Les Sphères d'Ebesse...

By Ginie_13

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"Dans un monde troublé, certains parleront de chance quand d'autres parleront de fatalité...Et si une success... More

Chapitre 1 : Insouciance
Chapitre 1 : Suite 1
Chapitre 1 : Suite 2
Chapitre 1 : Suite 3
Chapitre 2 : Le Bal des Unions
Chapitre 2 : Suite 1
Chapitre 2 : Suite 2
Chapitre 2 : Suite 3
Chapitre 3 : L'ombre des noces
Chapitre 3 : Suite 1
Chapitre 3 : Suite 2
Chapitre 3 : Suite 3
Chapitre 4 : Déferlante
Chapitre 4 : Suite 1
Chapitre 4 : Suite 2
Chapitre 4 : Suite 3
Chapitre 5 : Suite 1
Chapitre 5 : Suite 2
Chapitre 5 : Suite 3
Chapitre 5 : Suite 4
Chapitre 6 : Témérité

Chapitre 5 : Les graines de la discorde

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By Ginie_13


— Quelle situation ! Je m'absente quelques lunes, et ainsi qu'à l'accoutumée, je retrouve un royaume sans dessus dessous !

Ceci étant dit, je n'ai pour autant jamais connu semblable désordre ! À croire que les Sages Furkin et Gaümy méprisent la portée de leur travail lorsqu'ils relèvent ce catastrophique binôme de leur trimestre à la capitale. Je songe désormais fermement à faire revoter la place du Sage Thau. Il est manifestement de bien mauvais conseil pour la royauté de Fréomne, et ce n'est pas son confrère attitré qui pourra y changer quoi que ce soi. Le Sage Remoh manque hélas invariablement de charisme pour pouvoir convaincre quiconque. S'il ne possédait pas cette incomparable empathie bienveillante et son don de clairvoyance, il ne serait pas membre du Conseil. J'ai beau me répéter que Sage Thau et ses soixante-treize étés sera bientôt en fin de carrière, je me réprouve en pensant que dans l'intérêt de tous, Ttocs aurait mieux fait d'écourter son influence depuis plusieurs hivers. Jadis les Sages ne conservaient leur titre que pour une durée maximale de trois ans, avant que celui-ci ne soit à nouveau soumis au vote. Depuis quinze ans, un Sage est missionné pour une période de cinq années. Malheureusement, les potentiels élus se font plus rares à chaque renouvellement de mandat, faute de profils intéressants certes, mais surtout faute de profils intéressés. Dans les campagnes les dogmes de notre religion demeurent encore très usités et respectés. Dans les villes, particulièrement dans celles situées en Fréomne entre la capitale et la frontière de l'Est, des idées impies commencent à semer la dissidence en poussant les âmes égarées à se détourner de l'autorité de Ttocs. Dans cette problématique qui s'impose à nous, nous ne devons pas oublier les nobliaux, qui, afin de préserver les privilèges liés à leur rang, n'hésitent pas à charger leur progéniture du respect de ce devoir. Privilèges notamment protégés au moyen de mariages avantageux, entre autres arrangements de cette caste que je ne connais que trop bien.

— Je, je, je suis d-dé-désolé, Sa-aa-Sage Vitiple. J'ai, pou-pourtant, suivi vo-vos conseils, ajoute le bègue.
— Respirez Sage Remoh, je sais que vous faîtes de votre mieux pour canaliser votre pair, et je ne vous accable pas de ce désordre. Thau n'en n'a toujours fait qu'à sa tête !

Tandis qu'il se renfrogne de honte et de résignation, je masse symétriquement mes tempes des pouce et majeur de ma main gauche, puis expectore un long et profond soupir. À mon grand déplaisir, ma tentative pour relâcher le poids qui pèse dorénavant sur mon diaphragme ne m'apporte pas un simulacre de répit. Avisés par pigeon dix jours plus tôt, la réponse à cette nouvelle a du être votée dans la précipitation au Conseil. Ce cas est inédit, et met tout notre système dans une position au combien délicate. C'est encore plus vrai succédant aux années de disettes que nous avons connues. Pour couronner le tout, la guerre s'invitera bientôt jusqu'aux portes de la capitale ! C'est intolérable !

