Dans l'ombre des flammes

By SophieTajana

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Les cinq Cités sont enfin réunies. Après plus de cinquante ans de conflit, le royaume est enfin à l'aube de l... More

Message de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31

Chapitre 17

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By SophieTajana

À son réveil, Kayla se trouvait dans une chambre qui lui était inconnue, Erryn profondément endormie pressée contre son flan.

Elle porta une main à sa gorge et ce simple geste la fit grimacer de douleur ; elle se sentait horriblement mal. La jeune femme essaya de s'asseoir, mais elle n'y parvint pas. Ses muscles lui faisaient l'effet d'être en bois et son corps entier était courbaturé. Le mouvement réveilla Erryn qui paillonna en émergeant. Cette dernière se redressa vivement quand elle réalisa que Kayla était réveillée et la prit dans ses bras.

« Tu es réveillée ! Je suis tellement soulagée. J'ai eu la frayeur de ma vie.

– Erryn, où sommes-nous ? Que s'est-il passé ? »

La jeune femme se figea.

« Tu ne te souviens pas ?

– De quoi parles-tu ?

– Hier soir, tenta Erryn.

– Je me suis assoupie en sortant du bain et je... Par le Téjas ! » hoqueta-t-elle quand les événements de la veille lui revinrent en mémoire.

Elle se mit à trembler et Erryn emprisonna ses mains dans les siennes.

On avait essayé de la tuer. Un homme qu'elle ne connaissait pas s'était faufilé dans sa chambre et avait tenté de l'étouffer. Dans un flash, elle se revit à genoux sur son lit, la chemise de nuit trempée d'un sang qui n'était pas le sien et devant elle, Erryn, écrasée sous le poids d'un homme dont la gorge venait d'être ouverte par le poignard qu'elle tenait dans la main.

Kayla regarda son amie, les yeux écarquillés.

« Il est mort, souffla-t-elle dans un haut-le-cœur. Tu... Tu l'as tué.

– C'était lui ou nous.

– Mais il est mort... Et tout ce sang. Son sang... »

Elle se frotta compulsivement les mains contre la poitrine, comme pour effacer le souvenir du sang qui l'avait recouverte.

« Kayla, je sais que tu n'aimes pas ça et que cela fait ressurgir des souvenirs douloureux, mais je n'avais pas le choix.

– On a toujours le choix !

– Drôle de façon de me remercier de t'avoir sauvé la vie, se renfrogna Erryn.

– Tu sais bien que je t'en suis reconnaissante. Seulement... Je déteste la mort plus que tout et je n'aime pas l'idée que l'on tue pour moi. J'aurais aimé qu'il y ait un autre moyen.

– Je n'aime pas ça plus que toi et tu le sais. Je ne suis pas fière d'avoir ôté une vie. Mais cet homme ne méritait rien d'autre. Que cela te plaise ou non, la mort est parfois un mal nécessaire. Je ne regrette pas ce que j'ai fait et je tuerai de nouveau – des centaines de fois même – s'il le faut. Ne crois pas une seule seconde que je vais rester passive et supplier encore une fois pendant que l'on assassine quelqu'un que j'aime devant mes yeux ! J'ai déjà perdu suffisamment de monde pour que je me batte pour ceux qui me restent, quel qu'en soit le prix.

– Excuse-moi Erryn, je ne voulais pas que mes paroles sonnent comme des reproches.

– Je suis désolée que tu ai l'impression d'avoir une part de responsabilité dans la mort de cet homme, mais si tu connaissais le poids de ma culpabilité, tu comprendrais pourquoi j'accepte volontiers de payer le prix de mes actions.

– Quelle culpabilité Erryn ? Je ne comprends pas... Tu n'as jamais fait de mal à personne ! Tu n'étais qu'une enfant l'année du Mabôn Sanglant.

– Ma sœur, il y a des choses dont je ne souhaite pas discuter. Pas même avec toi.

– Qu'y a-t-il de pire que le meurtre de dizaines d'enfants ? Je croyais qu'il n'y avait pas de secrets entre nous...

– Je suis désolée », dit à nouveau la jeune femme en se refermant comme une huître.

Kayla avait l'impression de découvrir une tout autre personne que celle qu'elle connaissait. Le visage d'Erryn était plus fermé qu'elle ne l'avait jamais vu. Et il y avait tant de haine dans ses yeux. Toutes ces années, son ennemi était encore lointain, abstrait et inaccessible. Sa colère était froide et calme. Aujourd'hui, elle pouvait le voir. Et elle la brûlait.

« Ce n'est pas comme ça que j'espérais commencer la journée, commenta Erryn après un long silence. Mais puisque tu m'as l'air plutôt en forme, je vais te poser la question tout de suite. Est-ce que tu sais pourquoi on a essayé de te tuer ? Est-ce que tu avais déjà vu cet homme ? Est-ce qu'il a dit quelque chose ?

