Dans l'ombre des flammes

By SophieTajana

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Les cinq Cités sont enfin réunies. Après plus de cinquante ans de conflit, le royaume est enfin à l'aube de l... More

Message de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31

Chapitre 20

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By SophieTajana

AVERTISSEMENT ! Ce chapitre contient des éléments qui peuvent heurter la sensibilité de certains


Erryn se força à garder une allure régulière, comme si elle ne s'était rendu compte de rien. Arrivée au bout de la rue, elle déboucha sur une place plus éclairée et se glissa sous un porche enténébré. Là, elle s'accroupit derrière un tonneau et tira sa dague.

Sans un bruit, elle attendit en tendant l'oreille. Si légers qu'elle failli ne pas les entendre, des pas s'approchèrent de sa cachette. Elle retint son souffle et se ratatina sur elle-même.

La silhouette d'un homme la dépassa sans la remarquer et elle se glissa silencieusement dans son dos.

Au moment où elle allait l'empoigner pour lui appliquer sa lame sous la gorge, un hurlement transperça le silence de la nuit.

Elle sursauta et l'homme se retourna. Erryn se mit instinctivement en position de combat ; jambes fléchies et poignard levé. Sa taille la désavantageait, comme toujours. Elle allait devoir être rapide.

Un second hurlement retentit. Puis un autre, glaçant, interminable.

Son regard croisa celui de l'individu qui se tenait devant elle et la jeune femme sentit ses poils se hérisser le long de ses bras.

Il avait le visage masqué par un foulard noir qui dissimulait ses traits, mais ses yeux étaient à découvert.

Des yeux noirs. Entièrement noirs.

Vive comme l'éclair, Erryn frappa en visant l'épaule avec l'objectif de mutiler son adversaire. Mais son attaque ne rencontra que du vide et elle trébucha en avant.

Là où, quelques fractions de seconde plus tôt se tenait un homme, elle ne vit que des filaments d'ombres déjà en train de se dissiper dans la nuit.

Déboussolée, elle fit un tour sur elle-même et se figea à mi-mouvement. La silhouette, immobile, la fixait depuis l'autre côté de la place, à des dizaines de mètres de là où elle se trouvait précédemment.

La jeune femme sprinta dans sa direction, bien décidée à confronter l'homme. Mais en était-ce un ?

"Des hommes dotés d'aptitudes surnaturelles" lui avait raconté la mère de Deepali. "Des êtres supérieurs capables de se mouvoir dans les ombres" avait dit Liorah.

Les morceaux du puzzle commençaient à s'assembler dans son esprit, mais Erryn peinait toujours à admettre la réalité.

L'homme, ou la créature, la contempla pendant qu'elle franchissait à toute allure les derniers mètres qui les séparaient. Mais avant qu'elle ne l'ait atteint, il fit un pas en arrière, s'enfonçant dans un recoin que ni la lumière de la lune, ni celle des lampadaires n'atteignaient.

Erryn eut beau chercher, scruter, il avait disparu.

À quelques rues de là, les hurlements continuaient. Insoutenables et inhumains.

Abandonnant une recherche qu'elle savait d'avance vaine, la jeune femme accourue en direction des cris d'agonie. Plus elle se rapprochait, plus les cris faiblissaient, signe que la mort n'était plus loin.

Des chiens, probablement les mêmes que ceux qu'elle avait entendus plus tôt, aboyaient furieusement. Soudain, un grognement indéfinissable mais absolument sinistre les fit taire. Les cris moururent au même moment.

Erryn n'était plus très loin. Encore un virage et elle surgi sur une petite esplanade surmontée d'une immense dalle, haute de plusieurs mètres, gravée des noms à moitié effacés des soldats morts au cours d'une bataille ancienne.

Sur les marches, aux pieds de la dalle, gisait les restes ensanglantés d'un corps.

La jeune femme s'approcha et blêmit au fur et à mesure qu'elle constatait les dégâts éclairés par les lanternes encadrant le monument funéraire.

Elle n'avait jamais vu autant de sang de sa vie. Pas même la veille quand elle avait assisté à l'accouchement de Deepali ou qu'elle avait ouvert la carotide de l'assassin Nekam.

Le cadavre, ou du moins ce qu'il en restait, présentait de profondes lacérations et le visage avait été arraché. Il serait difficile d'identifier la victime. L'endroit empestait du relent cuivré du sang en même temps que celle de l'urine et qu'une odeur nauséabonde dont elle ne connaissait la provenance. À quelques pas de lui, gisait les restes d'une jambe dont le sang se mélangeait aux entrailles qui s'étaient répandues partout quand le corps avait été projeté par une force colossale contre la dalle, y laissant une empreinte dégoulinante.

Par le Téjas ! songea Erryn. Qu'est-ce qui a bien pu causer une boucherie pareille ?

Autour d'elle, rien, aucun mouvement, aucune trace de l'auteur de ce carnage.

Quelque part au-dessus d'elle, un volet s'ouvrit. Le calme revenu, un riverain plus courageux que les autres cherchait à savoir ce qu'il s'était passé. Un nouveau cri retenti, féminin cette fois et d'effroi, non de souffrance. Quelqu'un d'autre venait de découvrir le résultat du massacre.

