Chapitre 7

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Le mercredi 23 mars, c'était le bal de la relâche. Organiser une fête au nom d'une semaine de congé, surtout lorsque celle-ci est déjà terminée, peut vous paraître étrange, mais c'était un bal traditionnelle auprès des finissants, chaque année. L'ambiance plaisante de la foule était toujours une façon agréable de danser. J'avais prévu y aller, à cette soirée. Prévu, car c'était ma chance de pouvoir me dé-gêner et d'échanger avec d'autres élèves. Sauf que toute belle chose est empoisonnée. Je n'avais rien à me mettre. Mais lorsque je dis rien, c'est rien. Même pas une belle jupe. Ni de robe. Et disons que mon budget n'était pas concentré à dépenser dans du linges luxueux. Je soupirai devant ma commode, la tête penchée sur mon épaule, pour entendre ce que me disait mon amie au téléphone.

Roxanne: Comment ça rien! Je suis certaine que tu vas trouver quelque chose! Allez Oli, tu dois venir avec moi. On se rencontre vers midi devant chez moi. Aujourd'hui : shopping!

Dit-elle. Mon amie semblait si excitée, et moi si peu. Roxanne, experte du magasinage, n'aimait pas que les gens s'habillent mal. Je lui répétais sans cesse que ça n'avait pas d'importance, mais elle ne cessait de porter des commentaires sur la tenue de certaines personnes. Je raccrocha, une moue au visage. Avec quelle argent pourrais-je m'acheter quoique ce soit? Déjà que notre réfrigérateur était vide, moi je dépense pour mon propre plaisir? Ça ne pouvais pas marcher. Mon père me tuerait, enfin, son haleine d'abord, qui pue l'alcool. Un nouveau respire lasse s'extirpa de ma bouche, au moment où je prenais mon sac à main et referma doucement la porte derrière moi, pour ne pas réveiller mon Étienne et mon père vers 8:00 du matin.

Les rues étaient désertes, comme d'habitude, et le sol gelé par la neige qui tombait sans cesse. J'essayais de cacher ma tête des petites boules blanches froides qui fondaient dans mes cheveux. Une fois arrivée chez mon amie, elle sortit aussitôt par la porte arrière, un sourire majestueux aux lèvres. Ses cheveux roux luisants étaient reliés dans une natte qui pendait sur son épaule droite. Elle s'était maquillée, et avait pris soin de s'habiller convenablement. Quant à moi, je n'avais qu'un jean et un chandail ordinaire. Je me sentis tout à coup ridicule comparée à Roxanne. Je tentai d'ignorer son commentaire à propos de ma tenue, et commença à marcher vers le seul lieu non ennuyant dans cette ville : le centre commercial.

Mes jambes marchais presque seule, j'avais du mal à me tenir debout. J’étais étourdie, mon mal de tête était un peu plus fort que ce matin. Je suivais ma meilleure amie au-travers les rangées de vêtements, puis m'arrêtai au même endroit qu'elle, devant une pile de robes très mignonnes.

Roxanne: Il faut que tu essais celle-là!

Elle me pointait une robe courte et légère rose pâle, attachée par une petite ceinture brune comme la couleur de mes cheveux. Je pris la pièce de tissu dans ma main gauche et l'observai longuement. Devant le regard suppliant de ma copine, je ne pouvais pas lui dire non. En levant les yeux au ciel, elle comprit que je voulais bien l'essayer, et sautilla sur place. Elle me cria qu'elle attendrait devant ma cabine. Je me dirigeai vers la salle d'essayage, et enfilai rapidement le morceau. En sortant sans me regarder, je vis les yeux de Rox s'agrandirent, et elle mit une main devant sa bouche, bouche-bée.

Roxanne: Oh mon Dieu! C'est superbe, Vi, je te jures!

Elle avait l'habitude de m'appeler ainsi, mais je ne l'écoutais pas vraiment. Je sautai presque devant le miroir, pour m'observer. C'était vrai. Elle m'allait plutôt bien. La ceinture serrée faisait ressortir mes courbes et les mettaient en valeur, tout comme la ceinture qui ressortait avec mes yeux bleus glacés. Je gloussai et regarda mon amie, qui semblait toujours aussi émerveillée. Je jetai un coup d’œil sur le prix.

Moi: Cent trente dollars!?

C'était beaucoup trop cher pour ce que j'avais estimé. En fait, je n'avais même pas amené d'argent. Roxy passa devant moi et me traîna tout de suite vers la caisse. J'allais protester, jusqu'à ce qu'elle place un doigt devant sa bouche, en signe de silence.

Roxanne: Chut, ce sera notre petit secret.

Puis elle sourit à la caissière avant de lui remettre quelques billets de 20 dollars.  

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