Chapitre 17

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James grogna en posant sa main sur la joue douloureuse. Elle n'y était pas allée de main morte en le giflant. Il finit son verre de cognac et décida de la rejoindre, l'alcool lui donnant du courage. Arrivé devant sa porte, il inspira un bon coup pour prendre des forces puis tourna la poignée. Il la sentit résister malgré ses vains efforts à ouvrir.

– Claire ! Ouvre moi !

– Partez, entendit-il de l'autre côté. Je ne veux pas vous voir.

– Ouvre ou bien je casse la porte. Et peu importe si elle se brise, au moins rien ne pourra me séparer de toi.

Il attendit quelques secondes mais rien ne vint. Il soupira, recula de quelques pas et leva la jambe pour donner un grand coup dans le bois. Bien entendu, la porte ne bougea pas d'un seul pouce. Aussi James refit la même chose une fois, deux fois, jusqu'à dix fois pour qu'enfin le bois cède sous ses assauts. Il entendit un petit cri lorsqu'il pénétra dans la pièce. Et c'est lorsqu'il la vit, les genoux collés à son menton, qu'il sentit un petit pincement au cœur. Mais l'alcool coulait dans ses veines et il voulait mine de rien faire payer à cette femme si belle, sa manipulation.

Il s'approcha du lit et prit le poignet de Claire pour la forcer à se lever et à le regarder. Il vit ses yeux verts avec de nombreuses gouttes d'eau qui perlaient aux coins. Il la lâcha et passa un doigt délicat le long de son visage. Son nez était rouge tout comme ses joues. Elle était si faible par rapport à lui, elle était si belle comparé aux autres femmes.

– Vous venez encore me dire des choses affreuses ?

En revanche, ses lèvres ne faisaient que sortir des mots brutaux. Il fallait la faire taire. Et quoi de mieux que l'embrasser.

– Non, s'entendit-il murmurer.

Il se pencha et posa tendrement ses lèvres sur les siennes. Il ne savait pourquoi mais sa colère s'était transformé en tendresse. Toutes les paroles qu'il avait pu lui sortir, il voulait qu'elle les oublie. James posa ses mains au creux des reins de son épouse et la pressa contre lui. Il fallait qu'il lui montre qu'il tenait à elle et qu'elle était sienne. Lâchant ses lèvres, il fit le contour de sa mâchoire pour descendre sur son cou jusqu'à sa clavicule.

Claire se demandait pourquoi tout à coup son mari avait changé d'attitude. Par quel miracle, il était passé de la colère et du mépris, à la passion et la tendresse. Encore un comportement d'homme qu'elle ne comprendrait jamais. Mais ce qu'il était en train de lui faire était si bon qu'elle ferma les yeux de plaisir. Elle était prête à tout oublier pourvu qu'il continue ce qu'il faisait. Mais pourtant, au fond d'elle, sa fierté en prenait un coup. Sa raison soulignait qu'elle n'arrivait pas à lui résister dès qu'il posait ses lèvres sur les siennes, qu'elle serait toujours faible. C'est sans doute ce qui fit qu'elle eut le courage de poses ses deux mains sur les épaules de James et qu'elle réussit à le repousser.

– James... Arrêtez.

L'homme la regarda ahuri. Jamais encore il n'avait été repoussé de la sorte. Même s'il n'avait embrassé qu'elle dans sa vie, jamais une femme n'avait refusé de discuter ou bien de danser avec lui. Toutes lui faisaient des avances.

– Je ne veux pas de ça. Pas après ce que vous m'avez dit.

Elle osait se refuser à lui. La colère remonta en lui aussitôt. Ne pas avoir ce qu'on voulait posséder à cet instant était toujours frustrant. Il soupira et passa une main dans ses cheveux.

– Nous partons dès demain pour Londres. Je vous conseille de préparer vos affaires dès maintenant. Ne m'attendez pas pour le dîner, je mangerai seul après mon retour de la chasse.

– James...

– Bonne journée Claire.

Et sur ces mots il partit manger un morceau avant de remonter en selle et de poursuivre le cerf. Il allait mettre toute sa hargne et sa fureur dans cette traque. s'il ne le faisait pas maintenant, il ferait des choses bien pires et pas à la bonne personne.

Au final, ils partirent trois semaines plus tard car James avait différentes tâches à accomplir. Les voitures quittèrent le manoir pour se diriger vers le palais de Buckingham. Le trajet se passa dans le silence et les deux époux ne se regardèrent pas une seule fois. James descendit et attendit que le valet aide son épouse à faire de même. Claire sourit en revoyant la façade. Elle n'aurait jamais pensé un seul instant que le palais puisse lui manquer.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le hall d'entrée, deux majordomes les aidèrent à enlever leur manteau trempés. Il avait plu toute la journée, comme si le Ciel montrait l'humeur des deux jeunes mariés.

– Mon enfant, quelle joie de te revoir, se fit soudain entendre une voix forte.

– Mère !

Claire oublia les convenances et courut jusque dans ses bras. Elle huma l'odeur maternel. Elle qui n'était pourtant pas proche de sa mère, elle avait ce besoin de sentir quelqu'un de confiance près d'elle. Chaque soir, elle avait vu passer James à travers la porte cassée et elle pensait qu'il allait la rejoindre. En vain. Les jours étaient passés et Claire était restée seule tous les jours.

– Votre chambre est prête.

James voulut dire quelque chose mais Claire l'en empêcha en le prenant de court.

– Je vous remercie. Nous y allons de ce pas. 

Le Baron & La PrincesseWhere stories live. Discover now