Chapitre 5

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 Les jours passèrent et Claire n'arrivait toujours pas à enlever la scène de la fontaine de ses pensées. Lorsqu'elle étai revenue changée, toute la famille d'Egerton était partie discrètement. Sa mère fut soupçonneuse en voyant une nouvelle robe portée par sa fille mais ne posa aucune question. Et pendant tout le reste de l'après-midi, elle dut fait la conversation au prince de Norvège. Plusieurs fois au fil des jours, il lui avait proposé promenades pour passer du temps en sa compagnie. Elle avait été forcée d'accepter alors qu'au fond d'elle, Claire ne rêvait que d'une chose. Une discussion avec James d'Egerton. Même si cela avait été difficile de commencer la conversation, elle savait qu'avec le temps elle aurait un peu plus de facilité.


Le mois de juillet était bien entamé et la chaleur s'installait petit à petit dans Londres. Tous tentaient de se rafraîchir dans les parcs, près des points d'eau. Et c'était le cas de Claire qui avait dû accompagner Friedrich dans Hyde Park. Dans sa grande générosité, il lui avait offert une glace. Ils étaient depuis une dizaine de minutes en train de marcher sur le sentier de terre, sans qu'un son ne sorte de leurs bouches quand soudain une balle arriva pile aux pieds de la jeune fille.

Les gardes, pensant à un attentat s'avancèrent prudemment vers l'objet du délit tout en demandant à Claire de reculer. Soupirant, la princesse récupéra la balle dans ses mains et dit :

– Voyons messieurs, ce n'est qu'une balle. Que voulez-vous qu'il m'arrive avec ... ?

Elle s'interrompit lorsqu'elle se tourna vers la direction d'où venait le ballon. Une adolescente faisait de grands signes pour qu'elle lui renvoie la balle. Le soleil l'éblouissant, Claire mit la main sur son front et tenta de distinguer la fille. Un homme s'approcha d'elle et posa la main sur ses épaules. Il courut jusqu'à sa rencontre et s'inclina devant elle.

– Votre Altesse, veuillez nous pardonner pour la balle. Il se trouve que...

– N'y voyez aucun souci Monsieur d'Egerton. Il ne m'a pas touchée. Seulement frôlée, dit-elle en riant. A quoi jouez-vous ?

– Nous nous faisions seulement des passes. J'apprends à Aliénor à viser avec. Cela travailler l'agilité.

Claire jeta un coup d'oeil à Friedrich qui suivait attentivement la conversation. James tourna aussi les yeux vers cette direction et s'inclina en se présentant :

– Permettez-moi de me présenter Monsieur. Je suis James d'Egerton, baron du Cheshire.

– Friedrich d'Hordaland, prince de Norvège. Je vois que vous connaissez la princesse d'Angleterre ?

– En effet votre Altesse. Nous avons essayé d'éch ... de danser ensemble lors du bal d'il y a quelques semaines, dit-il avec précipitation en voyant les grands signes de Claire.

– Pouvons-nous vous joindre à vous pour une partie de balle ? s'empressa d'ajouter Claire en prenant le bras de Friedrich.

Friedrich sursauta en sentant le bras de Claire contre lui et posa sa main sur la sienne. Chose qui n'échappa pas à James qui répondit

– Ce serait avec plaisir. Connaissez-vous les règles de la balle au prisonnier ?

– De la quoi... ? s'étonna le prince.

– Cela me rappellera mes études, dit Claire toute joyeuse. Allons-y nous vous suivons.

Sur le chemin qui conduisait près du lac, Claire expliqua les règles au prince de Norvège qui fronçait les sourcils pour mieux se concentrer. Aliénor s'inclina et se présenta au prince avant de faire un grand sourire à la princesse, heureuse de la revoir.

– Quelles équipes formons nous ?

– Je propose un deux contre deux, car je pense que vos gardes ne voudront pas jouer. Etant donné que je suis du même sang que ma sœur, pourquoi ne me mettrais-je pas avec le prince ? proposa James, la balle dans les mains.

