- Vas-tu enfin me dire où tu m'emmènes ?
Suite au départ de Kyrian, elle s'était faufilée dans la salle de bain. A peine une demie heure plus tard, elle était fin prête.
- Tu verras, répondit-il.
Kyrian était au volant. Elle en profita donc pour observer le paysage. La vue était vraiment magnifique. Le ciel était d'un bleu éclatant, des volutes de nuages fins tourbillonnaient, poussées par une légère brise. Elle pouvait voir des arbres au feuillage verdoyant, des massifs fleuris dans certaines allées. Elle ne trouvait aucun mot pour décrire le spectacle qu'elle avait devant les yeux. Dire qu'elle n'y avait jamais fait attention jusqu'ici, par manque de temps sans doutes.
- Abrège mes souffrances, je t'en pris, et dis moi où nous allons, le supplia-t-elle.
- Regarde à ta gauche.
Elle lui obéit, et fut surprise par ce qu'elle voyait.
- Un terrain de foot ? Après tout le cinéma que je t'ai fait sur ce sport, tu veux quand même me voir jouer ?
- Absolument. C'est justement parce que tu m'as fait tout ce cinéma sur ce sport que je t'emmène ici.
- Et quant à toi, mon cher Kyrian, on va enfin voir si tu es aussi doué que tu le prétends.
- De ce côté là, il n'y pas de quoi s'inquiéter. La bonne question serait plutôt si toi tu sais jouer.
- Oh, ne t'inquiètes pas pour ça, répondit-elle.
Du coin de l'oeil, il vit qu'elle souriait. Que lui cachait-elle donc ? Devrait-il s'attendre au pire la concernant ?
*
**
***
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Une fois arrivé sur le terrain, il se plaça directement dans la cage de but et lui lança le ballon, qu'elle rattrapa sans aucune difficulté.
- Va s'y, lui lança-t-il. Je te laisse commencer. Ça doit sûrement être la première fois que tu joues, et je ne voudrais pas que tu souffres de ton infériorité face à moi. Donc je vais essayer de...
Profitant de ce que son protégé déballait son arrogance, elle frappa le ballon aussi fort qu'elle put. Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle venait de marquer un but.
- Tu disais ? demanda-t-elle avec un brin d'innocence.
- Je croyais que tu ne savais pas jouer.
- Ce n'est pas parce que je n'aime pas ce sport, que je ne sais pas jouer. Mon père m'entraînait quand j'était petite.
- Quel miracle ! Il y a enfin une activité dans laquelle tu excelles, plaisanta-t-il.
- Je suis aussi douée au foot-boules, alors ne me provoque pas.
Ils éclatèrent de rire, et échangèrent leur place. Puis, voyant qu'il commençait à retirer ses chaussures, elle fronça les sourcils d'étonnement.
- Mais...que fais-tu ?
- Je croyais que tu n'étais qu'une novice. Je faisais tout pour te rendre le jeu plus facile, mais maintenant, on va corser un peu les choses. Strip-foot ? Tu connais ?
Stupéfaite, elle écarquilla les yeux.
- Un strip... quoi ? Ici ? Sur un terrain public ? Mais tu es complètement fou !
- Ne t'en fais pas. Rare sont les gens qui viennent ici à cette heure. Et puis, si tu joues bien, c'est moi qui me retrouverait entièrement nu. Ton voeux le plus chère va se réaliser.
À peine eut-il terminé sa phrase qu'il shoota dans le ballon qu'elle n'eut le temps d'attraper et marqua un but.
- Ou le mien. Après tout, je n'ai toujours pas vu ton fameux tatouage. Allez, déshabille toi ma douce.
- Espèce d'obsédé, ria-t-elle. Très bien, je veux bien jouer à ton stupide jeu...
"...mais avec mes règles", précisa-t-elle pour elle.
Alors elle retira une de ses boucles d'oreille et attendit patiemment l'attitude de son protégé.
- Tu te moques de moi là ? cria-t-il. Commence au moins par le haut.
- Ecoute, Kyrian. J'ai un jean et un simple haut. Et chaque chaussure compte pour un but. Alors il te faut marquer encore cinq buts si tu veux vraiment me voir en sous-vêtements, ce qui, bien sûr, n'arrivera pas. Mais j'avoue que cela me tente de voir jusqu'où es-tu prêt à aller.
- Ne me sous-estime pas, femme. Sache que j'arrive toujours à mes fins.
Ils commencèrent donc à jouer. Ils enchaînaient buts après buts, mais il était hors de question pour Amélia de se retrouver nue, même pour le plus grand plaisir de Kyrian. Après plus d'une heure de jeu, et plusieurs tentatives de buts, elle portait toujours son jean et son soutient. Kyrian, quant à lui, ne portait plus que son caleçon. Sa peau était luisante de sueur, ce qui n'était pas pour déplaire à Amélia, qui, depuis le début, ne cessait d'admirer sa peau halée, bronzée, ses muscles et ses abdominaux bien dessinés, le tatouage à son bras... Son caleçon le moulait à la perfection, révélant de fines cuisses musclées. Il ne lui manquait plus qu'un but à marquer pour enfin admirer ce qui se cachait plus bas et...
