Elles avaient fini par faire la paix avant que les hommes ne reviennent. Loki vint se rasseoir à côté d'elle et posa sa main contre la sienne inconsciemment, elle ressentait une part de doute de sa part.
- Bien, dit Francine, nous allons dire bonjour à nos autres arrière-petits-enfants et vous laissez car du travail vous attends.
Jeanne se leva et alla embrasser ses grands-parents avant de les raccompagner à la porte. Francine, s'approcha de Loki avec un regard froid.
- Je vous préviens, si j'apprends que vous la faites souffrir, je vous jure que je vous ferais vivre un enfer le reste de ma vie, lui murmura-t-elle.
- Je vous remercie pour ce conseil, lui retorqua Loki en souriant voyant le regard inquiet de Jeanne et préférant donner le change, je vous souhaite moi aussi un bon retour.
Francine eut un léger mouvement de recul avant de partir.
Jeanne venait de refermer la porte et s'adressa à Loki qui avait pris un des livres :
- Alors ? Comment s'était avec mon grand-père.
- Intéressant, répondit-il mystérieux.
La lycane n'ayant pas accès à ses pensées savait qu'elle n'en saurait pas plus, mais d'un naturel curieux elle insista :
- Tu es sérieux ? Tu ne vas pas m'en dire plus ?
- Non, répondit-il distraitement en se piquant le doigt et prononçant la petite phrase. J'ai croisé Murtagh qui partait donc ma petite règle de ne l'approche pas n'est plus valide ... pour le moment.
Il partit dans sa chambre avec les livres.
- Tu vas me laisser en plan pendant que tu pars bouquiner ?
Il repassa la tête par la porte et vit son oméga légèrement rageuse. Il lui sourit en la voyant ainsi.
- Je t'ai laissé les notes de ta mère, c'est déjà un bon début. Et puis, on a dit le moins de contact possible.
Et il partit la laissant là.
- Tu as dit, le corrigea-t-elle en marmonnant.
Jeanne s'assit à la table et prit le carnet de sa mère. Elle avait à peine eu le temps de l'ouvrir que Thor refit son apparition.
- Où sont tes grands-parents ?
- Parti voir les jumeaux avant de rentrer chez eux.
- D'accord. On mange quand ? Demanda-t-il.
- Mange si tu as faim. Moi pas !
Elle se dirigea vers son bureau pour mettre ses écouteurs afin de lire tranquillement alors que Thor cherchait dans les placards surement de quoi se sustenter.
Jeanne ouvrit le carnet fatigué avec précaution avant de commencer le décodage. Après y avoir passé toute l'après-midi, elle avait fini par décoder la première page quand elle vit quelqu'un la fixer de l'autre côté du bureau. Loki la regardait attentivement, légèrement amusé. Concentrée, elle ne l'avait pas ressenti de l'après-midi.
- Quoi ? Maugréa-t-elle en retirant un écouteur.
Elle était contrariée, elle n'avait même pas pris la peine d'analyser ce qu'elle avait réussi à retranscrire, le cerveau en bouillie.
- Je t'ai senti pesté toute l'après-midi contre ton décodage, lui répondit-il. Pourquoi n'es-tu pas venu me voir ? Avec un petit sortilège, il serait déjà décodé.
Ajoutant le geste à la parole, il fit un petit mouvement en prononçant une incantation.
- Ecris « la princesse oubliée », juste ici, continua-t-il en montrant l'espace au-dessus du titre.
Jeanne s'exécuta et à peine eut-elle finit que la page se traduit sous ses yeux. Elle poussa un cri rageux avant de s'en prendre à Loki qui était content de lui.
- Putain, mais t'es vraiment trop con ! Tu aurais pu me le dire, il y a des heures.
- Et toi, tu aurais pu venir au lieu de râler et de t'agacer dans ton coin, lui reprocha-t-il emporter par la colère de Jeanne.
- Je n'y ai même pas pensé figure-toi ! Espèce d'abruti, je n'ai pas grandi avec la magie, moi !
Elle contourna le bureau en colère contre le dieu. Mais pour qu'il se prenait celui-là ?
- Pour ton alpha ! répondit-il immédiatement.
- Arrête d'écouter mes pensées, lui hurla-t-elle.
- Je n'aurai pas à les écouter si tu étais capable de te fermer.
