PDV OLIVIA
C’était assez étrange de me retrouver encore une fois dans la même position que plus tôt dans la journée. C’était assez étrange qu’Adrien soit venu me voir après avoir pratiquement détruit le salon de notre suite. Mais le plus étrange dans tout ça, c’est que je venais d’apprendre que mon frère était mort.
Adrien : S’il te plaît, dit quelque chose…
Je relevai la tête, perdue. Il me regardait, suppliant, et je ne comprenais pas pourquoi tant d’inquiétude envahissait ses yeux. Il avait peut-être parlé et je n’y prêtais pas attention. J’avalai difficilement sans toutefois briser notre contact visuel.
Moi : C’est toi qui es venu pour me parler.
Ma voix n’avait aucune émotion. Peut-être que je ne voulais pas me sentir coupable pour quoique ce soit, alors j’essayais d’ignorer ce que je venais d’apprendre.
Adrien : C’est vrai… Mais je veux m’assurer que tu vas bien avant…
Une boule restait prise dans ma gorge. Qu’est-ce qui pouvait bien rendre ma vie plus misérable encore?
Moi : Avant quoi?
Son regard se posa sur le sol, et il prit une grande respiration. Moi par contre, je retenais la mienne.
Il regardait soudainement autour de nous, tournant la tête dans tous les sens. Il se releva même pour observer la cuisine de l’autre côté de la pièce, puis se retourna vers moi.
Adrien : Est-ce qu’il y a quelqu’un d’autre ici?
Je secouai la tête. J’aurai aimé lui demander pour Roxanne, puisqu’il savait sûrement où elle était. Mais j’avais comme l’impression que ce qu’il voulait dire était plus important.
Adrien : Bien. Bien…
Je bougeai impatiemment, et je finis par perdre le contrôle. Il faisait exprès pour tourner autour du sujet.
Moi : Tu vas me dire ce qui se passe!?
Il fixa longuement le fauteuil dans lequel j’étais inconfortablement installé et il se pencha vers l’avant, tenant ses mains, appuyé sur ses coudes.
Adrien : Tu te souviens de la première fois où Warren t’as laissé dans cette grange, à la campagne?
La mention de son nom me fit frissonner, et je me mis à jouer nerveusement avec mes doigts. J’inclinai la tête avec difficulté et il ferma les yeux un moment.
Adrien : Ça faisait partie de son… de notre plan. En fait, on voulait juste te faire peur. La cabane n’était qu’une résidence temporaire, jusqu’à ce qu’on t’emmène à Paris. J’ai tout de suite compris que j’avais fait une erreur en m’embarquant dans tout ça…
Je ne comprenais pas où il voulait en venir.
Moi : Pourquoi?
Il releva la tête, ses yeux presque luisants de regrets.
Adrien : Parce que j’avais plus vraiment le choix de reculer. Il était trop tard. Et cette fille, cette enfant au parc…
Il s’arrêta et enfouie son visage dans ses mains. Je ne savais pas trop quoi penser de cette nuit-là. Il m’avait tellement fait peur, comme s’il n’était plus le même.
Adrien : J’avais pensé que si je continuais mon contrat comme si de rien était, j’allais réussir à t’oublier, à cesser de penser à toi. Mais tu faisais tout pour que je me sente coupable de t’avoir amené ici. Tu avais l’air si heureuse parfois, comme à la fête foraine, et je n’étais pas capable d’oublier le sourire sur ton visage…
Moi : Alors pourquoi tu as continué?
Adrien : Je n’avais plus le choix. C’était trop tard pour reculer. Et je voyais bien que Warren te tournait autour comme un chien. Tout ça pour me faire chier.
Je sentis la colère monter en moi.
Moi : Pourquoi tu dis toujours tout pour me monter contre lui? Ça ne t’ai jamais venu en tête que peut-être il m’aimait bien?
Je parlais moins sèchement que j’en aurais voulu. Il soutint longuement mon regard sans rien dire.
Adrien : S’il te plaît, ne te fâche pas… Mais tu devrais savoir la vraie raison qui l’ait poussé à te rendre folle de lui.
Il semblait tellement calme, pourtant quelques heures plus tôt il avait perdu toute sa patience lorsqu’on discutait de Warren.
