La pose de la prothèse avait été douloureuse. Nakamara avait refuser le moindre anesthésiant, assurant que, s'il n'avait pas prit la peine d'en donner à son fils, il ne méritait pas d'en avoir. Il s'était évanoui à la fin et Thoki l'avait ramené dans sa chambre pour qu'il s'y repose jusqu'au matin du festival le lendemain.
Ce matin là, Nanaya et Teiji s'étaient levés très tôt. Quelques préparatifs de dernières minutes devaient être effectués. Un petit-déjeuné leur était également promis sur place, ils s'habillèrent donc immédiatement au saut du lit pour partir. Mais Teiji s'arrêta devant la porte alors qu'il mettait son masque.
« Attends, lança t-il. Je vais quand même prévenir Thoki-san que nous partons maintenant. J'ai vu de la lumière sous sa porte il est sûrement réveillé.
—Je restes ici. »
Teiji lui frotta affectueusement la tête et rejoignit la chambre du majordome, juste à côté de la cuisine. La plupart du temps, il ne l'utilisait pas puisqu'il dormait avec Nakamara. Mais le maître de maison ayant besoin de repos, il avait passé sa nuit ici. L'infirmier frappa à la porte et l'ouvrit sans en attendre l'autorisation.
Thoki était au sol, faisant des pompes sur un bras, l'autre dans son dos. Il releva la tête et s'arrêta pour se lever et s'étirer.
« Un problème ? Demanda l'homme.
—...Tu es sacrément bien conservé pour un centenaire. Marmonna Teiji.
—Centenaire ? Comme tu es gentil. Deux-cent-quinze ans déjà, tu sais ? Enfin... je suis coincé dans ce corps pour l'éternité, il faut bien que je l'entretienne. »
Teiji haussa un sourcil et déplaça son regard sur l'énorme cicatrice qui barrait sa poitrine, à l'endroit exacte du coeur, celles, nombreuses, qui marquaient sa gorge, et les bandages qui dissimulaient ses poignets. Il grimaça et les désigna en grondant :
« Ah, ouais ! Et ça, c'est aussi pour l'entretenir ?!
—Tu t'en inquiètes ?
—Premièrement, je suis certains que ça ne plait pas à Nakamara ou Nanaya. Et deuxièmement, je suis spécialisé dans la médecine. Alors oui !
—...je vois. Si ça peut te rassurer, je n'ai rien tenté depuis au moins deux mois.
—Super... enfin... je venais juste te prévenir qu'on partait.
—Vous ne voulez pas que je vous prépare un petit-déjeuné ?
—On en aura un sur place. Occupes-toi de Nakamara.
—Bien. Il voudra certainement venir à la première heure. Nous nous verrons là-bas.
—Ouais. À plus tard alors. »
Teiji le salua et rejoignit Nanaya pour partir. Les élèves qui avaient décidés de dormir sur place étaient bien sûr déjà là. Kotaro discutait à l'entrée avec Kenji qui venait juste d'arriver, ainsi qu'avec les directeurs de Saurity et Darkeas.
« La rentrée est demain. Assura Shadow. Donc, tes affaires doivent être déplacées au dortoir de Saurity ce soir au plus tard.
—J'ai le droit d'utiliser mon pouvoir pour ça ? Demanda Kotaro, agacé.
—Bien sûr. Confirma Starlight. Je n'y voit aucun inconvénient.
—Je vis plutôt loin... je pourrais rester au dortoir ce soir encore ?
—Tu n'as pas passer un seul jour des vacances chez toi. Répliqua Kenji. Tu ne veux pas quelques heures avec ta famille ?
—...ils viennent au festival. C'est suffisant. Oh. Nana-chan ! »
Il évita habilement la conversation en accueillant son ami. Les deux adultes restèrent perplexe, mais Shadow fit la remarque qu'il n'était pas rare d'être en conflit avec ses parents à son âge. Kenji n'en était qu'à moitié convaincu, mais préféra ne pas continuer la discussion et accueillit également Nanaya.
Les élèves se préparèrent enfin pour ce jour, espérant que cette fois, tout ce passerais bien. Beaucoup doutèrent lorsque la limousine des Uchiri se gara devant l'école. Malgré l'annonce publique que Nakamara avait fait, certains restaient méfiants. Il était encore plus étonnant de le voir avec deux bras. La prothèse était dissimulée par la manche de sa veste et, comme souvent, il portait des gants. Thoki l'accompagnait cette fois. À peine avait-il fait deux pas que Kahoru arriva sur lui comme une fusée pour le serrer dans ses bras.