- Je serai capable de le faire si tu n'avais pas interrompu mon entrainement ce matin.
- Hum ! T'appelle ça un entrainement, lui dit-il hautain.
Jeanne se planta devant lui en le fusillant du regard.
- J'ai fait avec les moyens du bord, parce qu'il y en a un qui était trop blessé dans son égo pour pouvoir m'aider. Excusez-moi Votre Altesse de vouloir essayer de me protéger, lui hurla-t-elle en le bousculant.
Loki en resta bouche bée car elle le pensait réellement. Elle avait peur qu'emporté comme il pouvait l'être, les émotions du Dieu de la Malice la consume.
- Tu as besoin de te protéger de moi ? demanda-t-il sa colère retombant comme un soufflet.
Jeanne s'aperçut de ce qu'elle venait de dire et qu'il avait été blessé.
- Non ... Je ...
- Ne me mens pas !
- Je ... je ne voulais pas.
- Mais tu as peur de moi, lui dit-il le regard douloureux. En cet instant, tu as peur de moi ... plutôt tu as peur de mes sentiments envers toi... Je te laisse tranquille. Entraine-toi avec Thor si ça te chante.
Il partit vers sa chambre en balançant le livre sur le bureau de Jeanne. Même si elle était désolée et que sa peur était inconsciente, il en était ravagé.
- Loki attend ! Je ne voulais ...
Elle entendit la porte claquée. Elle sentait dans ses veines la peine et la colère de Loki mais n'ayant pas accès à ses pensées, elle ignorait ce qui les provoquait.
- Jeanne, commença Thor qui n'avait rien manqué de la dispute.
- Non, l'interrompit-elle en levant la main dans sa direction, j'ai besoin d'être seule.
- Attends ! dit-il en l'attrapant avant qu'elle n'arrive à sa chambre. Il venait t'expliquer pourquoi tu n'arrivais pas à te fermer. Le livre de père dit que les couples nouvellement formés sont très fusionnels et instables au début pour renforcer le lien. Comme lui est un excellent sorcier, il n'a pas ce problème.
Jeanne regarda Thor, les yeux embués. Elle était perdue entre ses émotions et celle de Loki, tout se mélangeait dans son esprit. Elle dégagea la main du dieu blond, retourna vers son bureau pour y attraper son téléphone avec les écouteurs avant de rejoindre la salle de bain. Elle avait besoin de faire le tri dans son esprit et le seul endroit qui lui était accessible pour cela était le bain. Elle se dévêtit laissant ses vêtements sur le sol en tas, puis rejoignit une des douches. Alors que l'eau brulante coulait sur son visage, elle ne put s'empêcher de pleurer. La douleur dans sa poitrine devenant insoutenable. Elle n'arrivait pas à savoir si cela venait d'elle ou de Loki, mais elle lui était insupportable. Se laissant glisser contre le mur, elle se recroquevilla sur elle-même.
Loki avait ouvert la fenêtre de sa chambre et regardait le soleil descendre sur la forêt pour se calmer. Il ressentait le chamboulement dans les émotions de Jeanne et ne voulait pas lui infliger les siennes. Mais comme il l'avait lu, le lien se renforçait et était instable. Il avait beau maîtriser sa magie, il ne savait pas si ses sentiments impactaient la lycane. Soudain une douleur insoutenable lui brisa le cœur. Il comprit immédiatement, Jeanne n'allait pas bien. Il déboula comme une furie dans la pièce principale n'y trouvant que son frère. Thor lui indiqua la chambre, il avait dû lire l'inquiétude sur son visage. Il s'y dirigea mais la porte était verrouillée. Il ressentait de plus en plus fort le tourbillon d'émotion qui s'emparait de son oméga, ce qui fit monter sa tension d'un cran. Elle perdait pied et elle avait besoin de lui pour se calmer. Mais le voudrait-elle ? N'allait-il pas la blesser avec ses propres émotions ? Son inquiétude ainsi que les sentiments de Jeanne l'empêchaient de jeter un sortilège mineur pour déverrouiller la porte. Il finit simplement par l'enfoncer. Son frère sur les talons, il déboula dans la salle de bain.
- Jeanne ? appelait-la voix inquiète de Loki.