— Vi-Vitiple ?... L'a-l'avez-vous appo-porté ?
— Pardon ?
— Le p-par-chemin ?
— Ah oui ! Oui, nous l'avons ramené. Le Sage Miulo n'a pas été facile à convaincre vous savez !

Il sourit de complicité et soulagement, et je lui rends son rictus.

— Pou-pourrais-je le consulter avec vo-votre expertise ?
— Évidemment, nous étudierons votre vision pour les recouper avec les écrits des paroles de Dagéine dès ce soir, si cela vous sied également ? Djeneï pourra sans doute nous éclairer aussi de...
— Vos co-connaissances des Légendaires su-u-uffiront. Je, je reconnais qu-que Djeneï me-me...
— Soyez tranquille, dis-je en lui empoignant fraternellement le bras, je vous ai compris, et vous comprends !

Il faut dire que mon binôme n'est pas d'un naturel évident, et c'est pire en la présence du jeune Remoh et ses bafouilles. Cet homme est d'une impatience folle ! Toute tâche devrait être achevée avant même d'avoir débuté ! Et qu'importe si certaines largesses sont prises pour en terminer au plus vite ! Alors quand son interlocuteur prend deux à trois fois plus de temps que quiconque pour s'exprimer, il perd presque instantanément son amabilité. Enfin... Au regard du bazar ambiant, je n'aurai pas de mal à lui assigner une occupation parallèle à la nôtre. Après tout, nous n'aurons que deux courtes soirées avant que lui et Thau ne repartent pour le sanctuaire.

— Bien ! A-allons dîner ! Je suis très heureux de v-vous retrouver Vitiple !
— C'est une délicieuse idée que vous me vendez là !

Nous sourions à pleine dents. J'éprouve une affection particulièrement paternaliste pour lui, et j'aime à penser qu'il a envers moi cette affection d'un enfant pour son père. D'ailleurs, il semble moins pâtir de son handicap dans nos échanges privés que dans tous les autres. Cela éveille une certaine fierté, et une force, en chacun de nous. Il me raconte leur trimestre en ce qu'il y a de plus convenu, et surtout entendable par les traînardes oreilles des gens de la Cour. En politique, nous ne sommes jamais trop prudents. En passant devant la salle du trône, je le questionne :

— Les préparatifs du mariage sont encore en place ?
— P-pas tous, mais oui. La Reine veut honorer le mariage avec la f-famille Korf.
— D'aucun le voudrait ! La famille au Roäcil est aussi puissante qu'influente, et c'est l'une des plus vieilles de la noblesse d'Olonkey. Un bien bel animal que le Roäcil...
— Le B-brise-nuit c'est ça ?
— C'est exact. Le Brise-nuit...Que j'aurais aimé avoir la chance d'en rencontrer un...
— Peut-être ne sont-ils pas t-tous disparus ?P-peut-être que quelques individus sont c-cachés dans des zones reculées ?
— Ma foi... c'est bien possible, dis-je en initiant la reprise de notre marche vers la salle de banquet. Il y a tant de lieux encore inexplorés sur notre continent ! Je soupire. Ceci étant dit, voilà des siècles que personne ne rapporte la trace du moindre Légendaire...

