Nakamara se réveilla dans un frisson. Il n'avait pas rêvé de son frère depuis longtemps. Est-ce qu'il le haïssait maintenant à cause de la différence de traitement qu'ils avaient subit ? Il devait pourtant se douter qu'après sa disparition, Nakamara avait aussi subit les même sévices.
Il lui fallut un moment pour être complètement réveillé et se rendre compte qu'il n'y voyait rien. Il y avait un bandeau sur ses yeux. Ses deux bras étaient maintenus attachés derrière son dos et il pouvait sentir que ses jambes aussi étaient immobilisés. La surface molle sous lui semblait être un lit.
Un kidnapping ? Mais comment ? Avec son bras robotique, qui n'avait pas été retiré, il pouvait parfaitement briser les liens, mais il devait d'abord savoir à qui il avait à faire et comment cette personne avait réussi cet exploit.
Il resta calme en essayant de deviner qui cela pouvait bien être cette fois, jusqu'à ce qu'il entende une porte s'ouvrir. Une voix joyeuse s'exclama :
« Ah ! Monsieur Uchiri, vous êtes réveillé ! »
Nakamara n'en revenait pas. Il reconnaissait bien cette voix et cet accent.
« Monsieur Woods ? Devina-t-il.
—..vous... vous m'avez reconnu juste à ma voix ? S'exclama le mannequin à nouveau, vous êtes incroyables !
—Disons qu'il n'y a pas grand monde dans mon entourage actuel qui puisse parler si bien japonais tout en ayant un accent américain.
—Oh, bien sûr. Vous avez quand même bonne mémoire. »
Nakamara sentit le matelas s'affaisser à côté de lui, indiquant que Noni venait de s'asseoir.
« Et donc, devina le PDG, finalement vous m'en voulez d'avoir anéanti cette mafia à votre place, c'est ça ?
—Non ! Tout ce que je vous ai dit était la pure vérité ! Je ne mentirais jamais à mon idole ! »
Nakamara grimaça. Il n'avait pas beaucoup de fans, ou plutôt, il n'en avait jamais rencontré avant, et il avait fallut qu'il tombe sur un fan obsessionnel.
« Merveilleux, souffla Nakamara avec agacement, j'aimerais juste savoir comment.
—Comment quoi ?
—Comment vous avez passer le système de sécurité dernière technologie créé par mes soins, les chiens, les cochons, les oies et mon majordome.
—Oh, bien sûr ! Tout ça est fait pour empêcher les intrus d'entrer, mais vous pouvez toujours sortir.
—...développez.
—Je n'ai pas eu besoin d'aller vous chercher, vous êtes venu tout seul. »
Il senti les griffes se glisser dans ses cheveux, dans une douceur menaçante.
« Je ne serais jamais venu vous voir de mon plein gré, grimaça Nakamara, et encore moins pour me faire ligoté. Au dernières nouvelles, votre pouvoir consiste simplement à contrôler... l'encre...
—Pas n'importe quelle encre, répondit la voix enjouée de Noni, je contrôle mon sang. Qui est fait d'encre. Mais ça, c'est uniquement ce que j'ai dévoilé au recensement.
—Tien donc...
—Hehe... »
La main de Noni se retira des cheveux de son prisonnier pour se poser sur celle, toujours tachée d'encre, de Nakamara.
« Lorsque mon sang entre en contact avec la peau de quelqu'un, expliqua-t-il sur le ton de la confidence, ça ne partira pas avant vingt-quatre heures. Et durant ce laps de temps, dès que la personne tâchée perds connaissance, s'endort par exemple, j'ai la possibilité de contrôler son corps.
—Par pitié dites moi que vous n'avez rien fait de bizarre avec... »
Le mannequin se contenta de rire. Il posa sa main sur l'épaule du plus âgé et se pencha sur lui.
« Je suis tout de même curieux, chuchota-t-il, vous paraissez vraiment calme, monsieur Uchiri. N'importe qui serait paniqué, dans votre situation.
—Vous croyez vraiment que c'est la première fois ? Gronda Nakamara, vous pensiez être original ? Même avant d'être connu comme Experion, j'étais toujours un Uchiri. La famille la plus riche du monde. Vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui espère s'enrichir à moindre effort.
—Hm... mais vous êtes là, donc les rançons ont été payées. Moi je ne demande aucune rançon.
—Payées ? »
Cette fois Nakamara éclata de rire. Noni se redressa et se recula, de surprise.
« Vraiment, monsieur Woods, se moqua Nakamara en tirant un peu sur ses liens, mon père n'en avais rien à faire. Vous devriez renoncer, me détacher et vous excuser maintenant. Avant de le regretter.
—Non, non, non, marmonna Noni, je vais juste vous injecter des somnifères, tant que vous êtes inconscient, je ne risquerait rien...
—Oh... Monsieur Woods... je ne parlais pas de moi. »
Noni fronça les sourcils, lorsqu'un grand fracas le fit sursauter. Il n'eut même pas le temps de se retourner vers la porte, il fut plaqué au sol, une douleur aiguë dans son bras droit.
Il lui fallut quelques secondes pour comprendre, surtout en voyant son bras retomber devant lui, complètement détaché de son corps. Un deuxième coup dans son dos le fit hurler. Il arriva à regarder en arrière, voyant que celui qui le maintenait au sol n'était autre que Matsuura Thoki. Il avait un regard meurtrier, terrifiant. L'encre l'avait éclaboussé et il levait au-dessus de sa tête un hachoir à viande couvert du liquide noir.
« Thoki. »
Le majordome arrêta son geste pour lever la tête. Nakamara s'était détaché sans mal et retirait le bandeau sur ses yeux.
Noni poussa un cri, de rage et de douleur. Son sang d'encre se durcit et transperça Thoki de part en part. Mais Thoki n'échappa pas un gémissement. Il baissa les yeux sur Noni et arracha le pic d'encre planté dans sa poitrine comme s'il s'agissait d'une simple écharde.
Le mannequin sentit à ce moment un pied s'abattre violemment sur sa tête.
« Je t'ai laissé une chance, déclara Nakamara, je t'avais dis que tu allais le regretter. »
Le commissaire et ses hommes entrèrent peu après. Kimoto réprimanda Thoki pour son excès de rage mais se contenta d'arrêter Noni, en lui passant un suppresseur.
Le bras mécanique de Nakamara était doté d'une puce GPS. Ayant trouvé la chambre vide, Thoki avait immédiatement cherché le signal et courut hors du manoir pour rejoindre l'emplacement indiqué. Il avait également envoyé l'information au commissariat.
Nakamara fit un rapport de ce qu'il s'était passé à Kimoto, avant de suivre son majordome jusqu'à la voiture et retourner au manoir.
« Tu t'es encore laissé emporté, accusa Nakamara durant le trajet.
—Je sais... marmonna Thoki, je suis désolé...
—Au moins cette fois, tu ne l'a pas tué.
—...vous refusiez de me voir pendant deux mois complet.
—J'avais six ans. Tu m'avais bien plus terrorisé que les kidnappeur eux-même.
—Je suis désolé. »
Nakamara soupira. Lorsqu'ils arrivèrent enfin, il rejoignit Thoki aussitôt sorti de la voiture pour l'enlacer et lui donner un baiser.
« Je vais reprendre un bain, déclara-t-il, tu en a bien besoin aussi.
—Il a dit que les tâches resteraient vingt-quatre heures.
—Raison de plus pour que tu ne me lâche pas d'une semelle. »
Thoki esquissa un sourire amusé et rassuré. Il rendit son étreinte à Nakamara et entra avec lui dans la demeure.