Elle le sentit se précipiter à son côté alors qu'elle était toujours recroquevillée sous la douche, ses larmes se mêlant à l'eau qui l'inondait.
- Jeanne, je suis là.
Il ne la touchait pas, alors qu'elle en mourrait d'envie à cet instant. Ses émotions à lui, non contrôlables à cet instant, lui interdisaient de la toucher. Il avait beau s'être ouvert à elle, Loki ne voyait pas ses pensées clairement. Elles volaient dans son esprit à une vitesse vertigineuse sans jamais se figer. Elle releva son regard noisette qui se planta dans le sien. Oh, qu'il aimait ce regard et ce qu'il pouvait exprimer, mais pas la tristesse qu'il y voyait. Il tendit la main vers elle mais arrêta son geste. Jeanne glissa les siennes sur sa veste. Il frissonna légèrement à son contact, même si dans ce moment hors du temps, il aurait voulu qu'elles se trouvent sur sa peau. Sans le quitter des yeux et rougissant légèrement, elle le tira vers elle. Il se rattrapa au mur derrière la lycane pour ne pas tomber, complètement sous son emprise. La chaleur de son souffle près de ses lèvres froides l'enflamma. Elle franchit les quelques centimètres qui les séparaient. Loki en fut d'abord surpris, mais ferma les yeux sous le doux courant qui parcourait son corps. Ses lèvres douces, chaudes, charnues et plaquées contre les siennes réparaient son cœur bien plus qu'il n'avait pu l'imaginer. Elle lui avait attrapé la nuque avec ses mains qui lui paraissaient devenir brulantes à son contact. Sa bouche contre la sienne était pour lui d'une douceur infinie. Elle approfondit le baiser et il répondit sans en avoir une réelle conscience, pouvant enfin posséder cette bouche dont il rêvait depuis quelques jours. Leurs émotions et leurs esprits fusionnèrent à cet instant, emportés par une nouvelle sensation : celle de ne faire qu'un.
Jeanne sentit enfin son esprit sortir de la tourmente dans lequel il s'était emballé. Celui de Loki faisant parti du sien, et ne différenciant plus ses émotions des siennes, elle avait envie de plus. De le toucher, de sentir sa peau froide contre la sienne brulante. Elle se mit à genoux et sans rompre leur baiser, elle écarta les pans de sa veste qu'il évacua rapidement avant de l'entourer de ses bras puissants et de la coller contre lui. Ils se séparèrent un instant pour reprendre leur souffle, mais leurs instincts les intimaient à continuer. Elle le poussa légèrement et il bascula en arrière assis contre le demi-mur qui séparaient les douches de l'entrée de la salle de bain. Se lovant contre son torse, elle lui embrassa la joue puis déposa des baisers le long de sa mâchoire avant de retrouver ses lèvres fines qui ne demandaient que cela alors qu'il soupirait de plaisir. Les mains de Jeanne remontaient de chaque côté du visage de Loki pour aller glisser dans ses cheveux noirs. Un de ses bras à lui entourait la taille et l'autre était dans son dos, la main attrapant délicatement sa tête pour le rapprocher encore plus de lui.
Il la souleva par la taille pour qu'elle puisse se mettre à califourchon sur lui. Il reprit ses lèvres avec possessivité, ne voulant plus jamais les laisser s'éloigner de lui, avant de serrer à nouveau son corps contre le sien. Jeanne se frotta contre son intimité devenant à l'étroite dans son pantalon. Il voulut faire disparaitre ses vêtements pour la faire sienne maintenant et à jamais. Quand elle lui répondit par l'affirmative, il poussa un grognement de frustration, sa magie ne lui répondant pas, alors qu'elle poussait un gémissement d'envie contre ses lèvres. Il retira ses mains du corps de son oméga, pour déboutonner sa chemise. Elle détacha à nouveau ses lèvres des siennes. Les yeux fiévreux et les mains tremblantes, elle voulut l'aider dans des gestes saccadés et brouillons.
Soudain, elle fut attrapée et éloignée de Loki qui poussait un grondement de surprise et de mécontentement.
- Stop ! ça suffit, mais ... aïe ! s'écriait la voix grave de son agresseur à qui elle venait de mordre l'avant-bras passé trop près de ses dents.
