Dans l'ombre des flammes

By SophieTajana

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Les cinq Cités sont enfin réunies. Après plus de cinquante ans de conflit, le royaume est enfin à l'aube de l... More

Message de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45

Chapitre 22

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By SophieTajana

AVERTISSEMENT : Ce chapitre contient des éléments qui peuvent heurter la sensibilité de certains


Kayla était occupée à jouer avec Ava-Lee pendant qu'Erryn somnolait plus qu'elle ne lisait, assise sur le rebord de la fenêtre de la chambre de la petite princesse. Elle était soucieuse au sujet de son amie. D'un naturel solaire, elle paraissait aujourd'hui éteinte. Ses traits étaient tirés et elle ne s'exprimait qu'en monosyllabes. Kayla se doutait de l'origine de l'humeur sombre d'Erryn, elle-même sentait une rancœur sourde gronder au creux de sa poitrine quand elle pensait à la jeune mère et son enfant portés disparus mais, d'une certaine façon, son entrevue avec Damen l'avait un peu apaisée.
Quand Erryn lui avait rapporté les paroles de la mère de Deepali, la colère l'avait envahie et elle avait immédiatement sollicité, ou plutôt imposé, une visite au Prince. Tremblante de rage, Kayla s'était habillée en quatrième vitesse et était allée directement tambouriner à la deuxième porte au bout du couloir.
Quand elle était revenue lui raconter la teneur de son échange avec le prince, Erryn avait à peine réagi, ne l'écoutant que d'une oreille, les yeux perdus dans le vague. Elle semblait tourmentée et fronçait sans arrêt les sourcils sous le regard inquiet de la jeune Tibestie.

Fatiguée de jouer aux poupées, la petite fille réclama une histoire et alla chercher un livre dans sa bibliothèque, tirant Kayla de son souci.
La jeune femme commença la lecture, mais fut interrompue après seulement quelques pages lorsque l'on toqua à la porte. La porte s'ouvrit, laissant entrer l'un des gardes de faction suivi par un autre soldat qu'elle connaissait de vue pour faire partie de la garde personnelle du roi. Erryn se leva et se rapprocha d'elle. Toutes deux étaient très intriguées, d'autant plus que les nourrices d'Ava-Lee accompagnaient aussi les soldats.

« De quoi s'agit-il ? s'enquit Kayla.

– Sur ordre de sa Majesté le Roi, vous êtes priées, vous et votre demoiselle de compagnie, de me suivre sans délai ».

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard en coin. L'expression du soldat inquiétait Kayla qui se demanda ce que le roi lui voulait, mais elle obéit sans discuter, Erryn sur les talons.

Son incompréhension s'accentua quand elle se rendit compte qu'ils empruntaient le chemin de ses appartements.

« Vous avez vingt minutes », leur dit le soldat en leur faisant signe d'entrer.

Elle obtempéra de nouveau et trouva ses quatre nouvelles femmes de chambre qui l'attendaient dans la pièce à coucher, tenant à plusieurs deux grandes housses à vêtements.

« Votre Altesse, nous allons vous aider à revêtir cette tenue. La seconde est pour vous, Mademoiselle », dirent-elles à Erryn.

La robe qu'on lui fit enfiler était taillée dans une épaisse étoffe noire. Kayla n'en avait jamais porté de semblable. Il n'y avait ni manches, ni bretelles et le bustier ne tenait que grâce à un astucieux système d'armature. L'une des femmes tira d'un coup sec sur les rubans refermant le corsage dans son dos.

Surprise, la jeune femme poussa un petit cri quand la pression lui vida l'air des poumons. Cependant, après quelques secondes d'adaptation, elle se rendit compte que le corset n'était pas désagréable à porter.

On la guida devant un grand miroir de plain-pied et elle se contempla pendant que l'on s'occupait de ses cheveux et la maquillait.

La coupe de la robe épousait ses formes, marquant la finesse de sa taille et tombait jusqu'à ses pieds dans un long fourreau qui lui faisait des jambes d'une longueur interminable. Une fois sa chevelure relevée dans un chignon sophistiqué et le maquillage légèrement appliqué, la jeune femme ne se reconnut pas.

Elle était habillée dans la mode centralienne la plus pure et elle se sentait vieillie de plusieurs années comme si, jusqu'à présent, elle n'avait été qu'une enfant.

« Et maintenant quoi ? » demanda Erryn en prenant place à ses côtés. Elle aussi était à présent habillée de noir, mais les manches longues et le col semi-montant de sa robe lui donnaient un air austère.

Le garde réapparut et leur demanda de nouveau de le suivre.

« Qui est mort ? » demanda Kayla, il ne pouvait s'agir que de cela.