Erryn savait qu'elle ne devait pas rester ici. Personne, à des rues à la ronde, n'ignorait qu'une mort horrible venait de se produire et elle ne souhaitait pas être mêlée à cette histoire. Dans quelques instants, la Garde serait là. Elle l'entendait déjà arriver, leurs bottes claquant sur les pavés, rythmées et disciplinées.

Avec un dernier regard écœuré vers la masse sanguinolente, la jeune femme prit ses jambes à son cou et regagna le palais aussi vite que ses jambes le lui permirent.

Cette nuit-là Erryn ne dormit pas, ou peu. Elle était allée souhaiter bonne nuit à Kayla, mais cette dernière dormait déjà, probablement rentrée du dîner plus tôt pour se reposer. Il lui fallait généralement plusieurs jours pour récupérer de ses crises et la jeune femme n'osa pas la réveiller de son sommeil paisible pour lui annoncer la funeste conviction de la mère de Deepali.

Une fois allongée dans son propre lit, Erryn dut subir les remous incessants de son esprit. Tant de questions et d'événements s'y enchevêtraient, formant un amas de pensées biscornues.

Elle finit par se relever et chercher un endroit apaisant où elle pourrait réfléchir. Elle avait jeté son dévolu sur la tour d'horloge construite comme une extension sur l'un des pans de toiture du palais afin d'être visible de loin.

C'était le point le plus élevé qu'elle avait pu trouver et elle mit quelques minutes à l'escalader. L'ascension était dangereuse, car les prises étaient petites et éparses. Pour une fois, son physique lui apportait un avantage, car elle était légère et n'opposait qu'une petite résistance au vent qui soufflait bien plus fort à cette hauteur que l'on aurait pu le croire depuis le sol. Aussi, prit-elle bien soin de se plaquer contre les pierres rêches de la tour.

À présent confortablement installée derrière les aiguilles de l'immense horloge, elle respirait à pleins poumons l'air tiède de la nuit mélangée aux odeurs suaves émanant du jardin des parfums à près de quatre-vingt-dix mètres sous ses pieds.

Elle dénoua sa tresse et se massa le cuir chevelu, laissant le vent jouer avec ses boucles lâches. Enfin, son cœur se calma et elle put faire le point sur les événements récents.

Premièrement ses rêves, hantés par les ténèbres et la douleur, plus vivides depuis son arrivée à Centralia. Deuxièmement, ces mystérieux mercenaires récemment arrivés du Nord et qui posséderaient la capacité de se mouvoir dans les ombres. Ce qui l'amenait à l'individu qui l'avait suivie et qui s'était purement et simplement volatilisé sous ses yeux. Elle était persuadée que c'était l'un d'entre eux, mais les mercenaires étaient-ils ces Autres ? Elle ignorait ce qu'il lui voulait... Pourquoi la suivait-il ? Pour la tuer ? Mais était-elle une cible aléatoire ou une victime préméditée ?

Si elle n'avait pas eu des cauchemars récurrents, elle aurait pu penser qu'il ne s'agissait que d'un concours de circonstances. Seulement, Erryn ne croyait plus aux coïncidences. Ce n'était pas un hasard si mercenaires mystérieux et Nekams se croisaient sur son chemin. D'autant plus que les Nekams, au-delà des manipulations politiques, semblaient prêts à tout pour trouver ces êtres surnaturels et les tuer. Ils étaient allés jusqu'à s'introduire dans le palais !

Et que dire du meurtre dont elle avait été le témoin auditif ? L'état du corps et les traces qu'elle avait observées sur les lieux montraient sans équivoque que le tueur n'était pas humain. Un animal peut-être, mais il aurait fallu qu'il soit d'une taille et d'une force considérable. Et il était impossible qu'une telle bête soit passée inaperçue en errant dans la ville, surtout qu'à en croire Damen et ses lieutenants, elle n'en aurait pas été à sa première victime.

L'esplanade était vide à son arrivée et le cadavre gisait là, comme s'il n'avait été tué que par pure sauvagerie. Était-ce l'œuvre de l'un des mercenaires ? La jeune femme se souvenait les avoirs vus à la caserne. Ils étaient grands et forts. Mais cela suffisait-il à commettre un tel carnage ? À moins qu'ils aient été plusieurs... Quoi qu'il en soit, si ses suspicions s'avéraient exactes, leur implication dans ce crime expliquait pourquoi elle n'avait pu trouver aucune trace du ou des meurtriers, ils avaient disparus comme celui à qui elle avait eu à faire.

Erryn soupira profondément et se pencha en avant pour ressentir davantage les balayages du vent sur son visage. Elle aimait prendre de la hauteur, cela l'aidait à relativiser ses problèmes, souvent minimes quand elle les comparait au monde dans lequel elle vivait.

Mais cette fois-ci, cela ne lui suffisait pas. Depuis son perchoir, elle ne voyait que la ville à ses pieds et ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il s'y tramait.

Erryn resta là, à contempler la ville endormie jusqu'à ce que l'aube commence à pointer à l'horizon. Quand elle aperçut les premiers rayons du soleil, elle redescendit de l'horloge avant que le palais ne s'éveille.

Elle ne pensait pas que la journée puisse empirer.


Je meurs d'envie de savoir ce que vous pensez !

Laissez-moi un commentaire pour me le dire ;)

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