– Je ne sais pas... Je ne sais pas qui il était, ni pourquoi il s'en est pris à moi.

– Bon, très bien. Si jamais tu te souviens de quoi que ce soit, fais-le savoir. Le Prince viendra certainement t'interroger dans la journée.

– Le Prince ? Mais pourquoi ?

– J'imagine que c'est son rôle de s'occuper de la sécurité dans le palais. De plus, il était là hier soir, c'est lui qui a donné l'ordre de te reloger ici. Bienvenue dans tes nouveaux appartements. Tu vas être ravie, il loge au bout du couloir.

– Au bout du couloir ! Par le Téjas, qu'est-ce que les gens vont penser ? On va croire que nous entretenons une relation, que je suis sa maîtresse. Et s'il ne m'épouse pas... Je vais être déshonorée !

– Hey ! lui dit gentiment Erryn en se rendant compte que sa taquinerie n'avait pas eu l'effet escompté. Ravie de voir que tu as trouvé un problème plus important qu'une tentative de meurtre...

– Ce n'est pas drôle.

– Un petit peu. J'aimerais bien pouvoir te dire que tu te fais des idées, mais ce serait mentir. La cour va bavarder, c'est certain. Il faut que tu les laisses dire et que tu les ignores. Tu es une Princesse ! Qui sont-ils pour juger ? Tu les affronteras la tête haute et si quelqu'un ose une réflexion, fait lui savoir que le Prince n'apprécie pas que l'on indispose sa favorite.

– Je ne pourrai pas supporter leurs regards et leurs murmures...

– Bien sûr que si ! Tu le fais déjà depuis ton arrivée ici. Tu ne te donnes pas assez de crédit. Chaque jour tu traverses les salles sans trembler, tu es forte. L'avantage, c'est que maintenant, tu pourras en plus user de leur crainte ! »

Kayla lui adressa un regard peu convaincu. Erryn ne voyait jamais de problèmes où que ce soit. Avait-on été envoyé à des centaines de kilomètres de chez soi, en territoire ennemi ? Pas de problème ! Marchons comme si les lieux nous appartenaient. Risquions-nous d'être considérées comme une femme de petite vertu, animée par la luxure ? Pas de soucis ! Faisons-les trembler à l'idée d'improbables remontrances.

« Que va penser Azar s'il l'apprend ? »

Erryn leva les yeux au ciel et ricana.

« Si cela le dérange, rien ne l'empêche de venir demander ta main au triple galop. C'est ce qu'il aurait dû faire il y a des mois, s'il n'avait pas été assez stupide pour ne pas remarquer que tu crèves d'amour pour lui depuis que nous sommes petits.

– Je ne suis pas amoureuse d'Azar ! s'offusqua Kayla.

– Tu plaisantes, j'espère ? Depuis que je te connais, ce n'est qu'Azar par-ci, Azar par-là'. Si tu ne l'aimes pas, pourquoi ce qu'il pensera de la situation te tracasse autant ? »

Kayla piqua du fard et se leva en soupirant. Elle n'était pas amoureuse de lui, elle accordait simplement de l'importance à son point de vue. Erryn l'imita en déclarant :

« Tu devrais prendre un bain pour te délasser pendant que je vais demander que l'on te porte un petit-déjeuner. Tes femmes de chambre vont t'aider à t'habiller, j'ai des choses à faire ce matin.

– Mes femmes de chambre ?

– Oui, apparemment, elles sont fournies avec les appartements », l'informa la jeune femme en s'habillant.

Rapidement, elle troqua ses vêtements de nuit pour ceux qu'elle avait déposés la veille sur le banc de la coiffeuse et se dirigea vers la sortie.

« Attends ! la rappela Kayla au moment où elle posa la main sur la poignée. Est-ce que tu peux aller prendre des nouvelles de Deepali ? J'espère qu'elle n'a pas eu de complications dans la nuit ».

Erryn acquiesça.

« C'est ce que je comptais faire. Ne t'inquiète pas, je reviens vite ».

Sur ses mots, elle ouvrit la porte et se glissa dans le couloir de sa démarche aérienne.

« Soldats ! » salua-t-elle en passant devant les gardes postés de part et d'autre des lourds battants. Puis la porte se referma et Kayla se retrouva de nouveau seule.

*
* *

Erryn descendit en premier aux cuisines et commanda pour son amie un petit-déjeuner copieux et attrapa un encas pour elle-même. Ensuite, elle remonta en hâte jusqu'à la nurserie en empruntant un chemin détourné. Elle ne souhaitait pas croiser le Prince ou l'un de ses sbires. L'appréhension lui nouait l'estomac et elle redoutait ce qu'elle allait trouver en arrivant. La conversation qu'elle avait surprise n'augurait rien de bon et la jeune femme craignait sincèrement pour la vie de la mère et de l'enfant.

Dans la nurserie, elle ne trouva aucune trace de Deepali, ni de son fils. Elle interrogea les nourrices, mais personne ne put la renseigner.