Elle sentait l'inquiétude la gagner. À quoi rimait cette mascarade ?

« Pour le moment, personne », répondit le garde et Kayla ne put rien en tirer de plus.

Ils empruntèrent la direction de la porte sud du palais, celle qui donnait sur la grande esplanade.

Au lieu de sortir par les hautes portes, ils gravirent les escaliers menant au balcon qui surplombait le parvis.

« Veuillez attendre ici, Votre Altesse ».

Erryn et elle n'eurent pas longtemps à patienter avant que des pas ne résonnent au rez-de-chaussée et que la famille Royale ne débouche à son tour de l'escalier. Thérik menait la marche, suivit de près par son épouse vêtue d'une sublime robe agrémentée d'une longue traîne noire. Et derrière eux, Damen, lui aussi habillé de noir, comme à son habitude.

Personne ne dit mot, personne n'expliqua quoi que ce soit.

Le trio royal s'arrêta devant la baie vitrée. Sans prononcer un mot, Liorah tendit son bras ganté vers Kayla et lui prit la main, exerçant une pression furtive et la guida pour qu'elle se place derrière elle, à côté de son fils. Comme si elle était l'une d'entre eux.

On ouvrit les portes de verre et aussitôt, la clameur d'une foule nombreuse la frappa.

Les abords de l'esplanade étaient noirs de monde. Dehors, un sinistre spectacle attendait la jeune femme : un échafaud, aussi haut que trois hommes, dominait le parvis.

Kayla inspira bruyamment, ils allaient assister à un châtiment public.

Elle se retourna vers Erryn et lui fit signe d'avancer, ressentant le besoin de sentir la présence de son amie à son côté, mais cette dernière secoua négativement la tête. Sa place était à l'arrière, hors de vue, toujours invisible.

« Ça va aller », articula silencieusement Erryn.

Quatre gardes se postèrent sur le balcon de façon à les encadrer pour des mesures de sécurité, bien que la jeune femme douta qu'un archer soit à redouter à cette distance.

Imitant Thérik et Liorah, Kayla prit place sur l'un des fauteuils installés à leur intention. Erryn resta debout près de la porte, aucune chaise n'avait été prévue pour elle bien que sa présence ait été spécialement requise.

Le roi se leva et la foule se tut. Il toisa ses sujets, impavide et Kayla comprit pourquoi cet homme était au pouvoir.

La foule l'aimait, il leur avait apporté richesse, influence et sécurité. Il avait fait de leur foyer le centre du pays. Comment pouvaient-ils ne pas l'aimer ? Le peuple semblait retenir sa respiration, suspendu à ses lèvres, attendant l'autorisation de prendre la prochaine bouffée d'air vital.

Les choses allaient s'accélérer maintenant. Des hommes gagnèrent l'échafaud. Des soldats, encadrant cinq prisonniers.

À leur vue, la foule se remit à scander, assoiffée de sang. D'autres gardes sortirent du palais et se déployèrent autour de la plateforme, empêchant les gens d'approcher à plus d'une certaine distance.

C'est en les regardant se mettre en place que Kayla remarqua que la foule n'était pas aussi uniforme que ce qu'elle avait cru au premier abord :

Les habitants de la ville-haute, reconnaissables à leurs tenues chatoyantes criaient leur haine tandis que la populace, massée dans la partie de l'esplanade la plus éloignée du palais grondait de mécontentement. Comme si elle était réfractaire aux châtiments qui allaient avoir lieu d'une minute à l'autre.

Thérik prit enfin la parole et s'adressa aux condamnés d'une voix puissante qui déferla sur l'assistance comme une tempête de sable dévore une ville.

« Vous avez été reconnus coupables de sédition, d'association de malfaiteurs et de trouble à la paix. Vous avez propagé des idéologies bannies de ce royaume. Pour chacun de ces crimes, la sentence est de dix coups de fouets ». Il s'adressa aux spectateurs. « Les condamnés recevront quarante coups de fouets chacun ».

En haut de la place, la foule hurla de joie. En bas, un murmure orageux s'éleva, mais mourut rapidement sous le regard d'acier du souverain.

Il se rassit et le bourreau fit son entrée. C'était une femme d'une taille spectaculaire. Si large que Kayla la prit tout d'abord pour un homme, mais les formes de sa poitrine ne laissaient place au doute. Un jeune assistant portait ses instruments de travail : un fouet, une longue épée et une cagoule de toile.

« C'est une femme ! ne put s'empêcher de s'exclamer Kayla.

– Drevill en est à plus d'une centaine de châtiments à son actif. Cent-soixante quatre avec les exécutions. Et elle réussit toujours du premier coup, chuchota le Prince assit à côté d'elle.

– Cent-soixante quatre », répéta la jeune femme pour elle-même.