L'agresseur en question la jeta dans la baignoire avant d'être plaqué au sol par Loki, les yeux rouge sang sous l'effet d'un certain atavisme. Qui avait osé lui retirer son oméga ? Le fait de se retrouver sous l'eau eut pour effet de faire recouvrir ses esprits à Jeanne. Elle posa ses pieds au fond de la baignoire et émergea en prenant une grande inspiration. Alors qu'elle évacuait ses cheveux et l'eau de ses yeux, elle vit Loki fou de rage essayant d'étrangler Thor qui se défendait comme il pouvait.
- Loki stop ! cria-t-elle.
Ne le voyant pas réagir, elle sortit de la baignoire et, dans une glissade dû à la première marche mouillé, le percuta de plein fouet, le détachant ainsi de son frère. Alors qu'il venait de heurter le sol avec violence, elle vit ses yeux rouges refluer pour laisser apparaître ses pupilles bleues. Dans un premier temps, il ne comprit pas sa réaction avant de voir Thor au sol qui toussait.
- Thor, je ne voulais pas, prononça-t-il sous le choc.
- C'est moi, cracha son frère entre deux quintes de toux. Vous ... Je vous ai appelé plusieurs fois ... Mais vous ne réagissiez pas.
Jeanne se sentait honteuse de ce qui venait de se produire. Elle n'avait pas voulu que cela aille aussi loin, aussi vite.
- Thor, je suis désolé que cela est dérapé, s'excusait Jeanne attrapant une serviette pour se couvrir.
- Ce n'est pas ta faute, lui dit celui-ci en posant sa main sur son épaule.
Elle sentait Loki très tendu et désarçonné. Lorsqu'elle croisa son regard bleu, elle y vit aussi de la peur. Mais il s'était à nouveau fermé, elle ignorait donc pourquoi. Elle se leva pour le rejoindre, et quand elle tendit la main vers lui, il recula immédiatement avant de tourner les talons.
- Loki attend, l'appela-t-elle en se lançant à sa poursuite.
La lycane n'allait pas le laisser encore la fuir, elle lui attrapa le bras dans la chambre. Il se retourna vers elle, le visage déformé par la colère, la honte et le dégoût, sentiment qu'elle ressentait elle-même.
- Ne me touche pas ! lui dit-il le regard polaire. Ne me touches plus ! Je ne le supporterai pas.
Elle tendit la main vers lui, irrésistiblement attiré par lui. Il recula encore d'un pas sachant que ce qui venait de se passer n'était pas entièrement de la volonté de Jeanne et que cela continuait.
- Parle-moi, dit-elle confuse entre toutes ses émotions contradictoires. Qu'est-ce que tu ne supporteras pas ? Si tu te renfermes dans ta coquille, je ne peux pas comprendre. Je ne peux pas TE comprendre.
Il la regarda tristement, Jeanne sentait les sentiments opposés de Loki à son égard mais n'arrivait pas à les déchiffrer.
- Que tu me rejettes encore, cria-t-il, pas après ce qu'il vient de se passer ! Je veux que tu sois à moi, entièrement comme tu l'as été à l'instant. Que tu n'aies d'yeux que pour moi et pour personne d'autre. Que tu me cèdes librement et en toute conscience. Que tu sois mienne à jamais comme tu étais prête à le faire.
Loki avait prononcé ces mots avec colère et envie, l'esprit encore plus désordonné. L'oméga eut un mouvement de recul. Elle comprenait que ce n'étaient pas uniquement ses émotions à elle qui l'avait incité à embrasser son alpha, c'était aussi celle du dieu. Il prit une expression épouvantée, elle l'abandonnait elle aussi.
- Loki, non ! Je suis désolé, dit Jeanne en écarquillant les yeux, le sentiment d'abandon parcourant ses veines. Ce n'est pas ...
- J'ai compris, cela n'arrivera jamais.
Il tourna les talons, se coupant complètement de Jeanne qui s'en voulut de sa réaction. Thor apparut derrière elle à ce moment. Elle se retourna vers lui, les yeux s'embuant à nouveau.
- Est-ce que ça va ? Lui demanda Thor.
- Ah ton avis ! Dit-elle en s'essuyant le visage. Mais toi non, je peux le confirmer.
Thor la regarda d'un air étrange.
- Ramène ta fraise que je te soigne, ordonna-t-elle en lui indiquant la salle de bain.
