Loki parcourait la bibliothèque de la Grande Maison pendant que les jumeaux prenaient leur collation.
L'été avait laissé place à l'automne sans qu'ils ne s'en aperçoivent.
Lorsqu'il avait passé le week-end à New-York, le dieu avait profiter pour concrétiser ses plans avec Stark. Celui-ci fut de bon conseil et lui avait présenté des personnes dont le milliardaire se portait garant. L'avantage d'être le Dieu de la Malice était que les midgardiens n'avaient pas forcément envie de le duper et il avait fait en sorte que l'idée même d'y songer les terroriserait.
À peine étaient-ils rentré de ce voyage que Jeanne avait reçu plusieurs appels d'une éventuelle personne intéressée par Ramsès God. Il avait caché sa satisfaction, mais avait fait mine d'être ennuyé par ces informations. La lycane l'avait étudié intensément, il avait supprimé de son esprit toute référence au cheval ainsi que tous ses plans pour lui et avait abaissé ses barrières mentales. Jeanne s'était rué dans son esprit mais n'avait rien trouvé. Il pouvait voir à son air contrarié qu'elle voulait écarter tout soupçon.
Un mois plus tard, Jeanne était revenu à la charge. Elle avait effectué des recherches approfondies sur la société qu'il avait créé avec l'aide de Stark. Il était à la bibliothèque en train d'inventorier une énième caisse quand elle y avait déboulé furieusement en lui jetant un dossier sur sa table de travail.
— J'espère que tu n'as rien à voir là-dedans, avait-elle grondé.
— Jeanne, avait-il soupiré, faussement agacé. Qu'est-ce que j'en ai à faire de ton cheval ?
— Je sais que tu l'aime bien. N'ose pas me dire le contraire.
— Je ne m'en cache pas, avait-il répondu en parcourant les documents.
Jeanne s'était bien renseignée. Certificat de création, statut de la société, mandat de représentation, lien financier avec Stark Industries, malgré l'usage de diverses sociétés-écrans. Tout y était. Sauf la preuve irréfutable qu'il y était mêlé de près ou de loin. Le travail avait été bien fait. Pas si mauvais que ça les midgardiens, en fin de compte.
— Alors explique-moi pourquoi tout coïncide avec notre voyage à New-York ?
— Parce que l'univers est truffé de coïncidence, avait-il répondu légèrement narquois en se carrant au fond de son fauteuil.
— Loki ! Ne me prends pas pour une idiote !
— Ce n'est nullement mon intention. Mais dans ce cas, il n'y a aucun lien avec moi. Peut-être que Stark a voulu se lancer dans les chevaux de courses ? Ou peut-être qu'une de ses connaissances était intéressée ?
— D'accord et comment cette écurie sortie de nulle part aurait été au courant pour Ramsès ? avait-elle répliqué, toujours suspicieuse.
— N'en as-tu pas parler à Stark lors de votre danse ? avait-il dit, légèrement acerbe et (devait-il le reconnaître) jaloux.
Il vit le corps de Jeanne se tendre devant lui, alors qu'elle encaissait sa vague de jalousie. Elle le scrutait, étudiant la moindre de ses réactions alors que son esprit fouillait en même temps les souvenirs de leur discussion.
— Tu as raison, avait-elle finalement reconnu.
— Je n'y connais rien à ce milieu et tu le sais... Et peux-tu m'expliquer comment j'aurai pu trouver les cinquante millions de dollars qui ont servi au capital de la société ? Avec le lien, tu l'aurais forcément su, s'était-il dédouané.
La lycane eut un sursaut mais elle se repris bien vite.
— Comment sais-tu ce qu'est un capital de société si tu n'y connais rien ? avait-elle enchaînée, ses yeux se transformant en deux fentes méfiantes
Loki s'était giflé intérieurement pour cette bourde et le faisait encore en y repensant.
— C'est écrit dans tes documents et pour ton information j'ai géré un royaume pendant quelques années, j'ai donc quelques connaissances de bases.
La colère de Jeanne était aussi brulante qu'un soleil bleu. La petite flamme de fureur dansant dans ses yeux, lui en avait dit beaucoup plus que le lien. Il lui avait adressé l'expression la plus innocente qu'il put et son oméga avait mordu à l'hameçon.