« Naka, Darling ! S'exclama t-elle. Tu nous a énormément surpris, tu sais ?
—Kahorunee-san...
—Oh, pardon Darling. Tu as encore mal ?
—Oui, mais... arrêtes de me serrer contre toi alors que je t'arrive à la poitrine, tu va finir par m'étouffer !!! »
L'immense femme se contenta d'éclater de rire. Son mari les rejoignit, entouré par ses six filles, et Nakamara se fit la remarque qu'il était encore plus petit que lui, de dix bons centimètres. Ils échangèrent un instant et Koharu lui révéla même, à l'oreille, son identité d'héroïne.
« ...comment j'ai fais pour ne pas te reconnaître ? Marmonna Nakamara. Ça me paraît si évident maintenant...
—La colère ? Le feu de l'action ? Peu importe ! Allons découvrir ce qu'on fait nos chers anges, Darling ! »
Il n'arrivait pas à croire qu'elle était restée son amie malgré leurs nombreux combats. Il l'avait blessée plus d'une fois. Ils récupérèrent un livret à l'entrée, qui résumer toutes les animations présentées par les élèves, ainsi que le programme du soir qui se terminait par la pièce. Distribué par Blue Manta, Kahoru en profita pour enlacer affectueusement son fils. Elle fit de même avec Kenji lorsqu'ils débarquèrent dans la cour.
« Hey, salut Thoki-san, bonjour Uchiri-san. Lança Kenji en essayant de se défaire de ses sœurs qui s'étaient jetées sur lui. Chaton... je veux dire... Nanaya est au réfectoire avec sa classe.
—Café Maid ? Lu Nakamara en regardant le livret. J'ai bien fait de ne pas beaucoup manger ce matin.
—Merci, Hase-kun. Déclara Thoki, amusé de voir le jeune homme se débattre contre ses sœurs. Nous reviendront sans doute. »
Ils le saluèrent. Kahoru et son époux s'éloignèrent aussi en emmenant leurs filles, bien décidées à faire la maison hantée des premières années de Darkeas.
En entrant dans le réfectoire, ils virent immédiatement que la plupart des visiteurs avaient commencé par ça. Beaucoup de tables étaient prises, et Phen-X était là aussi. Il leur fit signe de venir s'asseoir avec lui.
« Tu n'aide pas ? S'étonna Thoki.
—Je suis juste appelé si quelqu'un se blesse alors je vais faire des rondes toute la journée. Expliqua Phen-X. Mais à part ça, je n'ai rien à faire alors, autant venir profiter. Katagiri-chan fait des crêpes incroyables. »
Alors qu'il disait ça, quelqu'un vint déposer une assiette devant lui, garnie d'une crêpe banane-chocolat-chantilly. Nakamara et Thoki restèrent un instant interloqués devant « la » serveuse.
« Papa, tu va mieux aujourd'hui ? Demanda Nanaya en regardant ses bleus.
—...j'ai failli ne pas vous reconnaître jeune maître. Marmonna Thoki en jetant un coup d'œil à Nakamara. »
L'homme d'affaire croisa son regard et sembla agacé. Il avait bien une petite idée de ce qui traversait l'esprit du majordome à cet instant.
« Tu rêves. Marmonna t-il. »
Thoki pouffa de rire, surprit qu'un simple regard ait pu ainsi trahir sa pensée. Mais il n'en démordrait pas. Un jour ou l'autre il réussirait à mettre une tenue de ce genre à Nakamara.
« Comment tu t'es retrouvé comme ça ? Marmonna Nakamara.
—Bonne question. Répondit innocemment son fils. Je ne sais pas pourquoi toutes les filles semblent absolument vouloir me mettre des robes.
—Allons bon...
—Et ton bras ? Je n'ai pas pu vérifier si tout fonctionnait, du coup...
—Oh, oui. À merveille. »
Il ôta son gant et releva sa manche pour dévoiler la machine. Tout fonctionnait parfaitement bien. Nanaya avait même pensé à y installer des capteurs qui donnaient à Nakamara les sensations du toucher. C'était comme s'il n'avait jamais perdu son bras. Il bougea les doigts et plis le coude, à la demande de son fils. Mineko s'était approchée, des étoiles dans les yeux, impressionnée par le talent et l'ingéniosité de son ami.