Adrien : C’était quelques années avant que je débarque à ton école. On était amis, lui et moi, et il avait une copine. Elle s’appelait Kate. Elle faisait mine de rien devant lui, mais lorsqu’on était seuls, elle et moi, elle tentait toujours de se rapprocher un peu plus. En fait, Kate était amoureuse de moi. Et un soir, à un party, Warren nous a surpris en nous embrassant. Mais je n’avais aucune intention de lui voler sa copine. Je ne sais pas ce qui m’étais passé par la tête, et j’ai tout foiré… Depuis ce jour-là, Warren ne me fais plus confiance, et il a voulu se venger en se rapprochant de toi. Il pensait que ça pourrait m’atteindre, et merde, il a raison…
Je restai silencieuse. Warren avait une copine. Warren et Adrien était amis. Et il ne me l’a même pas dit?
Moi : Il… Ça ne change rien. Il m’aime. Je le sais…
Même si tout avait commencé par jalousie, je savais qu’il tenait à moi.
Adrien : Je sais.
J’ouvris la bouche, surprise. Je ne le saisissais clairement pas.
Moi : Quoi?
Adrien : C’est la première fois que je le vois changer de décision. Il n’aurait jamais fait ça, et je sais que c’est pour toi qu’il voulait le faire. J’ai beau le détester, je vois bien qu’il a changé. Pour toi.
Je tenais fermement le tissu de mon chandail dans mes mains, me retenant de pleurer.
Adrien : C’est pour ça que je suis ici. Je ne suis pas venu discuter de votre relation. C’est plus important.
J’étais nerveuse, ça faisait trop de nouvelles qu’on voulait m’annoncer.
Moi : Qu’est-ce qui se passe?
Adrien : C’est ce foutu contrat. Tu sais, la liste?
Je hochai la tête, hésitante.
Adrien : On n’est pas les seuls sur ce… projet. On a quelques collègues. Ils ne sont pas aussi conciliants que nous, Olivia. Ils aiment quand le travail est fait, et rapidement.
Moi : Où est le problème?
Adrien : Ils ont appris que Warren voulait cesser notre mission.
Mon sang se figea. Oh non.
Moi : Quoi? Mais…
Adrien : Le dirigeant du groupe s’appelle Luke. Warren est allé leur annoncer sa décision hier, je crois, et ils ne l’ont pas bien pris. J’ai contacté Jonas, c’est lui qui avait trouvé des preuves.
Jonas?
Moi : Où est Warren? Est-ce qu’il va bien?
Mon cœur battait trop fort dans ma poitrine.
Adrien : Je ne sais pas… Mais c’est certain qu’il n’est pas en sécurité bien longtemps, pas avec Luke.
Je me levai brusquement, mes mains tremblaient.
Moi : Oh mon Dieu, on doit aller le chercher! Ils vont lui faire du mal et…
Je sentis des bras entourer mon corps.
Adrien : Calme-toi, Olivia. On ne peut pas, c’est trop dangereux.
J’enfouie ma tête dans le creux de son cou, et des larmes se mirent à couler de mes yeux.
Moi : S’il te plait… Je l’aime…
Un soupir silencieux s’échappa de sa bouche et il se décolla de moi. Il passa une main dans ses cheveux et se mordit la lèvre inférieure.
Adrien : D’accord. Mais on aura besoin d’aide.
………………………………….
Je sortis rapidement de la voiture, suivit d’Adrien. On était devant l’appartement de Zoé, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’étais déjà dans l’entrée, saluant poliment la dame de la réception. Je me dépêchai de monter à l’étage, puis me rendis devant la porte familière de mon amie.
Je cognai fortement, puis Adrien me rejoint. Il ne m’avait pas mentionné pourquoi on était ici, mais j’étais tellement inquiète que je ne me souciais pas de qui on devait recruter pour aider Warren.
Zoé : Olivia! Wow. Ça va?
J’avais sûrement une mine d’enterrement dû aux nombreuses larmes que j’avais versées. Je rentrai dans son appartement, et elle leva un sourcil en voyant Adrien.
Zoé : Ok, quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe?
Je n’étais pas certaine de pouvoir parler, et je lançai un regard derrière moi pour que mon ancien copain m’aide.
Adrien : Luke est de retour.
Le visage de Zoé se vida de sa couleur, et elle s’assit lentement sur son lit.