– Les filles contre les garçons ? Vous souhaitez notre perte ? Non, équilibrons les équipes ; votre sœur se mettra avec le prince et je me mets avec vous. Qu'en pensez-vous ?

– Vos désirs sont des ordres votre Altesse, répondit avec un grand sourire James en s'inclinant.

Ce que ne savait pas Claire, c'est que James avait fait exprès de proposer l'équipe composée du prince et lui pour voir sa réaction. Et cela n'avait pas été vain. Elle était tombée tout droit dans son piège. Il l'observa retirer ses chaussures pour être plus à l'aise dans l'herbe. Son gilet fin tomba lui aussi tout comme les gants blancs, dévoilant ses bras fins. Le prince retira sa veste bleue et se retrouva en bretelles et chemise tout comme James.

La partie commença et Claire prenait très à cœur le fait de gagner. Elle tentait par tous les moyens de gagner contre l'équipe adverse. Au moment où elle toucha Friedrich et qu'il passa derrière la ligne, elle hurla de joie, oubliant tout protocole.

– Oui ! Plus qu'une et nous gagnerons. Dommage pour vous, vous allez perdre.

Et sur cette phrase elle partit dans un éclat de rire. James l'observait avec un grand sourire et des yeux pleins d'étoiles. Voilà à quoi elle ressemblait en-dehors du palais. Et malgré la présence du prince et de ses gardes, elle se comportait de manière naturelle comme toute femme devrait faire. Prêtant trop attention à sa camarade de jeu, il ne vit pas le ballon arriver vers lui et le toucher en pleine tête. Tandis qu'il tombait à terre à cause du choc, Friedrich hurlait sa victoire en riant.

– JAMES ! hurla Claire en courant vers lui.

Elle s'agenouilla et attrapa son visage entre ses mains. Délicatement, elle toucha les parties de son visage avec ses doigts en lui demandant s'il avait mal. James émit un grognement lorsqu'elle toucha sa tempe et se redressa en se tenant le front. Il leva les yeux et regarda Claire qui était visiblement très inquiète pour lui. Il attrapa ses doigts et les enleva de son visage pour les porter jusqu'à ses lèvres où il les embrassa, sans lâcher du regard la jeune fille. Ils furent interrompus par Aliénor qui s'accroupit près d'eux.

– Tu vas bien James ? Tu n'as rien ?

– Ne t'inquiète pas Nonore, dit-il avec un sourire tout en s'écartant de la princesse. Juste sous le choc. Son Altesse a de la force dans son lancer.

Friedrich s'approcha et tapa son épaule en riant. Il lui tendit la main pour l'aider à se relever et ils continuèrent leur partie. Après une bonne heure de jeu, l'équipe de Claire et James gagna le match après un combat acharné. Ils crièrent de joie et se prirent dans les bras l'un-l'autre pour se féliciter. Le prince s'approcha et attrapa Claire par le bras pour l'éloigner de James.

– Je vous remercie pour cette belle partie monsieur, dit-il en tendant la main. Vous avez bien joué !

– Votre Altesse, revenez quand vous le souhaitez pour la revanche, répondit James en s'inclinant et en prenant sa main. Aliénor et moi-même nous ferons une joie de vous accueillir.

Friedrich sourit puis posant une main sur la taille de Claire, il l'entraîna vers le chemin pour terminer leur promenade. Claire se retourna et adressa un dernier sourire à la famille et en particulier à James.

– Cette famille semble vous apprécier, sortit tout à coup Friedrich sans la regarder.

Claire pouvait sentir dans sa voix un ton de colère. Elle baissa la tête, les étoiles pleins les yeux en se remémorant la dernière heure et ne répondit pas. Elle voulait encore profiter de ce moment d'après-midi et voulait l'ancrer dans sa mémoire. 

 

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Le Baron & La PrincesseWhere stories live. Discover now