Nanaya s'intéressa finalement à son plateau. Il ne savait pas du tout par quoi commencer. Il jeta un œil aux autres, qui s'étaient décidés à manger aussi, et remarqua à ce moment, à une table plus loin, que Kotaro le fixait d'un air furieux. Lorsque leurs regards se croisèrent, son ami détourna le sien. Mais Nanaya l'avait vu. Il ne comprenait pas son comportement. Il soupira et attrapa la pomme.
« Hey... il y a une peinture de ça dans ma salle à manger. Souffla t-il. Comment ça se mange ?
—Chikushō! S'exclama Miiko. Tu vis dans une grotte ?! Qui n'as jamais manger une pomme ?
—Ferme-la, Miiko. Gronda son frère. »
Kenji ne fit aucune remarque. Il se contenta de prendre le fruit, se saisir de son propre couteau et entreprit de l'éplucher et de la couper.
« Tu peux aussi croquer simplement dedans. Expliqua t-il en lui tendant les quartiers. Mais on ne sais pas quels pesticides sont utilisés dessus, il vaut mieux retirer la peau. Il faut surtout retirer le milieu. Les pépins de pommes contiennent du cyanure. Une toute petite quantité, mais ça reste du poison.
—Je suis immunisé. »
Les regards surpris se posèrent à nouveau sur Nanaya. Il stoppa son geste alors qu'il était sur le point de mettre un morceau dans sa bouche. Ça semblait tellement évident pour lui.
« Mon père. Continua l'adolescent. Il m'a immuniser à la plupart des poisons. Il a toujours dit que c'était indispensable.
—Comment il a fait ? S'inquiéta Mineko.
—En me les injectant en petites quantités mélanger à de l'anti-poison de sa conception.
—Il aurait pu te tuer ! S'indigna Kenji.
—Non. Mon père sait ce qu'il fait.
—Comme en te privant de manger ? Gronda à nouveau Mineko.
—Il ne me prive pas...
—Tu n'as jamais manger de pomme, tu ne sais pas prendre un petit-déjeuner complet et tu es maigre !
—Je ne suis pas maigre.
—Là, tu te fiche de nous. Coupa Naoaki. On voit tes côtes.
—Père dit que c'est parce que je suis encore un enfant.
—Non. Gronda Kenji. Tu es un adolescent et même pour un enfant ce n'est pas censé être normal ! Maintenant, manges cette pomme et je ne veux plus entendre la moindre mention de ton père. »
Nanaya baissa les yeux. Il n'avait jamais remit en cause ce que son père lui disait. Mais en y repensant, n'était-ce pas le propre des vilains, de mentir ?
Il se décida à fourrer un quartier de pomme dans sa bouche et se figea de surprise. Le goût sucré du fruit était totalement nouveau pour lui. Il n'arrivait même pas à décrire mentalement ce qu'il sentait. La chaire de la pomme était fondante et savoureuse. Il ne se souvenait pas avoir manger quelque chose d'aussi bon.
Ses camarades avaient les yeux fixés sur lui pour observer ses réactions. Il ne vit pas, plus loin, Kotaro le regarder aussi. Il avait souvent essayé de lui faire manger des friandises et des pâtisseries, quand ils étaient enfant, mais Nanaya avait toujours refusé. Cela l'énervait encore plus de voir que ces autres personnes, qui connaissaient son ami depuis moins d'une journée, avaient réussi. Bien sûr, il s'y était peut-être mal prit... mais il refusait d'envisager cette possibilité.
« Alors ? Demanda soudain Yuto. »
Nanaya sorti de sa stupeur et tourna la tête vers elle. C'était la première fois qu'elle s'adressait directement à lui. Elle avait une petite voix aiguë mais assez douce. Dès qu'il croisa son regard, elle sembla se tasser sur sa chaise, comme s'il allait la désintégrer pour avoir osé lui adresser la parole.
« ...c'est bon. Marmonna le jeune homme. »
Comme pour confirmer, il prit un second quartier qu'il dégusta. Il goûta tout ce qu'il y avait sur son plateau, avec un plaisir qu'il n'avait jamais eu et n'en laissa pas une miette. Il aurait bien voulu en manger plus, mais Kenji lui assura que, n'étant pas habitué, il pouvait tomber malade s'il en abusait. Il se contenta donc de ce qu'il avait eu.
Huit heures trente approchait et avec, l'heure des premiers cours. Nanaya, Mineko, Yuto et Inoue pressèrent le pas vers le troisième étage. Le garçon ne manqua pas de remarquer la présence de ce qui semblait être des ouvriers, dans le hall, parlant très sérieusement avec Starlight et Bunny. Il ne s'y attarda pas d'avantage et grimpa rapidement les escaliers.
