La petite Sumira était installée à une table dans le grand salon du manoir flottant. La pièce était conséquente et plusieurs des sbires de Lord s'y retrouvaient régulièrement pour s'y reposer et discuter entre eux. Le temps à l'extérieur était pluvieux et la mer agitée. Les enfants étaient, pour la plupart, dans la salle de jeu, mais Sumira avait préféré demander des feuilles et des crayons pour dessiner. Elle était inquiète, car le lendemain de leur arrivée, Lord avait envoyé Shoko en mission d'espionnage. Elle se doutait que cela prendrais du temps, mais elle avait vraiment espérer le voir revenir après une semaine. Ils n'avaient jamais été séparés.
Kōhī était assis à côté d'elle, configurant silencieusement le téléphone portable que leur patron lui avait offert, comme à chaque personne travaillant pour lui. Il releva la tête, agacé, lorsque la fillette lui tapota le bras. Elle lui tendit alors son portrait, d'un talent digne de son jeune âge. Elle avait clairement eu du mal avec ses cheveux habituellement ébouriffés. Le dessin donnait l'impression que sa tête explosait.
« On me rappelle pourquoi c'est à moi que tu te colle ? Marmonna t-il en récupérant le cadeau.
—Parce que Meltdown est méchante. Lança simplement l'enfant. Que Lord a dit qu'il avait pas le temps et Red me fait peur.
—Ouais... je peux te comprendre sur ce dernier point. »
Il jeta un œil à l'adolescent qui se trouvait dans la même pièce. Malgré le nombre de sièges, il avait préféré s'allonger par terre, tout sourire, en plein milieu. Il tenait le livre qu'il lisait au-dessus de lui, à bout de bras en commentant à voix haute les évènements qui s'y déroulaient tout en ricanant. Ses longs cheveux étaient étalés autour de lui formant presque comme une toile d'araignée. Il bougeait ses jambes comme s'il essayait de faire un ange de neige dur le tapis. Il profitait certainement de toute la place qu'il pouvait avoir, après avoir grandit dans une cage. Plus d'un avait préféré quitter la pièce pour être plus au calme.
« Et les autres ? Questionna Viper. Il y a bien une trentaine d'autres personnes ici, sans compter les enfants.
—Les autres, je les connais pas.
—Moi non plus.
—Si. On a voyager ensemble pendant trois jours. Alors je te connais. »
Viper soupira. La logique de la fillette était implacable. Elle lui rappelait sa petite sœur. Il s'autorisa à sourire, bien caché sous son masque.
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Nanaya avait attendu ses camarades de classes la sortie des vestiaire après leur cours de sport. Il était plus rapide à se changer car, seul dans le vestiaire des garçons, il ne discutait avec personne. Une grosse partie de sa classe restait souvent près de lui depuis l'incident de son bureau tagué et, comme rien d'autre n'était arrivé, Nanaya commençait à se dire que c'était vraiment l'une d'elles. Il ne le laissait pas paraître, mais il passait son temps à essayer de deviner qui pouvait le détester dans sa classe.
Il n'allait pas se poser cette question longtemps. Il se dirigeait vers leur classe lorsque, en arrivant dans le hall du troisième étage, il ne manqua pas de voir tout de suite les tagues au loin, sur son casier. Il n'y avait rien lorsque la classe était descendue, et aucune fille n'avait quitté le cours de sport. De plus, elles avaient toutes attendu avec lui pour monter toutes ensembles vers la salle. Ce qui voulait dire que ce n'était réellement pas une fille de sa classe, malgré la signature encore notée sous les insultes.
« Encore ?! Gronda Mineko. Qui s'amuse à faire ça ?!
—C'est rien. Marmonna Nanaya.
—Ce n'est pas rien. Continua Inoue. C'est gratuitement méchant ! En tant que représentante de classe, je vais tout de suite en informer Angel Ferret ! Prévenez Samfunia-sensei. »
La jeune fille parti en courant vers la salle des professeur, qui se trouvait de toute façon sur leur route, pendant que la classe rejoignait leur salle.
Cette fois c'était sûr, quelqu'un d'une autre classe était responsable. Samfunia arriva un peu plus tard dans la classe en assurant qu'Angel Ferret allait chercher auprès des premières années.
Les camarades de Nanaya avaient presque courut hors de la classe dès l'heure de la pause, pour aller effacer ces affreux graffitis. Le jeune homme leur était reconnaissant. À sa grande surprise, Kotaro, Kenji, les jumeaux, Tomeo, Enko, Ita et même Monaka arrivaient dans le hall du troisième étage alors même qu'il quittait le couloir avec Mineko, Yuto et Rena.
La blonde avait discrètement envoyé un message sur la conversation de groupe pendant le cours. Kotaro était visiblement furieux, en jetant des coup d'œil en direction du casier que les filles de la classe 2-A étaient en train de nettoyer.
« Je vais buter la personne qui fait ça. Marmonna t-il entre ses dents.
—Ne dis pas n'importe quoi. Répliqua Ita en s'accrochant à son bras. Tu n'es même plus à Darkeas. Les héros ne tuent pas.
—Lâche-moi, planche à pain !
—T'es méchant ! »
Elle resta agrippée à lui avec une moue, jetant comme un regard de défi à Nanaya, mais le garçon d'Aitori n'y prêta pas d'attention. Kenji et Tomeo ne pouvaient pas s'empêcher de rire en voyant Kōtarō aussi agacé par la jeune fille. Depuis ce début d'année, elle se plaignait sans cesse du fait qu'il soit maintenant à Saurity et ne le lâchait plus d'une semelle à chaque pause.
Enko serra Nanaya dans ses bras tout en maugréant sur quiconque pouvait bien oser s'en prendre à « un chaton si mignon et innocent ». Nanaya se sentait reconnaissant envers ses amis d'être aussi impliqué, mais il ne voulait pas trop les inquiéter.
« C'est rien. Assura t-il en s'écartant de l'étreinte d'Enko. Je vais bien.
—Nana-chan, je vais te frapper. Gronda Mineko.
—Je vais vraiment bien !
—Ça te touche. Coupa Kotaro.
—Non. J'ai l'habitude, Kot-chan...
—Tu as l'habitude avec des personnes que tu ne connais pas, qui ne t'ont jamais adressé la parole, qui ne comptent pas pour toi. Cette fois, c'est différent. Je ne veux pas t'entendre dire que tu va bien ! »
Nanaya se mordit la lèvre. Il ne pouvait jamais rien cacher à Kotaro. Ils se connaissaient depuis bien trop longtemps.
« Si on descendait chercher quelque chose aux distributeur ? Lança Tomeo. J'ai faim.
—Vas-y tout seul ! Gronda Kotaro.
—J'ai faim aussi. Souffla Nanaya. C'est une bonne idée. »
Tomeo sourit. Il avait vu juste, lui aussi. Nanaya ne voulait pas en parler, et il voulait s'éloigner des tagues encore visibles malgré le nettoyage de ses camarades. Kotaro grogna mais descendit donc aussi, avec les autres.
Comme à son habitude, Nanaya proposa d'offrir les friandises à ses amis. C'était devenu tellement courant qu'ils n'essayaient même plus de répliquer. Même les gardiens avaient chacun droit à une pâtisserie.
Comme toujours, ils restèrent ensembles jusqu'à la fin de la pause, avant de reprendre les cours tranquillement, puis de traîner jusqu'au couvre-feu. Le printemps bien entamé, il faisait beau et ils s'installèrent sur le toit jusqu'à la fin de la journée.
Nanaya était fatigué sans savoir pourquoi, lorsqu'il rejoignit enfin sa chambre. Encore une fois, comme chaque soir depuis les premiers tagues sur son bureau, il récupéra rapidement le mot posé sur sa table avant que Hyokko ne le voit. Encore des insultes et des menaces. Il le froissa rapidement et le jeta dans la poubelle de sa salle de bain. Il ne prit même pas le temps de le lire. La première fois avait suffit. Il se demandait bien qui pouvait se glisser ainsi dans sa chambre, alors qu'il fermait la porte à clé. Il devrait certainement se renseigner auprès des professeurs, si des élèves avaient le pouvoir de traverser les éléments solides.
Il se déshabilla en soupirant pour prendre sa douche, avant de s'installer confortablement dans son lit.