Curiosité.

Per lauhstylesx

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Astrid Bennet était une collectionneuse hors-paire. Chaque objet dont elle prenait soin avait une histoire. ... Més

Boulangerie et librairie.
Départ.
Anniversaire.
Histoire.
Hansel et Gretel.
Rendez-vous.
Le collier.
L'Allemagne.
Inattendu.
Continuité.
Cinéma.
Un simple emballage.
Explication.
Souvenirs.
Sourire.
Jade.
Anna.
Jolis moments.
Baby-sitting.
Pancakes.
Valerie.
Bonus: Halloween.
Conversation.
Déménagement.
Aimons-nous.
Euphorie.
Coffre.
Parcelles.
Rires.
Inquiétudes.
Noël.
Grands yeux.
Un quelconque jour de janvier.
L'inattendu est arrivé.

Maternité.

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Per lauhstylesx

Astrid.

J'étais assise sur le sol de ma chambre, le dos contre le mur. Le radiateur était allumé, il diffusait un bourdonnement désagréable, mais la chaleur qu'il apportait à la pièce était plus qu'appréciée.

Je mordillai ma lèvre en regardant mon placard vide, avant de soupirer.

-Les boîtes, c'est terminé pour aujourd'hui.

Je me levai du sol et m'assied devant mon ordinateur. J'avais ce besoin d'histoire, d'art, d'inspiration, de création.

J'avais besoin de voir quelque chose de nouveau. Mes yeux s'ennuyaient de la couleur et des regards passionnés.

Ayant finalement fait le choix d'aller au musée d'art contemporain, je me vêtis rapidement d'une robe et d'une paire de collant de laine, avant de me rendre dans l'entrée.

-Je sors. Je vais au musée, dis-je en chaussant mes bottes, regardant Becca.

-Pas de problème, Astrid. Amuse-toi bien.

Mon foulard noué, je sortis de la demeure de Becca et composai le numéro du service de taxi. L'horaire de bus ne concordait pas avec l'heure qu'il était, maintenant.

***

-Merci. Je garde en tête votre recette de cari indien, dis-je en souriant au chauffeur de taxi qui m'avait amené devant le grand musée.

Il me sourit en hochant la tête, avant de se mettre à rouler. Je pris une grande inspiration en fixant les grandes colonnes devant moi, avant de monter les escaliers de béton.

Tout près de moi, il y avait d'autres solitaires qui gravissaient cet escalier en pierre, prêt à aller consommer de l'art en quantité exponentielle. Il semblait y avoir plusieurs expositions, ce mois-ci. J'avais vraiment envie d'aller voir l'exposition d'Edmund Alleyn, mais tout changea lorsque je me fis accosté par quelqu'un.

Je me retournai, avant de sourire en voyant un jeune garçon. Il devait avoir dix-huit. Des cheveux blonds, mi-longs, un air un peu blasé, des vêtements de bohème...

-Je peux t'aider? dis-je, un peu incertaine.

-En fait, dans le cadre de mon cours de philosophie, l'enseignant nous a demandé d'aller dans un endroit public et de passer une heure, deux heures, avec une personne inconnue. Et de noter ses paroles, de noter ses pensées. Si tu veux, j'ai une feuille, pour te prouver que je ne suis pas un jeune psychopathe.

Je souris en hochant la tête, avant de jeter un rapide coup d'oeil à la feuille qui portait le logo d'un établissement scolaire.

Le jeune me fixa quelques instants et haussa les sourcils, en attendant ma réponse.

-Pourquoi est-ce que tu m'as choisi? dis-je en souriant à la dame qui vendait les tickets.

-Tu avais l'air d'être quelqu'un qui avait beaucoup à dire, je sais pas, murmura-t'il pendant que je payai mon billet.

Je souris en mordillant ma lèvre, pendant qu'il payait son entrée, avant de le fixer.

-Tu sais, d'habitude, c'est moi qui parle aux gens, comme tu le fais. Je recueille leur histoire et des objets, parfois. Et maintenant, les rôles sont inversés. Tu veux que je te parle... J'accepte.

Il sourit, avant de ramener ses cheveux vers l'arrière et de me suivre. Je laissai mon manteau au vestiaire et lorsque je lui demandai s'il voulait me suivre dans l'exposition d'Edmund Alleyn, il fit la moue.

-Je l'ai visitée la semaine dernière, maugréa-t'il en soupirant. Je pense qu'on devrait aller... dans cette salle-ci.

Il pointa une affiche, sur laquelle on pouvait lire Maternité.

-Maternité? dis-je en haussant les sourcils. Toi, un jeune garçon de... dix-sept ans, tu veux aller voir une exposition d'art sur les femmes enceintes.

Il rigola en secouant la tête, avant d'hausser les épaules.

