Il se tenait dans la chambre du jumeau encore vivant, les souvenirs heureux qu'il y avait passé repassant en boucle dans son esprit. Ne plus la ressentir le faisait se sentir vide, encore plus seul et abandonné qu'avant toute cette histoire. Comment en était-il arrivé là ? Il venait de perdre la seule chose qui l'avait fait devenir quelqu'un de presque bien. Le petit garçon brun vint glisser sa main dans la sienne. Ses yeux étaient remplis de larmes mais il voyait parfaitement l'expression attristé de l'enfant.
- Père ?
- Je suis désolé ! furent les seuls mots qui sortirent de sa bouche.
- J'ai tout vu, ... tu as vraiment essayé, dit-il la voix tremblante, ... Tu ne me quitteras jamais, toi ?
Il étudia l'enfant et ses traits se décomposèrent. Ses mots, il les avait entendus ici même, quelques mois auparavant. Cette époque lui semblait si lointaine et pourtant dans sa vie millénaire, c'était hier. Il sentit les larmes glissées toutes seules sur sa joue et tomba à genoux sous la violence de son chagrin.
- Père, ne pleure pas, lui dit le garçon en lui prenant le visage. Il ne faut pas la pleurer, maintenant elle veille sur nous et nous accompagne à chaque instant.
L'enfant lui ressemblait tellement, si doux, si gentil, si compatissant. Il le prit dans ses bras et l'enlaça avec tendresse. Dans la grande famille qui aurait dû devenir la sienne, il ne restait que lui, ce petit garçon brun aux yeux noisette avec des fils verts. Il le sentit l'entourer dans ses petits bras.
- Min lille prins, jamais je ne t'abandonnerai. Maintenant, où je vais, tu viens, promit-il en berçant l'enfant qui s'était mis lui aussi à sangloter en silence. Nous allons partir loin d'ici, tous les deux.
- Tu oublies Loreline.
Il recula le petit garçon de lui et vit à travers ses yeux rougis de larmes qu'il était hors de question de laisser sa petite sœur ici.
- Je sais où elle est, chuchota le petit garçon, il faut faire vite, sinon William ne nous laissera jamais faire.
- Qu'as-tu besoin de préparer ?
- Rien.
- Alors on y a, répondit-il en se relevant.
Le petit garçon lui envoya l'image d'où se trouvait la petite fille. Le dieu jeta un sortilège de camouflage et il se téléportèrent dans l'aile médical. Il suivit le petit brun dans les couloirs. Avant qu'il puisse dire au garçon d'attendre, celui-ci s'engouffra dans une chambre. Il resta devant la porte guettant le couloir. Le jumeau ressortit de la chambre en tenant le bébé minuscule contre lui. Ils se regardèrent. Pas un mot fut échangé, mais le lien qui venait de se créer entre eux serait indestructible. A partir de maintenant, lui et ces enfants seront entièrement la famille qu'ils se sont choisis. Il les téléporta rapidement à bord du Milan. Il culpabilisait de le voler ainsi, il sourit en imaginant la réflexion qu'elle lui aurait faite. Mais il avait besoin de fuir cette planète et le seul moyen était ce vaisseau. Il entendit sa voix :« Il en a fait du chemin, le dieu blessé ... », il se retourna pensant la voir sur le pont. Oui, il en avait du chemin. Il regarda une dernière fois le château qui l'avait accueilli et où il avait été à sa place. Mais sans elle, ce n'était plus son foyer. Il aida l'enfant et le bébé à s'installer dans un siège avant de prendre les commandes et de mettre en route l'appareil.
- Où va-t-on ?
- Nous décollons, et nous verrons ensuite, peut-être Vanaheim, dit-il incertain de sa destination.
Au moment, où il fit pivoter le vaisseau dans la clairière, il vit son frère sortir par le pont-levis. Il devait faire vite pour se trouver hors de porter du Roi d'Asgard. Il enclencha les réacteurs et l'engin bondit vers l'avant pour prendre ensuite la direction du ciel. Il s'en voulait d'abandonner son frère ainsi mais maintenant il ne penserait qu'à lui et à sa famille.
Au sol, Thor regarda impuissant le vaisseau s'éloigner en direction de l'espace. L'alarme avait été donnée mais trop tard, son frère venait de prendre une décision impulsive qui ne lui ressemblait absolument pas. Le chagrin l'avait-il aveuglé à ce point ?
- Je te retrouverai mon frère, je ne te laisserai pas partir, se promit-il à lui-même.
- Thor ! l'appela un jeune homme aux yeux noisette et argent. Où est mon petit frère ? Où est Loreline ?
- C'est trop tard, William, ils sont partis avec Loki.