Je suis tout juste arrivé à Heyméah que la quiétude de la Vallée Brumée me manque déjà terriblement ! Attablés, la Cour à la présence bruyante et envahissante me fait rapidement perdre toute placidité. Ces gens frivoles et surfaits ne se surpassent les uns les autres qu'en fayotage intéressé, tant auprès de la famille royale que de nous autres Sages. J'ai conscience que tout poste de pouvoir nous lie inéluctablement aux différentes races de corbeaux plus ou moins habiles, et ne m'y ferais sans doute jamais. Un tel espère une union arrangée avec telle autre, un tel requiert une confession en dehors des permanences prévues, une guidance du Sage Remoh, ou encore, une remise de dette, un mariage officieux, un prêt, jusqu'à une visite du sanctuaire de la Vallée Brumée, localité pourtant notoirement interdit à tout individu autre qu'un Sage... La Vallée Brumée... à peine la quittais-je quittée qu'elle me manquait déjà ! Sa quiétude, son isolement du reste du monde, le silence habité de son sanctuaire, même les effluves des marécages environnants laissent un vide en moi. Je n'ai pas choisi la vie de Sage pour rien, et ce que certains prennent pour des sacrifices sont pour moi des instruments de LA liberté. Servir Ttocs, servir mes semblables en édictant nos lois, en rendant la justice et priant pour eux, être le garde-fou de ma Royauté et de la Foi, étudier les croyances anciennes et la nature dans son ensemble, non... rien ne manque à mon bonheur ! Toutefois... une chose, ou plutôt une personne, peut-être... ou bien sans doute ?... Parfois je m'interroge sur ce qu'elle est devenue, ce qu'elle a fait de sa vie. Voilà bien longtemps que je n'ai aucune nouvelle de sa part. Je repense régulièrement à la façon dont je l'ai quittée, l'anxiété, la tristesse et la colère qu'exprimait sans un mot son visage... et quel beau visage elle avait ! Je culpabilise parfois de l'avoir laissée ainsi pour me dédier à ma vie religieuse, mais n'éprouve nul regret. Comment réagirais-je si nos routes se croisaient à nouveau ? La reconnaîtrais-je seulement ? Et si elle avait changé de nom ?... Voilà une question que je ne m'étais jamais posée... Ma petite bourgeoise aurait eu bien des raisons de changer son nom. Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ? En près de vingt ans tout de même... Par Ttocs ! Vingt ans !... Il est clair qu'à cette époque, partir m'avait demandé du courage. Elle qui, aujourd'hui je le sais, était la seule qui aurait pu me faire renoncer à ma vie claustrale. Malheureusement nos rangs respectifs nous prédestinaient à d'autres responsabilités que la simplicité à laquelle j'aspirais, et elle n'envisageait pas de renoncer ne fusse qu'une journée au luxe de son quotidien. Si elle avait accepté une existence modeste, nourrie du simple fait d'être tous les deux réunis, perdus dans une ferme introuvable au cœur des terres reculées d'Olonkey... là, oui, je crois que je serais resté auprès d'elle...


— Vitiple ? T-tout va bien ? J'adresse à mon ami une expression ahurie. Vous seriez-vous perdu dans vos songes ?

— Mille pardons, en effet, je me suis égaré dans le passé. De quoi discutions-nous ?
— Vous m'intriguez...
— Avez-vous vous aussi oublié le sujet de notre conversation ?
—Pen-pensez-vous pouvoir éluder ma question par une autre ? Nous nous sourions avec complicité.
— Pas ici Sage Remoh. D'ailleurs j'ai suffisamment mangé ! Au travail !

Avalant quatre à quatre les derniers frettissons* au fromage de son assiette, Remoh s'élance à ma suite et nous nous retrouvons dans sa chambrée, où je lui présente enfin la prophétie de Dagéine. Le rouleau n'était pas encore sorti de son étui de cuir que je décelais sans mal l'air émerveillé d'impatience de mon comparse. Depuis le temps qu'il attendait de pouvoir le consulter ! Il tend les mains vers le précieux document que je ma hâte de mettre hors de sa portée en m'exclamant :
— Mais enfin Remoh !
—Mais quoi ?
— Vos mains !
— Mes mains ?
— Oui vos mains ! Elles sont toutes graisseuses !
— Oh oui ! C'est de votre faute ça ! Si vous m'aviez laissé le temps de t-terminer mes frettissons avec mes couverts ce ne serait pas arrivé ! Ricane-t'il en léchant ses doigts.
—Remoh...
— Hmm ? Je sais... mais j'adore les fritures fromagées !
— Lavez vos mains !
Il s'exécute sans attendre en dépit d'un râle tel que les jeunes en produisent souvent lorsqu'ils rechignent à la tâche, et revient aussitôt. Nous déroulons le manuscrit ensemble avec les plus grandes précautions, laissant désormais apparaître la signature de son rédacteur.

— Vitiple ! Par Ttocs c'est...
— Oui Remoh, c'est bien la signature du Roi Phëny 1er !
— Tant d'années que je vois la Dagéine dans mes visions sans pouvoir lire sa prédiction, et je la vois enfin ! J'espère qu'elle donnera un sens à tout cela !
— Je comprends mon ami... Et vous devez comprendre que ceci est l'un des biens les plus précieux de notre monde, trace d'une religion que beaucoup souhaiteraient effacer, dont, sachez-le, notre Sage doyen.