— Que je n'apprenne pas que c'est toi qui es derrière tout ça, l'avait-elle menacé. Tu sais que j'ai besoin de cette vente.
— Je le sais et as-tu eu des offres qui te convienne ?
Il avait lancé cette question, l'air de rien mais il connaissait déjà la réponse.
— Oui, avait-elle craché en lui arrachant le dossier des mains. Voilà pourquoi j'ai enquêté sur la IRP's Line Stud ou International Racing People's Line Stud pour son nom entier. Quel nom débile !
Jeanne n'en avait pas dit plus, repartant aussi furieuse qu'à son arrivée. Quand elle avait claqué la grande porte de la bibliothèque. Loki n'avait pu retenir un sourire triomphal. Son plan s'était déroulé à la perfection. Il s'était douté que son oméga fouillerait. Stark avait été un allié judicieux pour cacher l'identité réelle du propriétaire de la IRP's Line Stud. Il avait poussé le vice dans son subterfuge quand il avait fallu donner un nom à cette société. Qui mieux qu'une anagramme d'un certain animal aurait pu représenter l'écurie. Jeanne ne l'avait pas remarqué et cela l'amusait d'autant plus.
Quelques membres du projet Bi-As l'observaient alors qu'il riait tout seul.
— Quoi encore ?
Tous avaient disparu comme une envolée de moineau, retournant à leurs tâches sans demander leur reste.
Le premier week-end d'octobre était arrivé et le prix de l'Arc de Triomphe avec. Sans surprise, le grandissime favori donné ce jour avait gagné le championnat du monde des Pur-Sang. Ramsès God avait ébloui tout ceux qui étaient présent.
Jeanne était présente ainsi que toute sa famille « encore en vie », ce qui comprenait les jumeaux et Loïk Leyfawson, l'alter-égo humain du dieu. La lycane avait fait remarquer à Loki qu'elle était déçue de n'avoir toujours pas rencontré le nouveau propriétaire de Ramsès. Celui-ci ne semblait pas avoir fait l'effort d'avoir fait le déplacement pour cette journée et pourtant il avait accepté toutes les conditions qu'elle avait exigées sauf celle concernant les couleurs sous lesquelles courrait Ramsès God lors de cet évènement ; Jeanne avait espéré que Ramsès représenterait une dernière fois les écuries des loups ; mais non, il avait envoyé son secrétaire le représenter et cela faisait enrager la lycane pour ce manque de professionnalisme.
Charline était sortie au même moment des balances avec les couleurs de la IRP's Line Stud, casaque et manches noir ayant des coutures grenat et le nom de l'écurie dans le dos ainsi qu'une toque écartelée noire et grenat, ce qui avait coupé court au mécontentement de Jeanne.
Malgré une altercation entre le crack et un autre de ses concurrents avant d'entrer dans les boites et un faux-départ, la course avait été lancé. Ramsès God avait pris un très mauvais départ, le poulain avait trébuché deux fois en sorti de stalle et il s'était retrouvé distancé en l'espace de quelques mètres.
— Il y a un problème, un gros problème, lui avait dit Jeanne en se rongeant les ongles. Il faut que Ramsès finisse dans les trois premiers pour que je touche l'intégralité du prix de la vente.
Loki l'avait rassuré mais la lycane l'avait violemment rabroué.
Ramsès s'était ressaisi et avait filé comme le vent en étant à une bonne quinzaine de longueurs du dernier des concurrents. Jeanne avait angoissé chaque seconde de cette course. Ramsès God avait couru à fond de train pour rattraper son retard et était entré dans la dernière ligne droite tout à l'extérieur en cinquième position, en ayant parcouru une énorme distance supplémentaire comparé à ses concurrents.
Et pourtant.
Tous ont pu assister à sa supériorité. Le poulain s'était encore étendu et avait encore accéléré à la demande de sa petite cavalière. La foule avait crié, s'était exalté, s'était tu quand il avait à nouveau trébuché et l'avait encouragé d'une seule voix quand il s'était relancé. Il avait remonté ses adversaires comme un boulet de canon, les annihilant un par un. Ramsès était le courage incarné, la bravoure, la force. Le roi de tous ces rois et reines du jour. Il avait franchi la ligne d'arrivée avec quatre longueurs d'avance.