- Je n'ai pas besoin d'être soigné, je suis ...
- Si tu me dis que tu es un dieu, je te balance mon poing dans la figure, vociféra-t-elle, elle soupira bruyamment en se massant les tempes, avant de reprendre calmement. Il t'a brulé de froid au niveau du cou. Laisse-moi mettre de la pommade pour que ça ne te tire pas.
Thor s'assit sur le bord de l'estrade près des lavabos pendant que Jeanne fouillait dans les tiroirs et les placards. Elle trouva enfin ce qu'elle cherchait, le pommade que Joyce lui avait appliquer la fois où Loki l'avait brûlé. Elle apposa un gant d'eau chaude sur le cou du Dieu du Tonnerre pour ramollir la peau noircit.
- Je ne sais pas si je vais y arriver Thor, soupira-t-elle.
- Pourquoi dis-tu cela ? Je n'ai jamais vu mon frère aussi expressif depuis l'enfance. Vous vous êtes liés seulement hier et de ce qu'il m'a dit tout à l'heure, il faut que votre lien se stabilise et pour cela il faut du temps.
Jeanne réfléchissait à ses paroles tout en le soignant.
- Tu sais ..., reprit-il alors qu'elle allait lui appliquer la crème, pour ce qui vient de se passer ... de mon point de vue, il semblait surpris que tu prennes les devants.
- Je n'étais pas moi-même, se défendit Jeanne dont le regard se durcissait.
- Peut-être mais j'ai l'impression que tu venais de franchir toutes les barrières de Loki. Il s'est complètement abandonné dans tes bras.
- C'était purement instinctif.
- Je ne pense pas, tu m'as écrit que tu ne voulais pas qu'il sache ce que tu ressens pour lui, dit-il en lui attrapant les mains pour l'arrêter dans ses gestes. Je crois que tu as de l'affection envers mon frère et que tout à l'heure ce n'était pas qu'instinctif. Peut-être que tu devrais lui montrer ?
- Si je lui montre, ne deviendra-t-il pas impatient ? Me laissera-t-il le temps de faire mon deuil ? N'oubliera-t-il pas que je suis marié à un autre homme ? Et vu sa réaction envers toi comment tu crois que cela va se terminer ?
Thor baissa le regard et soupira. La lycane lui releva le menton pour finir de lui appliquer la crème sur son cou.
- C'est ce qui m'inquiète le plus, dit-il en la dévisageant d'un air malheureux. Je devrais repousser mon voyage pour Nidavellir pour pouvoir le canaliser au besoin.
- Non, dit-elle sèchement en s'éloignant. Il doit faire son chemin et tu dois faire le tien. Tu n'es pas responsable de la moindre de ses actions. Il est assez grand pour prendre ses décisions.
- Oui, nous avons bien vu pour New-York ! Grommela Thor.
- A ce propos, que s'est-il passé entre vous pour que ça en arrive à cette situation ?
- En 2010, j'ai fait une grosse erreur et je me suis retrouvé ici...
- Oui, tout cela je le sais, j'ai lu les rapports du S.H.I.E.L.D., mais que s'est-il passé sur Asgard ? Tu ne l'as jamais dit.
- Loki a voulu détruire Jötunheim et j'ai dû briser le Bifröst pour empêcher l'extinction de sa propre espèce. Et en nous combattant, il est tombé et ... je ..., bafouilla-t-il la voix s'étranglant dans sa gorge, il se tut quelques instants avant de reprendre. C'est mon frère ! Même s'il n'y a pas de lien du sang, on a grandi ensemble. De l'avoir perdu ainsi, m'a brisé plus que je ne l'aurai imaginé et le retrouver ici, détruisant le monde sous ma protection, ... je ne sais ... je ...
- T'a-t-il parlé de ce qui lui était arrivé après cet évènement ? T'a-t-il déjà dit qu'il avait été torturé ?
Thor se figea aux paroles de Jeanne, il plongea son œil bleu dans les siens. Elle y vit la culpabilité apparaitre dans la pupille du dieu ainsi que des regrets avant qu'il ne baisse à nouveau la tête.
- Il t'a dit quelque chose ?