-Je me fous littéralement de l'exposition. Mais je pense que cette salle peut-être bien, pour une vieille adulte comme toi. Tu dois être en âge d'engrosser, non? Ça te convient, alors.

Je souris en voyant son air joueur, avec le choix de ses mots, avant de répondre.

-Je suis jeune, je n'ai que 23 ans. Et je n'ai pas envie d'avoir des enfants, pas tout de suite. Mais si ça te fait plaisir, allons-y.

Et pendant que nous marchions vers l'exposition, j'appris qu'il s'appelait Arthur, qu'il étudiait en science sociale, au collège, et qu'il avait dix-neuf ans.

Et il apprit mon nom, mon âge et mon emploi.

-Donc, tu as une boutique de vieux trucs? murmura-t'il en tendant son billet à la personne qui se tenait devant la porte de l'exposition.

-Oui, sur la rue principale. Tu viendras, un jour. C'est remplit de jolies trouvailles et d'histoire inédites. Je ne dis les histoires qu'à quelques personnes, des personnes qui sont capable de les entendre... Si tu veux, je te dirai une histoire, mais à la seule condition que je puisse recueillir un de tes témoignages.

-C'est d'accord. Marché conclus, Astrid.

Je lui serrai la main en souriant et nous entrâmes dans la grande salle. C'était silencieux.

Je m'arrêtai devant la première toile. Elle était immense. Je croisai mes bras sous ma poitrine, pendant qu'Arthur sortait un crayon noir, pour pouvoir faire son travail.

-Tu parles quand tu veux, moi j'écris, murmura-t'il.

J'hochai discrètement la tête, trop obnubilée par l'oeuvre magnifique qui se trouvait devant mes yeux.

-Je suis sans-mots.

Et à chaque fois que je m'arrêtais devant les toiles, c'était comme si mon corps changeait, lentement.

Il y avait des toiles de peintures et des photos. Et sur chacune on voyait un aspect de la maternité, mais toujours dans un retour à la nature, toujours avec un côté animal, un peu simple, un peu compliqué. C'était difficile à expliquer.

Un retour aux sources, un retour à notre côté animal.

Des seins, des vulves, des ventres ronds et ferme. Des traits droits et sinueux.

Quand la femme était enceinte, en dessin, on voyait toujours l'enfant, à l'intérieur de son ventre. On le voyait qui flottait dans sa petite bulle de chaleur. On le voyait entouré de fleurs, confortablement ancré contre sa maman.

Il y avait d'autres photos, certaines plus ancrée sur l'allaitement. Et c'était beau. C'était beau. Un corps maternel, nu. Et un petit corps innocent contre la peau de celle qui l'avait porté pendant des mois et des mois. Une bouche reliée à un sein, dans le simple but de se nourrir. C'était si simple.

Nous étions assis, maintenant, sur un banc, devant les toiles.

-Je n'ai jamais eu ce désir d'enfanter, tu sais. Plus jeune, je voulais voir les histoires du monde et me promener. Ma vie se résumait à ça et j'étais bien heureuse. Et puis... J'ai rencontré un garçon,  y'a un mois, peut-être. Et je l'aime bien. Je suis bien avec lui. Ce garçon, c'est Harry. Et il est boulanger. Je n'ai jamais eu de vrais copains, si je peux dire. Des petites relations ici et là, seulement. Mais avec Harry, j'ai envie que ça soit vrai.

J'entendais le crayon d'Arthur, qui glissait contre sa feuille. Il hochait parfois la tête en me fixant, mais je gardais les yeux rivés contre la toile devant moi.

-Harry, il a un petit garçon de six ans, qui se nomme Eliott. Et je m'entends bien avec Eliott, il me fait rajeunir, il me fait rire. Je lis des histoires à Eliott, j'en lis aussi à Harry. Ce n'est pas le même genre d'histoire, mais j'aime ça, j'aime avoir des gens avec qui partager toutes mes histoires.

-Est-ce que tu es en couple avec lui? demanda Arthur.

J'haussai les épaules.

-C'est compliqué, je pense. D'un côté, il y a Eliott. Il ne faut pas le brusquer, je ne veux pas être une méchante belle-maman, je ne veux pas prendre la place de sa maman, ni qu'il pense que je lui vole son papa. D'un autre côté, il y a Harry et moi. On se voit, on fait des trucs en sembles, on dîne au resto, je dors chez lui, parfois. Mais... est-ce que nous sommes au même point, lui et moi? Il a sa boulangerie, j'ai ma boutique. Il a son fils, il ne peut pas l'oublier pour moi. Et si un jour, tout est sérieux, avec lui... Est-ce qu'il voudra des enfants avec moi? Est-ce qu'il voudra déménager avec moi? Tu vois, je ne veux pas m'incruster, dans sa vie. Je veux qu'il fasse sa vie avec moi, s'il le veut aussi. Tu comprends?