Dans les tribunes, Jeanne avait explosé de joie. Elle avait sauté au cou de Loki et l'avait embrassé avec effervescence. S'étant laissé prendre dans le tourbillon d'émotion qu'elle lui avait fait ressentir, il n'avait pas surveillé ses pensées. Jeanne s'était reculé brutalement.
— C'est toi ?! s'était-elle étranglée entre fureur et joie. C'était toi depuis le début !
— Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, lui avait-il répondu avec un sourire narquois.
— C'est toi, le propriétaire de la IRP's Line Stud ou devrai-je dire la Sleipnir Stud, l'avait-t-elle accusé tout en étant estomaqué.
Il n'avait pu se retenir plus longtemps.
— Ce n'est pas moi le propriétaire de la IRP's Line Stud.
— Comment ça ce n'est pas toi ?
— Enfin c'est moi, mais pas que.
Jeanne l'avait assassiné du regard pour qu'il s'explique très rapidement.
— J'ai quarante-neuf pour cent des parts, Stark en détient deux et les quarante-neuf dernières ... t'appartiennent.
Son oméga se retrouva assommée. Cela n'avait duré qu'un instant, car tout un tas de question avait commencé à germer dans sa petite tête.
— Mais ... Comment ? ... Et les fonds ? ... Je vais faire comment maintenant ?
— J'ai déjà réglé notre dette auprès de Stark. Ramsès nous appartient et restera aux écuries.
— Mais ...
— Ceci est mon affaire, l'avait-il coupé avec arrogance. Et j'espère que nous aurons un retour sur investissement.
Jeanne avait ri aux éclats avant que tous ne viennent les féliciter. Le poulain était boiteux lors de son apparition dans le rond de présentation. Jeanne s'était précipitée pour l'ausculter. Il avait une petite coupure à l'antérieure gauche et un de ses fers avait tourné, le pinçon s'enfonçant dans son pied. Tout ceci expliquait ses trébuchages et rien n'était grave. Un peu de repos et de la surveillance et Ramsès pourra retourner à l'entrainement.
Jeanne rejoignit Loki et ils reçurent leur prix ensemble.
Loki chérirait longtemps cette journée.
Soudain un bruit assourdissant se fit entendre à l'extérieur, le tirant de ses agréables souvenirs. Il s'approcha de la fenêtre et ce qu'il vit le terrifia. Les arbres autour de la maison étaient secoués par de violentes bourrasques. Un vaisseau en forme de cercle s'était mis en vol stationnaire et faisait descendre des créatures qu'il ne connaissait que trop bien. Son sang se figea immédiatement, il savait exactement pourquoi ils étaient là. Retournant à la cuisine, il n'y vit pas les jumeaux.
— Théo, Josh, appela-t-il.
Pas de réponse. Il sortit de la maison et les aperçut sur le perron.
— Les jumeaux, les héla-t-il à nouveau sa voix trahissant son inquiétude malgré lui.
Ils se retournèrent vers Loki avec un grand sourire.
— Ce sont des amis à toi ? demanda Josh.
— Absolument pas, gronda Loki en fronçant les sourcils.
Les enfants perdirent immédiatement leur sourire, et se mirent à trembler. Ils avaient compris le danger au visage tendu du dieu.
— Ecoutez-moi bien, dit-il en s'abaissant pour être à leur hauteur, avez-vous les dagues que je vous ai offert ?
Les deux petits remontèrent leurs manches pour les lui montrer.
— Très bien, vous allez vous cacher dans la maison et ne faire aucun bruit. Vous ne devez pas y bouger tant que moi ou votre mère ne vienne vous récupérer. D'accord ?
Les enfants ne bougeaient pas, toutes couleurs avaient disparus de leurs frimousses.
— Est-ce bien compris ?
— Et ... Et ... si c'est eux qui viennent ? demanda Théo la voix tremblante.
— Alors vous vous défendez comme les petits démons que vous êtes, répondit-il se forçant à sourire pour les rassurer. Maintenant, allez-vous cacher !