Le parchemin ne comporte aucune sorte d'ornement, et l'écriture semble plutôt grossière, l'encre ayant bavé par endroit. Un manque de soin qui soulève à lui seul bien des questions. Comment un document historique officiel peut-il avoir été copié avec si peu d'application ?

— C'est... c'est un travail de sagouin... annonce-t'il d'un ton mêlant perplexité et déception,
ce-ce parchemin n'a jamais été retranscrit par un copiste ? C'est étrange non ?
— Je trouve aussi mon ami... D'autant plus que mis à part la possession de la sphère de pouvoir, ce n'est que sur celui-ci que repose la légitimité de gouverner allouée aux Guien.
— V-vous ne l'aviez jamais vu avant !
— Non Remoh, ce document est toujours gardé sous scellé au Carmac du sanctuaire. N'oubliez pas qu'il serait une preuve de la présumée existence des Légendaires, existence sévèrement réfutée par l'Église de Ttocs je ne vous l'apprends pas. Commençons par étudier vos visions, probablement qu'elles nous aideront à analyser la prophétie en ses termes les moins évidents.

Il acquiesce et se hâte de me montrer ses notes, où j'y vois des écrits proprement illisibles.

— Et bien ! Je vais avoir besoin d'une traduction ! Vous qui commentiez la netteté de notre ouvrage ne déléguez visiblement pas plus d'égard à vos travaux.
— Je suis désolé Vitiple, mais vous savez, lorsque je prends mes visions en notes, je le fais
s-souvent dans la pré-précipitation, balbutie-t'il la voix tremblante.
— Vous aurez tout à loisir de les remettre au propre à votre retour au sanctuaire, souris-je, poursuivons voulez-vous ? Le temps nous manque !

Le jeune Sage m'explique qu'il s'agit de trois songes divinatoires qui se répètent inlassablement depuis quelques semaines, plus précisément depuis son arrivée à Heyméah. La première lui montre une rivière noire et étincelante à la fois, qui chante une complainte dans un langage qui lui est inconnu, avant qu'un cri strident ne lui incendie les tympans dans une vibration d'une fréquence qu'il qualifie d'inhumaine. Y succède le cri d'un nouveau né mâle, auquel suit l'image d'une larme de sang coulant d'un œil en forme d'étoile, peint dans l'immensité de la nuit, qui ruisselle d'abord sur un nuage, puis sur une montagne, une feuille, le sol et enfin le traverse pour se fondre dans le cœur brûlant de notre planète... La seconde est pour lui la plus claire. Il y voit la silhouette d'un jeune homme, dont la proximité fait scintiller la sphère de pouvoir royale. Apparaît alors un autel dont il voit couler du sang en abondance, sang qui se déverse ensuite sur toute la carte du monde connu, et dans lequel la couronne de notre Roi se noie... Dans la dernière enfin il me dit voir ce qui lui semble être un autel sculpté à même la roche dans une espèce de cave où brillent quatorze points, sortes d'étoiles, sept bleues et sept blanches qui disparaissent une fois unies, emportant ave celles le monde en d'innombrables grains de sable. Il ajoute y ressentir peur, colère puis plénitude mortuaire en un pêle-mêle aussi enivrant qu'effrayant.

— Mon instinct me dit que ces visions sont corrélées dans ce sens pour une bonne raison, mais je ne comprend pas encore lequel.
— J'ai le même pressentiment que vous, car votre première vision me rappelle un mythe prohibé... Je jette à droite et à gauche des coups d'oeil vifs et tend l'oreille, priant pour que notre conversation ne soit pas espionnée et poursuit mes révélations à voix basse, ce mythe concerne l'avant intronisation du Roi Phëny 1er. Mon grand-père croyait, comme d'autres à cette époque, que Phëny 1er n'avait jamais eu la bénédiction de Dagéine, et qu'il aurait obtenu la sphère de pouvoir après l'avoir assassinée. On raconte que depuis lors, Dagéine ne reparut plus nulle part sur notre planète. D'ailleurs, plus aucun Légendaire ne serait reparut après sa disparition. Mes ancêtres vénéraient les Légendaires, et ils pensaient que Dagéine était la reine de tous, et qu'elle était à l'origine des manifestations que l'on impute aujourd'hui à Ttocs, à l'instar de la magie des cerclats par exemple. Mais... c'est justement le fait que ces manifestations perdurent au-delà de l'existence prétendue de ces êtres qui a convaincu les miens, et les derniers réfractaires à Ttocs, de finalement croire en lui. Les origines de Ttocs sont mal connues vous savez, même pour nous autres Sages. Sa première apparition a été rapportée par le Sage Juon pendant une retraite spirituelle au lac de la Vallée Brumée. C'est pour cette raison que le sanctuaire des Sages s'y trouve, puisqu'il était jadis au Carmac de Heyméah.