L'humeur sombre, elle partit à la recherche d'Evander, la seule personne susceptible d'accepter de la renseigner. En espérant qu'il soit au courant de quelque chose.

Elle trouva le soldat non loin des baraquements. La matinée était déjà bien avancée et il se préparait à se rendre à son poste de l'après-midi.

« Bonjour Erryn, la salua-t-il avec un grand sourire. Je ne pensais pas vous trouver ici après toutes vos péripéties d'hier soir... Maintenant, je comprends pourquoi c'est à vous que l'on a demandé d'accompagner la Princesse pour son voyage.

– Je ne vois pas de quoi vous parlez.

– Ne vous faites pas de nœuds à la tête, je suis au courant pour la tentative d'assassinat. Vous êtes sacrément impressionnante pour un si petit bout de femme.

– Je vais essayer de prendre cela comme un compliment..., grinça Erryn. Je croyais que le Prince avait interdit que l'on parle de ce qu'il s'est passé.

– C'est bien le cas. Seulement ceux qui sont affectés à la protection de la Princesse sont au courant. Et je suis de garde tout l'après-midi.

– Est-ce que cela signifie que Kayla sera gardée vingt-quatre heures sur vingt-quatre ?

– Pour sa sécurité, oui. Il y aura en permanence deux hommes devant sa porte, qu'elle se trouve dans ses quartiers ou non. Et sur ordre de Son Altesse Royale, elle sera également accompagnée dans tous ses déplacements, à l'intérieur comme à l'extérieur du palais. Ne ne vous faites pas de soucis, nous savons être discrets et nous n'empiéterons pas sur son intimité, ni sur la vôtre ».

Ils marchèrent en silence quelques instants et Erryn savoura la beauté de l'artère centrale. Elle observa le vol d'un groupe d'aras bleus avant de rompre le silence.

« Est-ce que je peux poser une question ?

– Bien sûr ! répondit le jeune homme, surprit par la requête.

– C'est que je ne suis pas certaine que le Prince souhaite que j'accède à ces informations... Il s'est montré plutôt avare en confidences hier soir.

– Dites toujours.

– Je voudrais savoir si l'homme a été identifié et si on sait ce qui l'a motivé. Est-ce que Kayla est toujours en danger ?

– Je ne suis effectivement pas supposé en discuter » dit-il gêné en passant une main dans ses cheveux courts. « Vous garderez votre langue pour vous ?

– Je serai muette comme une tombe.

– C'était le mari de l'une des femmes qui s'en sont prise au bébé. A priori, ils feraient tous les deux parties d'une ancienne secte qui a causé pas mal de troubles il y a une vingtaine d'années. Officiellement, les Nekams ont été exterminés, mais ce genre d'individus est comme de la mauvaise herbe : on n'en est jamais vraiment débarrassé.

– Mais quel est le rapport avec Kayla ?

– Tout ce que je sais, c'est que c'est d'une manière ou d'une autre lié à leurs superstitions et l'intervention de la Princesse pour protéger le bébé.

– En parlant de bébé, Kayla s'inquiète pour sa santé et celle de sa mère. Est-ce que vous sauriez où les trouver ? »

Elle n'ajouta pas qu'elle-même craignait pour les vies de la jeune femme et de son enfant.

« Je l'ignore, répondit le jeune homme. Je ne l'ai pas revue depuis notre arrivée. Elle devait passer la nuit à la nurserie, vous devriez commencer par chercher là-bas.

– C'est justement ce que j'ai fait, mais je suis tombée sur le Prince qui m'a interdit d'y mettre les pieds. Et quand j'y suis retournée ce matin, je n'ai trouvé aucune trace d'eux et personne ne semblait savoir de qui je parlais... Est-ce que c'est possible que l'on se soit débarrassé d'eux ? demanda-t-elle en prenant garde de ne pas porter d'accusations – elle ignorait jusqu'où allait le dévouement d'Evander.

– Ne te fais pas de soucis pour elle, ils ont probablement été renvoyés dans sa famille ».

Erryn ne répondit rien, frustrée et furieuse de revenir de nouveau bredouille. Rien de tout cela ne l'avançait mis à part, peut-être, les bribes d'informations concernant les Nekams. Elle allait devoir trouver quelqu'un pour la renseigner sur le sujet. Peut-être qu'elle trouverait de l'aide auprès des prêtresses.

Cependant, elle ignorait comment sa requête serait reçue. Pour qu'elles acceptent de partager leurs connaissances avec une étrangère, il faudrait qu'elle montre patte blanche et use de son ancien statut. Or, les relations entre les prêtresses de Morah et leurs sœurs des Cités étaient tendues depuis que la majorité d'entre-elles avaient choisi de prêter allégeance à Thérik et avaient refusé de condamner les exactions du Mâbon Sanglant, dix-huit ans plus tôt. 

Elle décida de ne tenter sa chance après de ses anciennes consœurs qu'en dernier recours.

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