Les enfants partirent sans demander leur reste. Loki se tourna vers la forêt où venait d'apparaître Thanos ainsi que Corvus Glaive. Il s'avança dans le jardin en espérant qu'ils ne s'approchent pas trop de la maison et surtout des jumeaux. Essayant en vain de contacter Jeanne par télépathie, il devait se trouver hors de sa portée. Dans tous les cas, elle avait dû ressentir la peur lui tenailler les entrailles. Il composa son visage sans peurs ni reproches.
— Ainsi, tu es toujours en vie, s'adressa Thanos à son intention, et surtout libre. Je pensais que cette misérable planète te tuerait si tu y revenais.
— Me croyais-tu si bête pour ne pas être capable de m'en sortir ? dit-il sarcastique. JE suis un dieu ! Ne l'oublie pas !
Le visage de Thanos se crispa un instant.
— Loki, tu sais pourquoi je suis là. Alors donne-le-moi qu'on en finisse rapidement.
— Je ne l'ai pas, il a été détruit avec Asgard, répondit-il étonné de la force avec lequel il mentit.
— Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas possible. Je l'ai recherché pendant des mois dans les poussières de ton monde. Il n'y avait rien. Alors je l'ai cherché ... autrement, dit Thanos en avançant un peu dans la lumière.
Loki fut parcouru d'un frisson, les souvenirs des traitements infligés remontant à la surface. Il déglutit difficilement mais il ne pouvait pas se permettre de céder, il avait trop à perdre aujourd'hui par rapport à cette époque, alors il détourna la conversation.
— Dis-moi Corvus, ta femme est trop fière pour se montrer à côté de ta sale face ?
Celui-ci ne répondit pas mais affichait un sourire malsain. Loki se retourna immédiatement alors que des cris provenant de la maison s'élevèrent.
— Non, je préférai récupérer un petit quelque chose, s'écria la voix de Proxima qui tenait les jumeaux par les bras.
— Lâche-nous espèce de monstre à corne, cria Josh.
— Parle encore une fois, horreur, et je t'ouvre la gorge, lui rétorqua-t-elle.
Joshua glapit avant de se taire. Loki bouillait de rage, il ressentit à ce moment la peur panique de Jeanne qui lui revenait.
Jeanne, occupée à faire un trotting avec Barricade, se demandait ce qui faisait un tel bruit avant de ressentir la terreur qui prenait Loki. Arrivant à une clairière, elle aperçut le vaisseau en forme de disque. Son cœur se figea dans sa poitrine. Il se trouvait au-dessus de la maison de la famille où Loki devait être à cet instant avec les jumeaux. Elle lança Barricade au galop afin de les rejoindre au plus vite.
Pendant sa folle chevauchée à travers bois, son sang se glaça en réponse à la peur mêlée de rage que son alpha éprouvait. Ils étaient en danger, elle en était certaine. Elle talonna l'étalon qui allongea encore plus sa foulée.
Débouchant sur la clairière de la maison, la situation qu'elle trouva la rendit à la fois furieuse et épouvantée. Ses enfants étaient entre les mains de deux monstres, un couteau sous la gorge, alors qu'un autre violet faisait chanter Loki. Elle les reconnaissait, c'était eux qu'elle voyait quand le dieu cauchemardait. C'était lui qui l'avait ensorcelé, exacerbant sa haine envers son frère et la terre pour qu'il attaque. Elle arracha sa chaine en argent, et ne prenant pas la peine de ralentir Barricade derrière Loki, elle sauta par-dessus ce dernier en se transforma en lycan prête à réduire en pièce ceux qui s'en prenait à sa famille.
— Maman ! hurlèrent les jumeaux pleurant de frayeur.
— Qu'est-ce qu'il nous veut ? pensa-t-elle en adressant un regard à Loki.
— Le Tesseract, répondit celui-ci par télépathie sans quitter Thanos des yeux. C'est lui ...
— Je sais, coupa Jeanne, je les ai vus dans tes cauchemars.
Loki lui adressa un regard malheureux.
— Depuis quand le sais-tu ?
— Depuis la nuit de notre marquage ! rétorqua-t-elle fébrile de voir ses jumeaux en si grand danger. On en rediscutera après. ... Le Tesseract a été détruit avec ...
Ce qu'elle vit dans l'esprit de Loki la coupa nette dans sa pensée. Il l'avait avec lui depuis le début.
— Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? vociféra-t-elle en lui tout en poussant un grognement rageux.
La colère que Loki perçut de Jeanne lui indiqua qu'il n'avait pas le droit à l'erreur sur ce conflit et la culpabilité découlant de ce secret l'envahit. Il comprit ce que Murtagh lui avait dit des mois auparavant, une louve protège toujours ses petits. Alpha ou pas, elle n'hésiterait pas un seul instant à le sacrifier pour sauver ses enfants.
Jeanne s'était mise à faire des allers-retours devant lui, ses poils formant une crête sur son dos, la tête au ras du sol, les babines retrousser, découvrant ses crocs acérés. Son grognement rauque résonnait dans la clairière. Si les yeux de Jeanne pouvaient tués, ils seraient tous mort en cet instant, lui comprit. Elle était terrifiante. Son esprit fonctionnant à mille à l'heure, Loki avaitt du mal à échanger avec elle pour trouver un plan à mettre à exécution. Elle était beaucoup trop en colère contre lui mais surtout contre ceux qui avaient pris ses enfants en otage. Sa rage se déversant dans ses veines était comme une nouvelle forme d'énergie, à la fois destructrice et bienfaitrice.
— Je vois que tu t'es enfin trouvé quelqu'un sur qui exercer un peu de ... pouvoir, provoqua Thanos de l'autre côté de la clairière. Une bête tel que toi n'en mérite qu'une autre et je vois que tu t'es même reproduit, continua-t-il en montrant les jumeaux, en sachant pourtant quel était mon grand projet pour l'univers. Donne-moi le Tesseract, et il ne sera rien fait à tes enfants.
Proxima appuya sur la gorge de Josh où un filet de sang s'écoulait. Jeanne aboya et grogna de plus belle faisant passer sa langue sur ses dents encore plus menaçante qu'elle ne l'était déjà. Loki, lui, muta sous sa forme jötunn en réponse au déferlement de rage de son oméga. Ils ressentirent leur lien se faire plus fort que jamais.
— Ce ne sont pas les miens, mais ce sont les siens, dit Loki sourire carnassier aux lèvres, et là, tu viens de signer ton arrêt de mort. Un ami m'a donné ce conseil fort judicieux. Une louve protège toujours ses petits au péril de sa vie.
Thanos ria, méprisant, à cette réflexion. Jeanne se mit debout en poussant un hurlement puissant qui résonna dans toute la forêt. Elle appelait les siens, Loki l'avait ressenti à travers son corps. Il fallait qu'ils gagnent du temps. La lycane cherchait un moyen de libérer ses enfants à tout prix.
— Donne le Tesseract et il ne sera rien fait aux enfants ... enfin pas tout de suite.
Jeanne fit quelques foulées vers Thanos, grondant plus fort encore, sa crête hérissée à son maximum. Sa respiration était saccadée, elle n'arrivait pas réfléchir correctement. Si cela ne tenait qu'à elle, elle serait déjà sur ce monstre à lui arracher la gorge avec ses crocs. Son corps vibrait de vengeance. Elle plantait ses griffes dans la terre, se retenant difficilement d'en découdre immédiatement. Loki réussit à mettre un plan sur pied, il voulait créer une diversion pour Thanos en faisant apparaître le Tesseract. Jeanne lui ordonna de faire ce qu'il fallait pour mettre ses enfants en sécurité. Il lui répondit que ça n'allait pas lui plaire.
— Très bien, céda faussement Loki, je vais te le donner.
Il fit apparaître le Tesseract dans sa main droite. Thanos eut le regard immédiatement attirer vers le cube. Le dieu en profita pour faire un signe discret aux jumeaux de sa main gauche. Ceux-ci ayant reconnu le code qu'ils avaient mis en place lors des entraînements enclenchèrent le mécanisme pour libérer leurs petites dagues de leurs manches.
Jeanne fut surprise de voir ses enfants avec ce genre d'armes. Elle lança rapidement une pensée à Loki qu'il allait devoir aussi en discuter. Celui-ci répondit par un "quel est le problème ?".
Des cris attirèrent à nouveau son attention. Les jumeaux avaient profondément planté dans les bras de leurs agresseurs les dagues. Ceux-ci relâchèrent leurs prises et dans une pirouette parfaitement exécuter les enfants se libérèrent.