— Pouvez-vous m'en dire plus ? P-pourquoi rien de tout cela ne nous est enseigné par les pénitents ? Ni même simplement mentionné dans les ouvrages de notre bibliothèque ?
— Pas si fort Remoh ! Les pierres ont des esgourdes ! Chuchoté-je. Succinctement, les origines étant mal connues de tous, les Conseils précédents ont tout bonnement jugé plus prudent de les garder secrètes. Résultat, pour ainsi dire personne ne sait quoi que ce soit, ce qui, dans la doxa convenue, est censé être la volonté de Ttocs en vue de renforcer la Foi des croyants. Vous êtes seulement le second, après le Sage Juon, à être doté du don de clairvoyance, et votre âme est pure je n'en ai jamais douté. De fait, vous êtes le meilleur candidat pour une nouvelle apparition de Ttocs, et vos visions en sont autant de témoignages.
— Vous pensez donc que ma première vision est une vision du passé ? Ce serait une première pour moi ! Je n'avais historiquement jamais eu que des aperçus de l'avenir proche. À quoi cela peut-il être du selon vous ?
— Peut-être simplement du fait de votre proximité avec la sphère de pouvoir royale ? Quoi qu'il en soit, oui, je pense que chacune de ces visions traite d'un moment différent de notre temps. La première incarnant l'événement passé à l'origine du présent plus ou moins proche qu'incarne votre seconde vision, et ces deux-là étant les amorces de la troisième qui incarnerait notre futur.
— Comment pou-pouvez-vous en être si sûr ?
— Pour la première, le mythe que je vous ai rapporté ne colle hélas que trop bien. De la disparition de Dagéine qui vivait supposément dans les eaux de Fréomne, qui peut se lier au cri et l'eau de votre perception, jusqu'au nouveau-né qui pourrait être le Roi Manah. Le Roi Phëny a toujours certifié avoir conçu cet enfant avec Dagéine... Quant au sang, on peut aisément faire le rapprochement avec les innombrables victimes des Guerres Hérétiques...
— La logique se tient en effet... mais les deux autres ?
— Vous m'avez répété n'avoir que des vues du futur proche jusqu'à celles-ci... Et les événements récents me poussent à croire que votre seconde vision a déjà commencé. J'ai reçu un pigeon d'une pénitente de Minte dénommée Offène, qui fait mention de l'enlèvement de nombreux jeunes hommes partout à travers le pays ! Ils feraient route pour Heyméah !
— C'est donc cela !
— Pardon ?
— De jeunes hommes arrivent en masse tous les jours depuis près d'une semaine. Ils passent d'abord présenter leurs respects au Roi et à la Reine, puis sont systématiquement enrôlés au service militaire. J'ai bien tenté d'en savoir p-plus en parlant au Roi, mais je n'ai jamais pu obtenir de réponse.
— Je vous demande pardon ? Il a refusé de vous répondre ?
— P-pas exacte-tement, il-il a changé de sujet...
— Remoh ! Je vous rappelle que tout Roi qu'il est, il est dans l'obligation de nous rendre des comptes ! Vous êtes certes un jeune sage, mais dans un an, quand votre formation sera achevée, vous serez également Juge Suprême ! À ce titre vous devrez faire appliquer les lois que notre Conseil promulgue comme nous autres ! J'ai conscience que votre nomination est encore récente, mais votre nouvelle fonction vous contraint à savoir vous imposer ! Vous n'êtes plus assujetti à la royauté, vous êtes son égal ! Et dans le cadre d'une infraction à nos lois, vous êtes susceptible d'en être le supérieur !
— Si je puis vous tranquilliser Sage Vitiple, je ne l'ai pas oublié, lance une voix dans notre dos.

* Frettissons = sortes de ravioles rectangulaires frites dans l'huile de tournesol et farcies de fromage à pâte filée de lait de vache, parfoisaussi garnies de feuilles de chou ou d'épinards. 

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