Les journées passèrent et avec elles, les nuits amoureuses de James et Claire. Le bal masqué arriva rapidement et les invités étaient nombreux à passer la porte du palais pour pouvoir profiter de cette soirée où personne ne pourrait les reconnaître. Toutes les grandes familles anglaises avaient été conviées à participer à ce bal masqué afin de fêter le retour de leurs Altesses royales.
Ces derniers étaient en chambre, Claire finissant de se préparer, James faisant les cent pas dans la pièce, attendant que sa femme soit prête.
– As-tu bientôt fini ? s'impatienta James.
– Il ne me reste que les boucles d'oreilles et je devrais être prête normalement.
James maudissait les femmes pour mettre tant de temps pour se préparer. Il se retourna lorsqu'il entendit sa femme toussoter pour attirer son attention et... resta bouche bée. Vêtue d'une robe rouge foncée, elle avait revêtu un loup noir sur son visage pour dissimuler son identité.
– Comment suis-je ?
– A tomber !
Et pour cause, s'ils n'avaient pas été en retard, il serait bien restée avec elle au lit. Mais le devoir les appelait et il était temps pour eux de se rendre à la fête. Il tendit la main pour qu'elle la prenne. Au moment où elle glissait la sienne dans celle de James, elle se pencha en avant, une grimace de douleur sur le visage. James se précipita à ses côtés et lui demanda si tout allait bien.
– Tout va bien. Ce n'est qu'une crampe. Depuis la promenade avec père, j'en ai souvent.
– Et tu n'as pas pensé à consulter un médecin ?
– J'ai des crampes depuis petite à chaque retour de cours d'équitation. Si je devais appeler un médecin à chaque fois, ils seraient riches, dit-elle en riant avant de grimacer à nouveau.
Ça va aller, ne t'inquiète pas.
Elle lui sourit comme pour lui prouver que tout allait pour le mieux. James, suspicieux, lui tint quand même la main pour l'accompagner jusqu'en bas où la musique se faisait entendre.
– Au moindre souci, nous remontons. Est-ce clair ?
– James, laisse-moi profiter du bal pour notre retour. Tout ira bien, j'en suis sûre.
Elle le quitta pour se diriger vers le buffet et manger un petit quelque chose. Malgré ce qu'elle avait pu dire à James, cette crampe durait assez longtemps. Elle se frotta le ventre espérant que cela fasse quelque chose et tenta d'inspirer profondément. Pourquoi Castille avait-elle serré aussi fort son corset ? Elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer dans cette tenue.
– Votre Altesse, quelle joie de vous revoir.
Elle se tourna sur le côté, un muffin toujours à la main et vit devant elle Friedrich d'Hordaland. Elle manqua de s'étouffer avec les miettes et avala rapidement. Dieu du Ciel, il faisait vraiment chaud dans cette salle.
– Je suis heureux de vous revoir. Cela fait maintenant quelques mois que nous ne nous sommes vus.
– Oui. Depuis le jour où vous m'avez rejetée alors que c'était le moment où j'avais le plus besoin de mon fiancé.
– L'honneur d'une femme compte vraiment dans notre pays.
– Autant que sa vie j'imagine ?
Il eut pour seule réponse un sourire. Puis contre toute attente, il tendit sa main et l'invita à danser. Claire savait que si elle refusait, elle serait vue comme la princesse qui avait de la rancœur. Et ce n'était pas son but. Aussi accepta-t-elle de mauvaise grâce son invitation. Ils se placèrent tous les deux sur la piste, avec les autres danseurs. La musique commença et ils entamèrent un quadrille.
James était en train de discuter avec sa mère et sa sœur, lorsqu'il vit cette dernière pointer du doigt la piste de danse. Il tourna son regard vers celle-ci et vit Claire et le prince de Norvège en train de danser le quadrille. Aussitôt, il sentit quelque chose dans ses tripes se serrer. Un sourd grondement se fit entendre de sa gorge. Quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler. Il serra ses poings aussi fort qu'il pouvait tout en continuant de fixer les deux danseurs. Il avait deux mots à dire à son épouse. Comme par exemple, lui interdire de danser avec cet âne blond qui ne savait que sourire et non réfléchir.
– James... ?
Il regarda en direction de sa sœur et vit de la peur dans son regard. Aussitôt il se détendit.
– Excuse-moi il faut que j'aille parler à Claire.
Elle acquiesça de la tête et il partit la rejoindre, étant donné qu'il venait de terminer le quadrille. Ils étaient en train de discuter près du buffet. Il pila net en voyant Friedrich faire le baisemain à son épouse avant de la quitter. Et lorsqu'elle se tourna pour prendre un verre et se désaltérer, elle était rouge. Rouge car heureuse de se faire baiser la main par un prince ? Il serra les dents et continua son avancée jusqu'à l'atteindre et la prendre par le coude.
Claire fut surprise et sursauta en sentant quelqu'un empoigner son bras fermement.
– Alors maintenant vous acceptez de danser avec ceux qui vous ont déshonorée ? chuchota-t-il énervé.
– James ? Mais enfin, c'est la moindre des politesses. Si j'avais refusé sa proposition Dieu seul sait ce qu'il aurait pu faire.
– Ne jurez pas en ma présence Claire ! Vous êtes rouge telle une jeune débutante, heureuse d'avoir pu danser avec un bel homme.
– Mais enfin... Serais-tu jaloux ? demanda-t-elle les yeux arrondis par la surprise.
James se posa la question à lui-même. Serait-il jaloux ? Non. Certainement pas. Être jaloux d'un prince blondinet qui avait un sourire charmeur et qui faisait tomber toutes les femmes sur son passage ? Lui faisait de même à l'exception qu'il était brun.
– Jaloux ? Enfin tu délires ! Je ne suis pas jaloux de ce prince vantard. Mais je ne veux plus que tu lui adresses la parole.
– Tu ne peux pas faire ça.
– C'est moi ou c'est lui, murmura-t-il en serrant un peu plus fort son bras.
– Mais James, c'est complètement stupide.
– Très bien.
Et sur ces mots, il lui tourna le dos et partit à grandes enjambées. Il l'entendit l'appeler par son nom avant d'entendre un toussotement et des verres se casser. Il se retourna et vit Claire tomber sur ses genoux, avant de s'effondrer sur le sol. Sa poitrine se serra et il se précipita vers elle pour la prendre dans ses bras et tenter de lui faire reprendre connaissance.
– Un médecin ! Allez chercher un médecin !
Des murmures s'élevèrent tandis que James soulevait dans ses bras sa femme avant de se frayer un chemin dans la foule. Qu'avait-elle pu avoir pour faire un malaise ? Ce n'était quand même pas ce qu'il avait dit. Il lui avait sorti des mots bien pire et jamais elle ne s'était effondrée. Il monta les marches trois par trois, puis, une fois arrivé dans leur suite, il la déposa sur le lit.
– CASTILLE !
Il la tourna sur le côté et entreprit de défaire les lacets de son corset. Il n'avait jamais compris le but de porter ce genre de choses mis à part pour mettre en avant taille et poitrine. Il soupira, ses mains tremblantes, s'empressant de défaire le plus vite possible le fil.
La gouvernante arriva dans la chambre et poussa un petit cri en voyant la scène. James la regarda, la bouche tremblante.
– Je vous en prie ! Venez m'aider.