
Au bout d'une heure, je craque.

– Je peux te poser une question ?

Pasquarelli sourit, sans quitter du regard les rochers que nous sommes en train de contourner.

– Ça te tue de ne pas parler, hein ?

– Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire. Je suis tellement zen que je sens monter l'illumination. Je ne vais pas tarder à me changer en boule de lumière pure.

Ruggero coupe le moteur en s'approchant d'une bouée.

– Vas-y, dit-il, mais je te préviens : ma vie est à peu près aussi trépidante que celle des rochers qu'on voit là-bas.

– J'adore les rochers.

– Alors, demande-moi ce que tu veux, rétorque-t-il en gloussant.

J'observe les muscles qui se tendent dans son dos et ses bras tandis qu'il se penche pour attraper la bouée.

– Est-ce que tu envisages de repartir un jour ?

Il se redresse et passe la corde dans la poulie.

– Parfois, répond-il en s'assurant que tout est bien fixé. Je me plaisais bien à l'université. J'aimerais beaucoup y retourner.

– Tu étais où ?

– À Boston, au Massachusetts College of Art. Je voulais devenir graphiste.

J'essaie de l'imaginer devant un ordinateur, coincé sur une chaise de bureau.

– Tu rigoles ? Tu étudiais l'art ?

Il hausse les épaules et vient s'asseoir à côté de moi.

– Tu ne trouves pas que j'ai une âme d'artiste ?

– Non, ce n'est pas ça, dis-je en espérant ne pas l'avoir offensé. Je ne l'aurais pas deviné, c'est tout.

– J'ai toujours aimé dessiner, bougonne-t-il, l'air un peu gêné.

– Comme ta mère.

Aussitôt je regrette ce commentaire. Il se redresse et s'écarte imperceptiblement, les épaules un peu voûtées, comme s'il cherchait à me cacher quelque chose.

– Non, pas vraiment, souffle-t-il. Elle était... Enfin, elle est peintre. Moi je me contentais de gribouiller. Ce n'était rien de sérieux. De toute façon, j'ai arrêté, maintenant.

– Pourquoi ?

Il se gratte la joue, les yeux levés vers la lune.

– Parce que je n'en avais plus vraiment envie, répond-il. Je travaille beaucoup depuis que je suis revenu et, quand j'ai du temps libre, je préfère le passer à autre chose.

Il se tourne vers moi avec un sourire espiègle et je sens qu'il se détend de nouveau. Je pose la tête dans le creux de son épaule.

– Quoi, par exemple ? dis-je pour le taquiner.

– Oh, je ne sais pas, murmure-t-il en se décalant un peu, de sorte que nos cuisses se touchent. Plein de choses.

Il passe un bras autour de mon cou, et on s'adosse au flanc du bateau, les yeux perdus au loin. Le ciel est strié d'orange et de rose à l'horizon, et le soleil tente vaillamment de percer les nuages pour s'élever dans le ciel.
Je désigne du menton ce spectacle magnifique et lève la main pour entremêler mes doigts aux siens.

– Ça, par exemple ?

– Par exemple, répond-il en souriant.

Ruggero me dépose au ponton avant de rentrer au port pour décharger. Je devrais aller me coucher. Chiara et Carolina ne vont pas tarder à se réveiller et si je passe la journée dans ma chambre, elles vont se poser des questions. Pourtant j'ai l'impression que des étincelles me courent sur la peau, et ça fait des siècles que je n'ai pas eu les idées aussi claires.
Au lieu de retourner à la maison, je me dirige vers l'ancienne carrière. Le ciel hésite encore entre la nuit et le jour, et les oiseaux commencent à peine à chanter. Je remarque toutes sortes d'événements minuscules autour de moi, dont je n'étais pas consciente avant.
D'habitude, j'ai le cerveau en surchauffe à force de devoir me rappeler chaque détail de mon emploi du temps, chaque session en studio, chaque interview, tout ce qui va se passer dans une semaine, un mois, un an... L'avenir fait autant partie de mon quotidien que le présent. Ici, en revanche, j'ai l'impression d'être exactement à ma place, l'impression que tout ce qui compte est précisément en train de se dérouler maintenant.
Je m'assieds au bord de la falaise et frissonne dans l'air matinal. J'aimerais que Rugge soit là pour me réchauffer, pour me faire un feu de bois. Je souris en me rappelant la sensation de son bras sur mon épaule, fort et solide, mais il n'y a pas que ça. Tout est facile avec lui, parce que je peux me contenter d'être moi-même. Il n'a rien à voir avec Valentina, la pop star. C'est quelque chose que je n'ai jamais connu dans mes précédentes relations, même pas avec Gastón. Je l'ai rencontré au moment où ma carrière décollait.
Ruggero est différent. Il ne sait peut-être pas comment s'habiller pour un gala, mais avec lui, je me sens bien. Mieux que jamais.
J'entends un léger souffle – le bruit des arbres qui ploient sous la brise – et je ferme les yeux. Cet endroit a quelque chose d'essentiel ; il renferme tout ce dont on peut avoir besoin, ni plus ni moins. C'est un lieu propice aux matins paisibles, avec un café fumant et un bon livre, un lieu fait d'honnête labeur qui fatigue physiquement et de douches en plein air, un lieu sur lequel veillent des étoiles par milliers, libérées de la concurrence des lumières humaines. Je pourrais vivre heureuse, ici.
Brusquement, je rouvre les yeux. Sans que j'aie eu besoin de faire le moindre effort, la mélodie est revenue – celle qui m'avait échappé l'autre jour. Je fredonne doucement et, aussitôt, l'air se met à vibrer autour de moi, comme un écho.
Les mots me viennent tout naturellement. C'est la chanson que j'avais commencée sur la plage, à propos de ces matins où l'on se réveille sans savoir où l'on est ni pourquoi. Sauf que, aujourd'hui, je trouve cette amnésie rassurante. J'apprécie l'idée d'entrer dans un jour entièrement nouveau, sans attaches ni amarres, rien qui retienne au passé ou qui précipite vers l'avenir. Soudain un globe de lumière blanche surgit entre les arbres. Le soleil se lève, plein de force et d'espoir, prêt à affronter l'univers.
Les paroles de la chanson se bousculent sur ma langue, comme quand j'étais petite et que je chantais à tue-tête face au carrelage bleu et blanc de la salle de bains.

Le soleil brille, un jour nouveau,
Un monde tout frais et loin de tout.
Une petite maison, seule sur l'eau,
En paix sur les vagues, avec nous.
Le soleil oublie, sans passé.
Aujourd'hui, demain, pour durer.
Un bateau qui ne part jamais,
L'ancre dont j'ai toujours rêvé.
Les pièges flottent sous les balises,
Le feu crépite et m'hypnotise.
Ce que je saurai, ce qu'on dira.
J'ai jeté l'ancre ; je suis chez moi.

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