Loki était fier de leur avoir montrer cette technique de défense.
Jeanne restait mitigée de voir Théo et Josh capable de faire ce genre de chose. Alors que les garçons couraient vers eux poursuivis par les deux agresseurs rageux, Jeanne franchit en quelques bonds la distance entre elle et les monstres. Elle intercepta Proxima qui allait mettre la main sur Josh. Elle envoya un coup de pattes faisant voler Corvus sur quelques mètres. Cela donna le temps aux enfants d'être hors de portée.
— Fuyez au château, ne revenez sous aucun prétexte, leur hurla Loki qui courait vers la face de gnome en faisant apparaître Gungnir.
Jeanne et Proxima roulèrent au sol, la lycane cherchant la gorge avec ses dents. Proxima se défendait bien mais Jeanne sentait qu'elle avait le dessus entre ses dents et ses quatre pattes pourvus de griffes, elle était plus lourdement armée. Elle avait aussi une corpulence et un poids plus important que son adversaire. Elle sentit une dague se ficher dans son flan avant de griffer le visage de la garce à corne. L'adrénaline beaucoup trop présente dans son corps empêcha la douleur de se répandre. Elle sentit Loki derrière elle qui combattait Corvus.
Ils étaient à armes égales, la fureur de Jeanne mêlée à la sienne, lui donnait une force décuplée. Il para un coup de son ennemi avant de lui esquinter l'épaule. Du coin de l'œil, il vit son oméga neutraliser Proxima en l'envoyant contre un arbre qui se déracina dans un bruit fracassant.
Jeanne se jeta sur Thanos qui l'arrêta sans effort en l'attrapant par la gorge. Loki s'immobilisa en sentant le souffle de son oméga se couper par la force de leur ennemi. Corvus en profita pour lui décocher un coup de lance dans la tempe, qui lui fit perdre l'équilibre et l'orientation. Jeanne poussa un léger glapissement de douleur quant Loki fut touché, mais cela lui donna encore plus d'énergie pour se dégager. De ses puissantes pattes arrière, elle perfora la tunique de Thanos. Ses mains s'occupaient du bras qui la maintenait, l'écorchant à peine. Loki et Jeanne le virent serrer le poing gauche où se trouvait une pierre violette qui les soufflèrent l'un comme l'autre. Thanos attrapa le bras de Jeanne et lui tourna le poignet qui craqua sous la force du titan. Il passa son pouce sur la marque de l'oméga gravé.
— Alors comme ça, tu t'es enfin lié, dit Thanos à l'attention de Loki. Je savais que tu étais issu d'une longue lignée d'Alphas et ... c'est pour cela que je t'ai recueilli. J'aurai préféré que tu lies à une des femmes que je t'ai envoyées mais jamais je n'aurai imaginé que tu lierais à une créature aussi pathétique.
Jeanne poussa un grognement menaçant malgré l'air qui commençait à lui manquer. Elle rageait de la façon dont il la méprisait et qu'il abaissait Loki.
— Donne le Tesseract et elle pourra vivre.
Son oméga lui hurlait par la pensée de ne pas le faire, sa vie étant moins importante que de conserver le Tesseract hors de la portée de ce fou. Il lui retorqua qu'une de ses premières idées avait été de le lui remettre pour sauver Théo et Josh. Elle le reconnut immédiatement mais le supplia de ne pas le faire sachant ce qu'il ressentait pour elle.
Loki quant à lui n'avait qu'une certitude, il ferait absolument tout pour ne pas perdre le seul être lui ayant apporté ce qu'il désirait le plus au monde : une famille. Jeanne avait beau lui ordonné de ne pas le faire. Il ferma son esprit pour contrer les ordres et tendit la main avec le Tesseract à Corvus. Elle lui avait ordonné de ne pas le donner à Thanos mais elle n'avait rien dit concernant les autres.
Jeanne fulminait. Si elle s'en sortait, elle avait bien dit si, elle ferait passer un sale quart d'heure à celui qui se prétendait son alpha.