-Tu ne veux pas te rajouter à sa vie, tu veux... qu'il réussisse à recréer un semblant de vie avec Eliott et toi? tenta Arthur. Que vous ayez votre vie à vous trois, pas la vie d'Harry et Eliott... ET Astrid?

Je tournai le visage vers lui, en hochant la tête.

-C'est ça. Je ne veux pas perdre mon temps... J'ai peur de me faire de faux espoirs. Et qu'on ne soit pas au même point. Sa vie est déjà bien entamée. La mienne l'est moins... Est-ce que je vais devoir laisser tomber ma vie pour aller dans la sienne, qui est déjà commencée? Non. Ce n'est pas ce que je veux. Et là, en voyant toutes ces jolies images...

Je souris en essuyant une larme, avant de ramener mes jambes contre ma poitrine.

-Je pense que je suis en train d'ovuler, là, maintenant. Probablement. Parce que je n'ai jamais eu aussi envie d'avoir un enfant, Arthur. Tu vois toutes ces jolies images, tu vois ces seins et ces bébés, cet amour, l'exemple même de la création de la vie, la vie pure et innocente... C'est beau.

Je souris en essuyant une autre larme, avant de fixer le garçon près de moi. Il me regardait en souriant.

-J'ai envie que mon corps serve de cocon, pendant neuf mois. J'ai envie de nourrir mon enfant avec mon corps, j'ai envie de lui transmettre tout ce dont il a besoin pour se mettre à vivre. Et je ne sais pas si les garçons peuvent ressentir ce genre de chose, mais... C'est un des sentiments les plus puissant que j'ai ressenti, jusqu'à maintenant, avouais-je en hochant la tête.

Arthur notait tout ce que je disais, souriant parfois. C'était étrange que je sois en train de déverser mes rêves sur un jeune garçon de dix-neuf ans. D'habitude, les gens déversaient leurs rêves sur moi.

Et peut-être que les petites larmes qui coulaient sur mes joues n'étaient pas seulement à cause de la beauté des toiles et de ce que je ressentais. Peut-être que les petites larmes étaient aussi présente parce que j'avais un peu peur de tout officialiser avec Harry. Du jour au lendemain, c'était un peu comme si j'étais une maman, une amoureuse et que moi, la vraie Astrid, elle restait chez Becca. Et je ne voulais pas ça. Je ne voulais pas me perdre dans tout ça et entrer incognito dans la vie d'Harry.

Je ne voulais pas perdre ma vie.

-Même si j'ai un peu peur de tout ça, j'ai envie. J'ai envie de pouvoir être avec Harry, le plus souvent possible. Et de l'embrasser et de l'enlacer et de sentir ses mains contre mon corps. J'ai envie de rigoler avec Eliott, de faire du pain avec Harry, de leurs lire des jolies histoires et de jouer avec Hansel le chat...

Je fixai le vide pendant quelques secondes, avant de prendre une grande inspiration et de jeter un autre coup d'oeil au dessin. La simple vue du petit bébé dans le ventre de la femme me donnait des papillons dans l'estomac.

-Peut-être que tu as seulement besoin de parler avec Harry, tenta Arthur.

-J'ai l'impression qu'on ne fait que parler. On veut que ce soit simple, que le temps fasse les choses, mais on se remet toujours à parler de nous, d'Eliott, de la vie, du temps et... ce n'es plus simple, au final.

Arthur sourit et replaça ses cheveux vers l'arrière, avant d'hausser les épaules.

-La vie est une chienne et le temps est toujours en retard. Le temps ne changera rien, pas dans cette situation-ci, je pense. Tu devrais juste t'assurer qu'Harry et toi, vous soyez au même point, que vous ayez la même vision de l'avenir. Sinon, ce sera merdique, comme relation.

Je soupirai en hochant la tête, avant de lui faire un petit sourire.

-Mon dieu, ça fait un bail que je n'ai pas pleuré, murmurais-je en rigolant, essuyant mes larmes pour une dernière fois.

-Ce n'est pas grave, ça rend ma leçon super philosophique et dramatique, rigola Arthur en souriant, rangeant son crayon.

Ce fut silence pendant quelques instants, durant lesquels j'en profitai pour tout organiser, dans ma tête. Premièrement, je devais évaluer mes objectifs de vie. Ensuite, il fallait que j'en fasse part à Harry. Et après, on verrait.

-Maintenant, c'est ton tour de me dire une histoire, dis-je en étant beaucoup plus en paix avec moi-même.

***

:))))))

merci mille fois pour vos jolis commentaires:)

L.xx

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