Zoé : C’est… c’est impossible…
Elle était au courant elle aussi?
Moi : Tu… le connais?
Je parvins à parler, difficilement par contre, ma voix n’était pas très forte.
Zoé : C’est… J’ai déjà été amoureuse de lui. En fait, on était fiancés.
Je me figeai. Fiancés?
Moi : Q-quoi?
Zoé : Il voulait que je l’aide à…
Elle s’arrêta et regarda Adrien. Il hocha la tête, et je me retrouvai un peu perdue.
Zoé : À trahir ses amis. Il voulait être le seul à avoir l’argent, mais j’ai refusé… J’y suis presque restée, ce n’est pas pour rien que j’ai cette cicatrice…
Elle releva le bas de son chandail et je pus voir une marque rouge sur le bas de son ventre. Je ne comprenais pas pourquoi Luke en voulait tant à Warren d’avoir abandonné leur contrat s’il voulait tout récolter pour lui-même. Une vague de panique s’empara de moi.
Moi : Il… Il va le tuer! Il faut y aller!
Je me retournai brusquement mais Adrien m’empêcha de sortir.
Zoé : Quoi? Qui?!
Adrien : Warren. Luke le tient quelque part, et je pourrais parier que c’est dans l’usine.
Je me tournai pour le regarder. L’usine? Quelle usine? J’en avais assez de ne rien comprendre.
Zoé : Merde. Je vais appeler Jonas.
Elle sortit son téléphone et parla tellement rapidement que je ne suivis même pas la conversation. Elle raccrocha et je reculai. Pas Jonas…
Zoé : Il s’en vient. Est-ce qu’on a un plan?
Adrien : Pas vraiment, je t’expliquerai là-bas.
Elle hocha la tête et mon bras fut tiré pour sortir de la pièce. Je me retrouvai dans la voiture avec Adrien, qui démarrait. La route était courte, mais j’avais l’impression qu’elle durait une éternité. J’étais inquiète pour Warren, et je voulais que tout ce cauchemar prenne fin.
………………………………….
On arriva devant un énorme édifice gris, comme en métal. Zoé était déjà là, et un véhicule arriva. C’était carrément vide autour de nous. Un peu comme la campagne, mais la puanteur de l’industrie derrière nous changeait toute la beauté du paysage.
Zoé : Jonas, enfin!
Je serai les dents. Ça m’étonnait qu’il veuille nous aider, aider Warren. Il ne l’avait jamais aimé.
Moi : Pourquoi est-ce qu’il est ici? Ce n’est pas comme s’il tenait à lui…
Les autres tournèrent les yeux vers moi. Je fronçai les sourcils.
Jonas : Olivia… Tu n’as rien compris.
Moi : Oh, non, je me suis juste fait enlever par tes hommes qui voulaient me violer!
Il prit une grande inspiration et croisa les bras, ne quittant pas mon regard. J’étais à deux doigts de perdre le contrôle.
Jonas : J’ai fait ça pour te protéger! Je savais que tout finirait par mal tourner et que Luke reviendrait. Je pensais qu’en te tenant à l’écart, ils n’allaient pas te trouver. Mais Warren ne voulait pas que je sois celui qui te protège, il voulait tout faire à sa manière… Et maintenant, on est ici pour sauver son pauvre cul.
Il voulait m’aider? Mais pourquoi? Je n’étais pas capable d’encaisser tout ce qu’on m’avait dit en une journée. Mon esprit était concentré sur une seule chose. Et plus on perdait du temps, plus tout risquait de mal tourner.
Adrien : Bon. Voilà ce qu’on va faire. Vous allez rentrer par la porte avant, pour faire distraction, et j’irai chercher Warren en passant par la sortie. Luke n’a certainement pas des hommes partout…
Moi : Tu ne vas pas aller le chercher, seul!
Adrien : Olivia, c’est le seul moyen de ne pas se faire prendre. Ce n’est pas aussi facile que tu le crois. Si on fait une erreur, on court un très grand risque. Ce n’est plus une question d’argent quand on en arrive à ça.
Moi : Non. On va se diviser pour chercher partout. On sera plus efficaces.
Adrien : Non, il ne faut pas que…
Je me mettais déjà à courir vers l’entrée. Je me foutais d’avoir un plan détaillé, tout ce que je voulais c’était retrouver Warren.