Chapitre 11

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Tandis que Claire se déshabillait, Castille pliait ses affaires et les rangeait. Au bout d'un moment, la gouvernante ne pouvant plus supporter le silence qui s'était installée, se positionna face à sa maîtresse et mit les poings sur les hanches.

– Et maintenant, racontez moi la vérité votre Altesse !

– Je suis tombée et... commença à réciter d'une voix monotone Claire en regardant au loin.

– NON. Je veux la vérité !

Claire posa les yeux sur sa gouvernante et vit les sourcils froncés. Elle soupira et alla s'asseoir sur le lit, en chemise de nuit. Elle tritura ses mains, nerveuses à l'idée de tout raconter. Castille s'assit à côté d'elle et posa une main sur ses genoux pour l'encourager. Claire inspira puis expliqua tout ce qui s'était passé, depuis son retour à Londres jusqu'à cette soirée. Toutes les discussions qu'elle avait pu avoir avec James d'Egerton.

– Crois-tu qu'il ne m'aime vraiment pas ? Ou fait-il juste cela par honneur ?

– Je ne sais mon petit ange. J'avoue que je suis perplexe. Les hommes sont compliqués. Mais il a tenté de vous embrasser plusieurs fois alors il doit quand même être attiré par vous.

– Ai-je une chance de me marier avec lui ou au moins garder de bonnes relations ? demanda Claire plein d'espoir.

– Je ne pense pas... Vous êtes fiancée, lui aussi. Cela ne s'annule pas comme ça. Surtout pour vous. Vous êtes la future reine d'Angleterre quand même.

Claire soupira et se laissa tomber sur l'oreiller en pleurant. Elle aurait voulu s'enfuir loin d'ici pour échapper à toutes ces convenances. Elle serait allée retrouver James et l'aurait persuadé de s'enfuir avec elle. Mais maintenant, c'était trop tard. Lui s'était engagé à épouser la fille du marquis et elle... Sa mère avait scellé son destin.

Castille lui caressa l'épaule et lui conseilla de dormir pour affronter la journée du lendemain avant de souffler les bougies et de sortir discrètement de la chambre. Claire ferma les yeux, espérant trouver le sommeil mais rien n'y fit. Elle se tourna et se retourna, mais le visage de James était ancré dans sa tête. Elle se remémorait les paroles qu'il avait pu lui dire : « J'accomplirai mon devoir, je suis un homme d'honneur ! ». Il l'était. Claire le savait et pourtant, elle aurait souhaité qu'il le soit un peu moins pour l'avoir près d'elle.

Le soleil se leva et Claire avait toujours les yeux ouverts. Elle savait à présent ce qu'était que de passer une nuit blanche. Elle soupira et s'assit sur son lit, prête à affronter la journée. Castille entra à ce moment avec une robe rose pâle, des gants blancs et des souliers blancs aussi.

– Mais... Quel est le but de cette journée ? Parce que je ne comptais pas me marier avant un an au moins.

– Le prince souhaite se promener avec vous. Et je réserve votre belle robe verte pour demain, la parade.

– La parade ? s'étonna Claire en s'étirant.

– Oui, la parade des fiancés. Comme le bal est passé, vous devez vous présenter avec votre fiancé en faisant le tour de la ville. Tout est en train de se préparer.

– Je ... Ne savais pas.

Castille sourit et l'aida à se lever pour l'habiller. Elle lui donna le programme de la journée puis lui tendit une liste avec plusieurs points à respecter. Claire la prit et la parcourut rapidement.

– Sérieusement ? Je dois déjà commencer les cours d'économie et de gestion du pays ? Je croyais qu'il fallait que j'attende d'être mariée.

– Votre mère a bien été claire votre Altesse.

– Et mon père ? Parce que si je suis toujours à la bonne époque, c'est mon père qui est roi d'Angleterre et non ma mère. Que pourrait-elle bien m'apprendre ?

– Ce ne sera pas elle qui vous fera les cours mais un professeur renommé si j'ai bien compris.

– Désolée mais je préfère aller me promener avec le prince toute la journée plutôt que de suivre ce cours, dit Claire en croisant les bras.

Trois heures plus tard, elle regrettait ses paroles. Comment avait-elle pu imaginer passer toute la journée avec Friedrich. Elle se trouvait actuellement à son bras et lui, était en train de vanter les charmes et atouts de son pays. Claire observait les alentours essayant de ne pas prêter attention à ce que le prince pouvait bien lui raconter.

– Oh regardez, un spectacle de marionnettes. Voulez-vous que nous nous approchions ? demanda-t-elle tout à coup, l'interrompant par la même occasion.

– Si vous le souhaitez Claire.

Cette dernière lâcha son bras et trottina comme elle pouvait jusque derrière les bancs où plusieurs enfants et adultes se trouvaient. Elle sourit en voyant les marionnettes s'agiter. Cela lui rappelait son enfance, lorsque son père faisait des imitations pour la faire rire le soir. Elle se sentit nostalgique à cet instant. Elle serait bien retournée à ce moment de sa vie, où tout semblait plus simple.

– Que raconte l'histoire ? demanda Friedrich tout bas.

– C'est l'histoire d'un jeune garçon qui est un voleur et un jour, il rencontre une princesse. Il essaie de conquérir son cœur par tous les moyens possibles et normalement, si tout se passe bien, il finira avec elle.

– Tout ceci est stupide. Comment cela peut-il amuser des enfants ?

– Cela leur apporte des rêves et de l'imagination. Ils passent un bon moment avec leurs parents et c'est tout ce qui compte pour eux.

Friedrich ne sut quoi dire face à cette réponse et il reporta son attention sur la pièce. Claire regardait au loin. L'histoire ressemblait légèrement à sa vie actuelle. Sauf que la fin ne serait pas la même, elle en était persuadée. Elle devait réussir à l'enlever de son esprit. C'était le seul moyen pour qu'elle évite de souffrir.

La journée se passa, au déjeuner, le prince l'avait emmené dans un petit restaurant tranquille. Puis, ils avaient continués à se promener et à discuter de leur avenir, sur ce qu'ils voulaient pour la suite. Le dîner passa rapidement et Claire se retrouva dans son lit à réfléchir à cette journée. Demain était un grand jour, elle allait officiellement devenir la fiancée du prince de Norvège aux yeux de la population. Elle redoutait ce moment. Jamais encore elle n'aurait été aussi proche de la foule. Castille lui avait conseillé de s'approcher des gens et de leur serrer la main. Cela montrerait qu'elle s'intéressait à eux. Et en tant que future reine, il était important d'être proche de son peuple. Ses paupières se fermèrent et elle réussit à s'endormir sans penser pour une fois à James.

Le Baron & La PrincesseWhere stories live. Discover now