Chapitre 9

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 James était très embêté. Il s'était tourné et retourné en boucle la scène du parc dans sa tête. Et pourtant, à chaque fois, il ne voyait pas ce qu'il avait bien pu faire pour que la jeune fille tombe dans le lac. Il ne l'avait pas touchée. C'était elle qui avait reculé et qui avait donc glissé. L'automne était là et la terre était mouillée. Il soupira et avança un de ses pions sur l'échiquier. Ce n'était pas le moment de penser à cela alors qu'il disputait une partie d'échec avec sa petite sœur.

– Échec et mat, dit-elle avec un grand sourire. Cela fait trois fois que tu perds contre moi. Soit tu fais exprès de perdre, soit tu ne sais pas jouer, soit tu es préoccupé par quelque chose.

– Hmm tu as raison, murmura-t-il en soupirant, les coudes sur la table.

– C'est à cause de Mélanie ?

– Pas exactement, répondit-il avec un sourire. Mais je ne peux rien te dire car sinon tu vas tout répéter à maman.

– Oh arrête je n'ai plus quatre ans, dit l'adolescente en croisant les bras, sourcils froncés.

– Ah ah, il y a quelques jours à peine, tu lui as raconté que je t'avais mis une grenouille sur ton lit. Alors que tu n'avais aucune preuve.

– C'est parce qu'il n'y a que toi qui sais que je déteste les grenouilles. C'est visqueux, c'est petit et c'est pas beau.

– C'est amusant car je t'ai reconnue dans la description que tu viens de faire, dit James avec un sourire narquois.

Aliénor ouvrit en grand la bouche sans qu'aucun son ne sorte. Elle avait l'habitude avec son frère de se taquiner mais parfois, les propos de James lui faisait vraiment de la peine. Alors que la saison avait débuté mi-mai, aucun prétendant n'avait sonné à sa porte pour lui faire la cour ou juste pour lui apporter des fleurs. Et lorsqu'elle se voyait dans le miroir, en aucun cas elle ne se trouvait jolie. Et quand son frère ajoutait des petites phrases piquantes sur son physique, cela lui faisait d'autant plus mal. Les larmes aux yeux, elle se leva et quitta la pièce d'un pas lourd.
James se retourna et la suivit du regard, les sourcils froncés. Allons bon, voilà que sa sœur la détestait lui aussi. Décidément, il se mettait toutes les femmes à dos aujourd'hui. Il soupira et se leva pour s'installer au piano. Fermant les yeux, il se souvint des notes de sa musique préférée. Il joua tout en laissant ses pensées aller et venir. Devant lui, apparaissait Claire dans sa robe verte le premier soir du bal. Lorsqu'ils s'étaient rencontrés en tentant de la cacher aux yeux du prince de Norvège. Il s'en était passé du temps pour en arriver à ce qu'elle le déteste. James la trouvait tout de même capricieuse et trop... Princesse. Même si elle en était vraiment une, il ne savait pas s'il aurait pu passer tout le restant de sa vie avec elle. Mais il appréciait énormément sa compagnie. Cela, il n'en doutait pas.

– Pourquoi les relations humaines doivent-elles être compliquées sacrebleu ? murmura-t-il pour lui-même en soupirant.

– Peut-être parce que sinon il n'y aurait rien d'excitant dans la vie, entendit James tout à coup.

Ses doigts ripèrent et il ouvrit les yeux pour voir sa mère dans l'embrasure de la porte, l'épaule contre le chambranle.

– Mère, vous m'espionnez à présent ?

– N'ai-je pas le droit d'écouter mon fils jouer du piano ? Cela fait tellement longtemps.

– Cela est sûrement dû au fait que ce sont les jeunes filles qui en jouent principalement.

– Voyons James, si je le pensais réellement, jamais je ne t'aurais appris à y jouer. Je trouve cela bien que tu aies appris à en jouer. La musique résout de nombreux problèmes.

Le Baron & La PrincesseUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum