Le bus avait déposé Nanaya et ses amis au même moment où la limousine s'arrêtait devant l'école. Thoki sorti pour s'assurer que Starlight pouvait marcher sans problème.
« Je vais bien. Assura le directeur.
—Starlight-Kochō ? Appela Nanaya. Je ne savais pas que vous étiez au manoir.
—Hey, Uchiri-san ! Vous étiez de sortie à ce que je vois ?
—Oui. Ogami-san m'a montré la foire.
—Bien. Pour ma part j'ai des membres tout neufs. »
Il tapa sa main droite contre sa jambe, produisant un son métallique à peine étouffé par le tissus entre les deux. Shadow sorti à ce moment. Nakamara l'avait prévenu par message que son compagnon revenait sain et sauf. Se fichant désormais de se cacher ou non, Starlight ne pu s'empêcher de courir pour se jeter littéralement dans ses bras et l'embrasser. Le directeur de Darkeas sembla cependant avoir quelques difficultés à le porter, manqua de tomber et finalement, le reposa rapidement.
« Le métal utilisé est plus lourd. Expliqua Thoki avec un sourire amusé. Il faudra éviter de vous baigner là où vous n'avez pas pieds.
—Bien reçu ! S'exclama Starlight.
—Ah ouais, plus lourd. Marmonna Shadow. Merci d'avoir prévenu... »
Thoki se permit d'en rire. Il les salua et reprit le volant pour partir, alors que tout les autres entraient dans l'école.
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« Je peux savoir ce qu'on fait là ? »
Kohi grimaça en regardant les maisons autour de lui. Une charmante petite banlieue calme, dans une petite ville bien loin de Tokyo. Meltdown lui tendit une page de journal sans arrêter de marcher.
« Je cherche une personne en particulier. Lança t-elle. En vérité, ça fait un petit moment que Lord le traque, et il devrait se trouver ici. »
Kohi jeta un œil à l'article. Il datait de trois ans auparavant. Un policier avec une mutation d'invisibilité avait sauvagement agressé et tué deux de ses collègues ainsi que deux civiles chez qui ils intervenaient à ce moment. Selon l'article, il s'appelait Taguchi Shoko et il était activement recherché pour meurtres, mais aussi pour kidnapping. Il avait, en effet, emmené la fille des deux victimes civiles, alors âgée de quatre ans. L'article le décrivait comme armé et dangereux, du fait d'un entraînement militaire intensif qu'il s'était imposé avant son entrée dans les forces de l'ordre.
Il n'était pas étonnant que Lord voulait cet homme dans ses rangs.
« Je vois. Marmonna Kohi. Mais l'invisibilité fait partie des mutations les plus répandues. De quelle maniére vous espérez le trouver exactement ?
—La gamine. On trouve la gamine d'abord.
—Il l'a peut-être tuée depuis.
—C'est sûrement ce que moi je ferais. Mais ce type travaillait au département de la protection de l'enfance. S'ils sont intervenus chez cette famille, c'est que les parents ne devaient pas être tout à fait innocents. Il était décrit pas ses collègues comme particulièrement impliqué et il aurait déjà commis des bavures policières.
—Je vois le genre. Et donc si on cherche une enfant, commencer par celle qui se balade toute seule dehors à une heure aussi tardive, c'est une idée, non ? »
Meltdown, occupée à ranger l'article dans son sac, releva la tête. À quelques mètres devant eux, devant le portail d'une maison, se tenait une petite fille d'environ sept ans. Elle ressemblait à l'enfant en photo sur le journal, mais avec quelques années en plus. Elle semblait attendre quelque chose, et tenait ce qui semblait être des vêtements d'adultes dans ses bras, ainsi qu'une paire de botte, définitivement trop grandes pour elle.
Meltdown sourit et s'approcha. Du point de vu de Kohi, elle avait l'air plutôt menaçante, la fillette allait sûrement s'enfuir.
« Senri Sumira ? Appela la femme en agitant l'article. Tu es perdue, mon enfant ? »
La petite sursauta et tourna la tête dans sa direction avant de faire un pas en arrière. À ce moment, les vêtements qu'elle tenaient remuèrent. Un revolver s'en extirpa et sembla s'envoler, pointé vers Meltdown, alors que le cran de sécurité se retira de lui-même.
« Évidemment. Lança la femme. Je me doutais bien qu'elle n'était pas seule. Taguchi Shoko, je présume ? Excusez-moi de regarder votre arme en vous parlant, mais je ne peux pas vraiment voir vos yeux alors...
—Qu'est-ce que vous voulez ?! Aboya une voix d'homme. Ne faites pas un seul pas où je vous explose la cervelle !
—Oui, oui. Je connais vos méthodes. Soyez raisonnable et baissez votre arme. Je ne suis pas de la police, si ça vous inquiète.
—Police ou non, je ne vous laisserais pas vous approcher de ma fille !
—Votre fille, hein ? Nous savons tout les deux qu'elle ne l'est pas.
—Si ! Gronda l'enfant. C'est un meilleur papa que mon vrai papa !
—Je vois... ce n'était donc pas un kidnapping.
—Bien sûr que non ! Grogna Shoko. Je ne suis pas ce genre de monstre !
—Non, c'est vrai. Vous êtes juste celui qui massacre des parents en laissant leurs enfants traumatisés à vie. Vous avez fait un sacré nombre de victimes en seulement trois ans.
—Comment...
—Quoi ? Surpris ? La plupart de vos crimes n'ont pas été reconnus comme étant votre œuvre, mais Lord a ses propres moyens. »
L'arme se baissa doucement. Un léger rire avec une pointe d'hystérie se fit entendre.
« Lord, hein ? Se moqua Shoko. Heh... des années que mes anciens collègues le cherchent, celui-là.
—Ça fait plaisir d'entendre que la police le prends au sérieux. Quoi qu'il en soit, vous l'intéressez.
—Ce n'est pas réciproque.
—Vous n'avez même pas écouter mon offre...
—Je n'en ai pas besoin. Je ne ferais pas affaire avec un contrebandier ! Les histoires disent qu'il vends aussi des enfants...
—Oh, non. Il ne touche pas aux gosses. Son trafique d'humain se fait avec des adultes au cerveau... grillé. Plus ou moins. Mais bon, on ne va pas vous forcer. Faites vos trucs dans votre coin. Il vous aurait fourni armes et protection, mais vous êtes libre. »
Elle attendit un instant. Il ne semblait pas en démordre. Meltdown haussa les épaules et interpella le plus jeune pour finalement partir. Elle n'allait pas essayer de forcer un homme armé. Kohi resta cependant planté là, fixant la petite Sumira. Son regard se déplaça sur l'arme qui semblait bouger toute seule.
« Tohoshi-san ! Appela Meltdown. On n'a pas toute l'année !
—C'est la vie que vous voulez pour elle ? Lança soudain le jeune homme aux cheveux blancs.
—Pardon ? Répondit la voix de Shoko.
—Votre fille. Sumira, c'est ça ? Vous voulez vraiment qu'elle grandisse dans la rue ? À aller de ville en ville, à devoir se cacher de la police ?
—Et que sais-tu exactement de la vie dans la rue ? T'as l'air d'être plutôt bien habillé. Ton manteau, c'est une marque sacrément chère.
—...j'avais quatorze ans, quand j'ai commencé à errer. Alors une enfant ? Sérieusement, c'est pas une vie. Mes vêtements je les volent. J'imagine que vous faites pareil. Ça vous va qu'elle n'ai nulle part où dormir ? Pas d'amis? Pas d'endroit où rentrer ? »
L'invisible resta silencieux. Meltdown esquissa un sourire. Elle n'avait pas pensé un seul instant que le jeune homme allait lui être utile pour le recrutement.
« Ça m'étonnerais que Lord puisse lui offrir tout ça. Lança finalement Shoko.
—Il peut. Coupa Meltdown en essayant de se faire plus douce. Le manoir flottant est largement assez grand. Nous sommes comme une grande famille. Et puisque certains de mes camarades ont des enfants, il a même fait installé une salle de jeux. Elle serait en sécurité. Tout ce que vous avez à faire, c'est de le rejoindre.
—...Ce n'est pas juste une manière de m'attirer ? Car si c'est le cas...
—Non. Vous pourrez venir, visiter le manoir, voir la salle, rencontrer les autres enfants si vous le souhaitez. Tout ça avant de vous décider. Si ça ne vous plait pas, alors vous serez libres de partir. Sinon, vous pourrez considérer cet endroit comme chez vous. »
Il sembla réfléchir. Meltdown se retint de ne pas montrer son agacement. Kohi était prometteur. Elle ne manquerait pas d'en parler à Lord. En attendant la réponse de l'invisible, elle alluma une cigarette.
« ...il y a quelque chose que j'aimerais faire avant. Déclara finalement Shoko.
—Quoi donc ?
—Cette maison. Je traque cette famille depuis des mois. Ils ont un portique, des jouets pour enfants. Mais aucun enfant n'est jamais entré ou sorti de cette baraque.
—Le portique n'a pas l'air utilisé depuis longtemps. Remarqua Kohi en jetant un coup d'œil discret à travers la haie. Ils ont peut-être perdu leur enfant.
—C'est ce que je me suis dis. Jusqu'à ce que leur voisin leur demande comment allait leur fils et qu'ils répondent par la positive. Hors, j'ai regardé chaque fenêtre et pas trace d'un enfant, ni même d'une chambre. Il n'y a même aucune photos.
—Vous voulez aller voir ? Demanda Meltdown. Pourquoi ?
—Parce que c'est ce que je fais ! Si un enfant est battu, séquestré, maltraité, ses parents ne méritent que la mort ! »
La femme perdit son sourire moqueur, qui se changea en une légère grimace. Il valait mieux qu'il ne sache pas ce qu'elle avait elle-même fait à son fils.
« Bien ! Lança t-elle. Allez-y. Allez donc faire un dernier petit massacre. »
Shoko déchargea son arme avant de la reposer sur le tas de vêtements que sa fille tenait. Désormais totalement invisible, seul l'herbe qui s'affaissait sous les pas, trahissaient sa présence. Il se dirigea d'abord vers une fenêtre, pour vérifier où se trouvaient les habitants. À une telle heure, ils dormaient sûrement, mais la lumière était allumée dans le salon.
Alors que Meltdown, Kohi et Sumira attendaient à l'entrée du jardin, Shoko poussa soudain un juron, clairement surpris, en s'écartant vivement de l'ouverture.