Angel Ferret était déjà dans la salle lorsqu'ils arrivèrent, mais ils n'étaient pas les derniers. Ils s'installèrent donc en silence.
Le professeur ajusta ses lunettes, lorsque tout le monde fut en place, et le furet volant qui l'accompagnait se posa à côté. Son pelage était vert et il était doté d'une paire d'ailes roses duveteuses. Il se tenait droit, sur ses pattes arrières, les ailes repliées dans son dos.
« Aujourd'hui, annonça la femme. Vous allez recevoir votre gardien. Mais avant, Washi va vous donner quelques explications.
—Avant de réellement pouvoir faire équipe avec un gardien, continua le furet. Vous devez savoir qui nous sommes et d'où nous venons. Il y a certaines questions auxquelles je ne répondrais pas. Il y a des détails que vous n'avez pas besoin de savoir et d'autres que nous ne connaissons pas nous-même. Il vous faut savoir que nous étions humain aussi, avant. Les gardiens sont des esprits. Des esprits suffisamment forts pour ne pas disparaître. A notre mort, un pouvoir et une nouvelle forme nous sont accordés. Par qui ou quoi, ça, c'est une des questions dont vous aurez pas la réponse. Cependant, nous sommes incapable d'utiliser nous même cette magie. Nous devons la partager en nous liant avec un humain encore en vie. Hm ? Oui, Orio-san ?
—Vous vous souvenez de votre ancienne vie ? Demanda la jeune fille en baissant la main. De quand vous étiez humain ?
—Non. Enfin, la plupart du temps. Mais il y a déjà eu des exceptions. Lorsqu'un esprit est particulièrement attaché à un être cher encore en vie, alors ses souvenirs persistent. Généralement, le gardien va refuser de se lier à une autre personne et si son être cher possède déjà un pouvoir, il se contentera de le suivre sans pouvoir l'aider. Ce n'est pas mon cas. Je ne sais ni qui j'étais, ni à quel époque je vivais. Et vos gardiens seront tous dans mon cas, sans aucun doute. Voilà. Je te laisse le reste, Angel-chan.
—Bien. Reprit le professeur. Comme vous l'aurez compris, le pouvoir qui va vous être confier, ne vous appartient pas réellement. Si votre gardien décide que vous n'en êtes pas digne, alors il vous le reprendra. Vous êtes toutes... et tous, nés sans aucun pouvoir. Votre corps n'est pas apte à en avoir un. C'est quelque chose dont vous devez être pleinement conscient, sans quoi, vous risquez de ne pas prendre de précautions. C'est là que les sceptres interviennent. Votre corps est effectivement trop faible pour supporter un pouvoir, même le plus insignifiant. Le sceptre sous sa forme originale ou celle d'un simple accessoire, est un canaliseur. Une magical girl... ou un magical boy, ne doit jamais se séparer de son accessoire. Soyons clairs. Vous êtes parfaitement capables d'utiliser la magie qui vous est confier, sans porter votre objet. Mais les conséquences seraient désastreuses. Outre une perte de connaissance de plusieurs heures, ce qui pourrais s'avérer fatal dans certaines circonstances, votre corps serait alors exposé négativement à votre pouvoir. Ce sera plus parlant avec quelques exemples. Prenons Bunny, la directrice. Son pouvoir lui permet d'effectuer des bonds de plusieurs mètres. Elle peut même sauter au sommet d'un building. Si elle ne portait pas sa bague, elle se briserait les jambes. »
Quelques élèves semblèrent horrifiées. Cette face cachée des magical girls ne leur avait jamais été révélée. Et pour cause. Si un vilain en prenait connaissance, il saurait qu'il lui suffit de détruire l'accessoire. Angel ferret ramena le silence. Elle attendit que les regards se braquent de nouveau sur elle, et deux grandes ailes de plumes roses jaillirent soudain de son dos.
« Mon pouvoir. Continua t-elle. Est de faire pousser ces ailes à volonté. Mais, si je ne portais pas les lunettes que Washi m'a confié, mon dos se déchirerait et mes os exploseraient sous la pression de leur présence. Certains pouvoirs ne feront que blesser leur possesseur, s'il ne porte pas l'accessoire. Mais d'autres peuvent s'avérer mortel. Alors, jeunes filles...et jeune homme, dès que vous aurez reçu le votre, ne vous en séparez plus jamais. »