"Mais cesse donc de penser à ça !" se sermonna-t-elle.
Elle pouvait tout aussi bien rater son but, et c'est elle qui se retrouverait à la merci de ce bel Apollon. Et il était hors de question d'en arriver là. Il fallait adopter une toute autre tactique.
- Heu, Kyrian, on pourrait faire un match à trois points maintenant ? Qu'en penses-tu ?
- Est-ce de la peur que je sens ? Je te savais exigeante, nulle en cuisine, mais pas lâche.
- Lâche ? Moi ? Pas du tout. Mais si tu ne me crois pas, on peut aussi bien tout arrêter.
- Hors de question ! Va pour le match. Mais...
Oh non ! Une condition ! Venant de Kyrian, elle aurait du s'en douter. Qu'allait-il lui demander qu'elle allai regretter par la suite ?
- Quand je gagnerais, tu devras avouer que tu rêvais de moi.
- "Quand" tu gagneras ? Tu veux dire "si" tu gagnes !
Ils marquèrent chacun deux buts. C'était maintenant au tour de Kyrian de jouer. Il posa le ballon à terre, au niveau du point de penalty, se plaça légèrement derrière lui, prit un court élan et shoota aussi fort qu'il pu. Mais, ce ne fût pas dans la cage que celui-ci atterrit.
- Aïe ! Mais tu te moques de moi ? cria Amélia. Dans le visage ! J'étais sûre que tu ne savais pas viser, mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Oh, je suis bonne pour avoir un beau bleu demain.
- Je dirais plus un oeil au beurre no...
Elle lui lança tel regard qu'il ne put achever sa phrase.
- Oh je t'en pris, ce n'est pas le moment, dit-elle.
- Allez, viens. Rhabille toi. On rentre et on va mettre un peu de glace dessus.
Sur le chemin du retour, pour le plus grand malheur d'Amélia, ils croisèrent Jonathan. Elle ne pu retenir un juron. Son meilleur ami avait toujours un quelconque remarque à dire, quelque soit le sujet. Aussi, lorsqu'il vit son oeil, il ne put s'empêcher de commenter.
- Amy ! Soit tu as fait de la boxe avec Kyrian, soit tu devrais changer la marque de ton anti-cernes. Que s'est-il passé ? Je veux tout savoir.
- Ça ne te regarde pas Jonathan !
Mais, visiblement, tous deux ignorèrent son intervention.
- Et bien, vois-tu, Jonathan, il fallait lui apprendre à vivre, plaisanta Kyrian. Elle ne voulait pas respecter le mâle. Quand je dis "femme je veux à manger", il faut me donner à manger sur le champ.
Ils éclatèrent tous de rire, à l'exception d'Amélia. Cela eut un effet immédiat sur son humeur déjà maussade.
- Ah oui ! Et bien la femme battue va tout de suite se chercher un avocat. Qu'est-ce que vous dites de ça, messieurs ? Sur ce, excusez moi, je retourne chez moi attendre que le "mâle" me batte à nouveau.
Elle joignit le geste à la parole et rentra chez elle. Après avoir salué Jonathan, Kyrian la rejoignit. L'humeur changeante d'Amélia le déstabilisa quelque peu. Jamais il n'aurait pensé qu'elle réagirait si mal à sa plaisanterie. Il éprouvait une douleur profonde à la simple idée de l'avoir blessée. Des remords l'assaillirent et il ne s'en délivrerait qu'en voyant un nouveau sourire sur son visage.
- Amélia, si je t'ai vexée, je m'en excuse. Je...
- Non Kyrian, le coupa-t-elle. C'est moi qui me suis emportée. Je sais bien que Jonathan et toi vous plaisantiez. C'est la fatigue, sans doutes
- La fatigue ? Mais tu as dormi toute la journée, littéralement !
Du coin de l'oeil, il vit qu'elle se retenait de sourire.
- Que veux-tu ? Tu me fatigues de jours en jours, dit-elle.
- Je ne fais que mon boulot.
- Et tu excelles dans l'art. Bien, tu veux faire quoi ? On regarde un film ?
- Je croyais que tu étais fatiguée.
- Pas à ce point. Il faut profiter d'un tel samedi soir. On prend une douche - séparément j'entends - puis on se met un film ?
Il acquiesça d'un hochement de tête, ne désirant pas la contrarier. À peine quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent sur le canapé, face à un film pour lequel ils étaient pour la première fois tous deux d'accord.