- Non, c'est ce que j'ai vu dans ses cauchemars, dit-elle en lui attrapant le menton pour l'obliger à la regarder, mais promets-moi de ne pas lui en parler. Si tu ne savais rien, ne lui en parle pas, tant qu'il ne le fera pas.
Il hocha affirmativement la tête en prenant un air encore plus malheureux.
- Sérieusement ! S'étonnait amèrement la voix de Loki à l'entrée de la salle de bain.
Jeanne recula d'un pas en se tournant vers un Loki blanc comme un linge, les yeux rouges de colère, les traits durs. Il partit sans un mot de plus.
- Merde ! se fustigea Jeanne.
Elle ne l'avait pas senti approcher mais là elle ressentait la fureur à son égard. Elle adressa à Thor un regard désolé.
- Va le rejoindre, lui sourit-il.
Elle attrapa son tee-shirt et son pantalon qui gisait au sol et les enfila en courant après le dieu en colère. Ce n'était pas possible, il fallait qu'elle fasse gaffe sur gaffe. Elle entendit une porte claquée, au bruit, elle en déduit que ce n'était pas celle de l'entrée. Elle fila en direction de la chambre de Loki dont la porte était verrouillée.
- Merde ! ... Loki, ouvres-moi !
- Dégage ! entendit-elle venant de l'autre côté.
- Non, il faut qu'on parle !
- Je ne veux rien entendre venant de toi ! ... Tu es comme tout le monde.
- Merde ! Merde ! Et bordel de merde ! Criait-elle contre elle-même.
Elle fonça vers son bureau et trouva la clé de la chambre alors que Thor, interrogateur, faisait son apparition.
- Il s'est enfermé le con, se justifia-t-elle en retournant à la porte verrouillé qu'elle ouvrit en un tour de main.
Elle entra et découvrit la pièce mise sens dessus dessous. Les affaires trempées de Loki gisaient au sol sur le parquet. Lui, sec, se tenait au centre à la fois étonné et furieux qu'elle est réussie à entrer.
- Je vais t'expliquer ce que tu as vu, dit-elle en refermant la porte derrière elle.
- Il n'y a rien à expliquer. Tu n'as pas respecté la règle d'éviter toutes interactions sociales avec les hommes. De tout façon, tu préfères le roi au monstre, l'accusa-t-il en se tapant la poitrine avec une pointe de supplique espérant sans y croire qu'elle lui prouve le contraire. On préfère toujours le parfait Thor...
- Alors fouille mes pensées ! le défia-t-elle. Et trouve la preuve que c'est ce que je ressens.
- Je l'ai senti, hurla-t-il sortant de ses gonds car elle cédait à sa requête silencieuse, j'ai senti que tu avais du désir et je vous ai surpris. C'est une preuve bien suffisante pour moi. Tu me rejettes sans cesse. Tu avais deux possibilités, d'après ma mère, pour te lier. Tu aurais dû choisir Thor.
Jeanne décida de mettre en pratique le conseil de Thor. Elle s'avança d'un pas décidé, mais le plus calmement possible pour ne pas se laisser happer par la violence des émotions de Loki.
- Si j'avais pu choisir, crois-moi que ce n'est pas lui que j'aurai choisi, dit-elle essayant d'apprivoiser le dieu en mal d'amour qui se tenait en face d'elle.
Il s'arrêta pour la dévisager, perturbé par les paroles et le sentiment de sincérité qu'elle émettait. Elle se trouvait à quelques centimètres de lui, elle fit un geste dans sa direction, il recula. Il ne voulait plus être rejeté mais il ne voulait plus qu'elle aille vers lui sous son influence.
- Ne me dis pas cela, si ce n'est pas vrai, dit-il son visage exprimant sa douleur.
Jeanne tendit à nouveau la main devant elle sans chercher à le toucher, elle lui laissait à nouveau le choix. Avec Loki, c'était ainsi, on devait proposer mais pas exiger. Elle venait de le comprendre, elle utilisait toujours cette méthode pour amadouer son interlocuteur qu'il soit humain, lycan, équin ou asgardien. Mais avec lui, c'était une pratique qui devait être permanente.
- Loki, nous nous connaissons à peine et nous sommes liés, reprit-elle sur le même ton calme, prends ma main et vois par toi-même. Si je te repousse, c'est une façon de me protéger. J'ai peur de mes propres sentiments envers toi et j'ai surtout peur de ne pas pouvoir les gérer.