Proxima s'approcha de Corvus qui lui tendit le cube tout en gardant Loki à sa merci. Elle l'apporta ensuite à Thanos sous les couinements et grognements de Jeanne incapable de se libérer. Ce dernier détourna son regard pour attraper le cube. La lycane profita d'un léger relâchement autour de sa gorge pour inspirer et puiser la force de porter un coup mortel à la gorge de son adversaire avec un de ses postérieurs. La peau du titan était extrêmement robuste et elle ne causa qu'une griffure sans importance au visage. Thanos resserra sa prise sur la gorge de la lycane. Jeanne, étouffant sous la poigne, poussa un glapissement de douleur. Ne sachant pas si c'était son heure, elle envoya "je t'aime" à Loki, juste avant qu'un craquement sonore se fasse entendre.
Loki, fermé, ne l'entendit pas et sentit uniquement la vague d'amour qu'elle avait transmise avant de s'éteindre.
Le corps de Jeanne se mit à prendre mollement dans la main de Thanos avant que ce dernier n'ouvre le poing. L'oméga s'effondra au sol comme une poupée de chiffon. Le dieu, ne ressentant que le vide laissé par la lycane dans son esprit et dans son corps, poussa un hurlement qui lui déchira les poumons. Il ne pouvait la perdre maintenant. Il ne pouvait perdre son seul et unique amour. Sa seule et unique moitié. Ils devaient avoir l'éternité ensemble, pas ces six pauvres mois ensemble sans pour autant l'être. Cette vérité le frappa au cœur.
Thanos avait attrapé le cube et en avait ressorti une pierre bleue qu'il accrocha sur son gant, avant d'être pris par une décharge de puissance dû aux pierres.
— Tu avais dit que tu la laisserais en vie, hurla Loki rendu fou de chagrin.
Il se dégagea de la prise de Corvus, et dans un geste désespéré attrapa Gungnir en se propulsant sur sa cible. Il dévia Proxima en parant son coup et se jeta sur Thanos qui détourna l'attaque comme on éloigne une mouche. Ce dernier attrapa la lance au passage, l'arracha des mains de Loki avant de la retourner contre son propriétaire.
— Ça ne change rien que vous mourrez ici ou demain, lui murmura-t-il à l'oreille avant que Loki ne s'écroule.
Tout devenait flou autour de lui. Il trouva le courage de retirer difficilement la lance de son abdomen. Il était trop faible pour pouvoir se soigner seul. La plaie était trop grave. Il rampa au sol vers le corps de Jeanne, entendant Thanos crier des ordres avant que tous ne disparaissent dans un vortex bleu. Prenant la main de Jeanne dans la sienne, il espérait que le lien reviendrait, mais rien ne se passa. Il mit ses doigts sur la carotide de Jeanne sans qu'aucun pouls ne batte. Il voulut hurler sa douleur mais elle resta coincée dans sa gorge, ses larmes roulant sur ses joues.
— Je ne te ressens plus, pleurait-il le cœur et l'âme brisés. Reviens-moi ... s'il te plait ... Ne me laisse pas, j'ai besoin de toi ... Je t'aime.
Rien, il ne se passait rien. Elle était devant lui, immobile. Il aurait tellement voulu lui dire ses mots dans la réalité. Mais il s'était toujours abstenu. La peur du rejet le figeant. La vague d'amour qu'elle lui avait adressé avant de s'éteindre était, à cet instant, son plus grand regret. Il savait qu'elle le désirait à cause du lien, mais il ignorait qu'elle l'aimait lui. Elle avait beau lui répéter que la vie pouvait s'achever brutalement, comme on soufflerait la flamme d'une bougie, et qu'il fallait vivre chaque instant comme s'il était le dernier. Mais lui, n'avait pas écouté. Il restait dans les mêmes schémas, attendant la parfaite occasion pour être sûr d'avoir l'avantage et d'être protéger. Sa douleur autant physique qu'émotionnelle le fit flancher. Il sentait la vie s'échapper de son propre corps. Il ne voulait plus qu'une chose, la rejoindre et se serait pour bientôt. Il s'allongea sur le dos dans l'herbe, elle sentait bon la fin d'été. Il sourit une dernière fois, pensant que c'était une belle journée pour mourir. Il lia une dernière fois sa main dans celle de Jeanne et tout devint noir.