En vérité, elle ne savait pas trop si Damen s'était adressé à elle ou s'il se parlait à lui-même. À moins qu'il n'essayât de la déstabiliser. Appréciait-il réellement ce spectacle ? Elle ne savait plus que croire.

Quelques heures plus tôt, elle était ressortie de ses quartiers, persuadée qu'il n'était pas aussi cruel qu'elle ne l'avait cru et maintenant, il était là, penché en avant, les yeux brillaient d'une joie sauvage, anticipant les événements qui allaient suivre.

Un morceau de bois semblable à une grosse souche trônait sur la plateforme en contre-bas et, à côté, se dressait un haut poteau. C'est là que l'on attacha le premier condamné.

L'assistant tendit le fouet à son mentor, qui s'en saisit et commença à le faire claquer au sol dans de grands moulinets, comme pour s'échauffer. Drevill s'approcha de sa première victime et Kayla se raidit d'appréhension. Sur un signe de menton de Thérik, le fouet claqua une première fois sur le dos de l'homme attaché au poteau.

CLAC

Le coup était vif et violent. Même à cette distance, la jeune femme pouvait voir que les fers et les nœuds recouvrant les lanières du fouet avaient déjà entamé la peau.

CLAC

Le deuxième coup tomba, quelques secondes à peine après le premier.

CLAC

La cadence augmentait.

CLAC

Drevill ne faiblissait pas et Kayla tressaillait à chaque sifflement, comme si le prochain coup menaçait de tomber sur son dos. Elle sentait son corps se tendre petit à petit que l'horreur la prenait.

Elle abhorrait la violence, la souffrance et la vue du sang. Kayla se concentra sur sa respiration dans l'espoir de garder contenance et serra les dents. L'homme se mit à crier aux alentours du dixième coup.

Le fouet claqua quarante fois sur le dos du premier prisonnier et quarante fois sur celui du deuxième, creusant de larges sillons sanglants en s'enfonçant dans la chair et arrachant la peau en ressortant, éclaboussant les planches du sol de sang.

Le troisième condamné s'avança, une jeune femme dont la longue crinière cuivrée rappelait celle d'Edana. Un gémissement s'échappa de la gorge de Kayla. Elle ignorait si c'était à cause de la ressemblance avec son amie ou si c'était la jeunesse de la suppliciée, mais elle sentait son sang-froid s'échapper par poignées.

« Relax Princesse », chuchota Damen en s'approchant si près d'elle que son souffle chaud lui caressa l'oreille, la faisant frissonner. « Tout cela est pour vous. Ces personnes prévoyaient de vous faire tuer. Vous devriez vous réjouir de leur sort.

– Je ne me réjouis jamais de la souffrance d'autrui, cracha-t-elle entre ses dents. Peu importe si elle est justifiée ou non », répondit-elle d'une voix qu'elle voulut calme et ferme.

Sa réponse arracha un ricanement satisfait au prince et Kayla regretta de ne pas l'avoir ignoré quand elle devina qu'il cherchait à la provoquer. Il la narguait en quête d'une réaction dont elle ignorait tout. Il la testait en permanence, se jouait d'elle. Et la jeune femme refusait vaillamment de reconnaître la chaleur insidieuse que cela provoquait en elle. De la colère ou autre chose, elle n'aurait su le dire, mais en l'instant présent, elle sentait ses joues lui brûler à la sensation du visage du jeune homme si près du sien. Il aurait suffi qu'elle tourne la tête pour qu'ils se touchent. Elle en oublia presque l'endroit où elle se trouvait.

Mais sa fièvre s'éteignit rapidement quand un énième claquement la ramena à la réalité. La nausée la prit, une jeune femme se faisait flageller sous ses yeux et elle, elle se perdait à penser à lui, à ses lèvres sur sa peau.

Elle ferma les yeux et se mordit l'intérieur de la joue. Elle savait qu'il avait senti son trouble et elle voyait son sourire narquois sans même le regarder. Encore une fois, il testait ses réactions et ses limites et elle était trop à fleur de peau pour garder son sang-froid. Cependant, le malaise l'emporta sur les pensées troublantes et Kayla échoua à réprimer un haut-le-cœur.

La jeune femme attachée au pilori reçut ses quarante coups de fouet sans qu'un seul son ne s'échappe de ses lèvres. Et, malgré le fait qu'elle soit son ennemie, malgré le fait qu'elle ait probablement prémédité son meurtre, Kayla ne put s'empêcher de l'admirer. Elle faisait preuve d'un tel cran, comme si la souffrance n'était que secondaire et qu'elle était déterminée à leur prouver sa force de caractère.


Vous allez me prendre pour une folle sadique,
mais ça m'amusé d'écrire ce chapitre... 3:)

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