Il lui prit la main et avant qu'il ne ressente toutes les émotions de Jeanne, elle franchit la distance qui les séparait pour venir plaquer ses lèvres contre les siennes. Loki ressentit toute l'attirance qu'elle avait pour lui à cet instant et rien ne venait de lui. D'abord réticent, il succomba à la ferveur de ce baiser. Elle enroula ses bras autour de sa nuque pour se tirer à lui. Elle entrouvrit les lèvres pour lui laisser le champ libre et il répondit volontiers, trop heureux de pouvoir explorer cette bouche à nouveau. Il se pencha et l'attrapa par les cuisses pour la soulever et la porter jusqu'au lit alors qu'elle s'enroulait autour de lui. Ils sentirent l'un comme l'autre, la vague de calme éteignant le feu de leurs émotions avant que leurs esprits ne fusionnent pour la seconde fois. Il l'allongea sur le lit et voulant retrouver les lèvres de Jeanne un trop précipitamment, Loki percuta son front avec violence.
Il glissa à côté d'elle alors qu'elle poussa un petit cri de douleur en mettant ses mains sur son visage.
- T'as le crâne dur, s'exclama douloureusement Jeanne, et ce n'est pas que métaphorique.
- Je peux dire pareil, espèce de louve butée, grommela-t-il en se massant le front.
Leurs regards se croisèrent et ils rirent, les tensions envolées. Loki se rapprocha de Jeanne, s'appuyant sur son coude en la dévorant des yeux.
- Je suis désolé pour ce que tu as cru voir, dit-elle sérieusement, j'ai juste soigné la gorge de ton frère.
Il se laissa retomber à plat dos sur le lit en soupirant bruyamment.
- Je sais, dit-il, mais ça m'a réellement perturbé de te voir en serviette aussi proche de lui.
- Tu aimes beaucoup jouer dans le mélodramatique quand même, lui reprocha-t-elle un sourire dans la voix.
Il la fusilla du regard, mais hocha la tête affirmativement, ne pouvant lui mentir.
- Tu ne l'avais pas encore compris, sourit-il vaniteux.
Elle se mit à plat ventre en posant la tête sur le bras de Loki.
- On doit quand même parler et je n'ai pas fini de me laver donc si tu as envie de profiter d'un moment de détente, la porte est ouverte.
Elle se redressa subitement et lui posa un baiser tendre sur le bout de son nez avant de s'écarter légèrement gênée.
- Et tes règles ? Demanda-t-elle un sourire faussement innocent sur le visage. On en fait quoi ?
Il leva les yeux au ciel pensif. Il devait se contrôler mais maintenant qu'elle les lui avait donnés, il ne pourrait plus se passer de ses lèvres pour le reste de sa vie.
- Si je te promets que je n'irai pas plus loin qu'un chaste baiser, on peut les balancer par la fenêtre.
- Chaste, s'écria-t-elle son sourire s'étendant sur son visage. Je peux te dire que ce qu'on a fait n'a rien de chaste et si tu peux te contenter de ça, alors oui, on peut jeter les règles par la fenêtre.
Il sentit un sourire idiot se déployer sur ses lèvres, tout en se maudissait de devenir aussi niais que son frère.
- Arrête, réprimanda Jeanne en fronçant les sourcils, tu n'es pas niais. Comme tu n'es pas un monstre. Ta véritable apparence fait partie de toi. Que tu sois un schtroumpf glaçant ou un nain à poil vert ne change rien, le plus important c'est ce qu'il y a dans cette caboche et ici.
Elle lui avait tapé le front avec son doigt, et alors qu'il s'indignait, avait posé la main sur son cœur.
- C'est comme si je me trouvais horrible sous ma forme de loup.
- Ce n'est pas le cas, répliqua-il aussitôt, tu es une créature extraordinaire.
- Je le sais très bien, dit-elle en prenant un ton condescendant mais amusé, je suis aussi canon sous une forme que sous l'autre mais beaucoup plus terrifiante aussi.
Loki se laissa retomber sur le dos, exaspéré par cette confiance en soi.
- Arrête de faire genre, je sais que tu es sous le charme, râla-t-elle faussement en lui posant un baiser papillon sur la joue avant de descendre du lit l'air malicieuse.