Chapitre 18

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 Claire enleva son chapeau et le posa sur le bureau tandis que James regardait autour de lui.

– Mais enfin quelle mouche t'a piquée en acceptant cette chambre. Tu sais très bien que...

– Que nous faisons chambre séparée. Oui je le sais. Ne crois-tu pas que cela suffit ? Nous sommes des adultes. Arrêtons de nous comporter comme des enfants.

– Que veux tu dire ?

– Tu le sais très bien. Ton comportement des derniers jours était tout à fait horrible et peut-être que je n'ai pas aidé en te parlant comme je l'ai fait. Mettons les choses à plat afin que cela n'ait aucun retentissement sur nos familles.

– Très bien. Faisons comme ça.

Claire soupira mais voulut prendre de la force. Elle ferma les yeux et inspira profondément. Puis, elle s'approcha de James et prit ses mains dans les siennes.

– Je t'aime James. Oui, tu peux faire la grimace car c'est la vérité. Je n'attends pas les mêmes mots de ta part car je sais ce dont tu m'accuses. Et j'aurais beau te dire mille fois que je n'ai rien fait de tel, tu le penseras toujours. C'est comme ça. Mais pense un peu à ce que nous avons vécu avant cette émeute. Voire même quelques heures plus tard. Lorsque nous étions seuls, toi et moi, dans la ruelle sombre. C'était le moment le plus angoissant de ma vie mais c'était aussi un moment magique. Et tu sais pourquoi ?

James secoua la tête négativement pour l'inciter à poursuivre.

– Parce que je m'étais retrouvée seule avec toi, avoua-t-elle en rougissant. Tu m'as littéralement sauvée de ces brigands et de ces personnes qui m'ont frappée. J'ai été dépouillée et je me suis sentie violée mais tu étais là. Tu m'as tenue dans tes bras et tu m'as même embrassée. Oui à ce moment là je me suis rendu compte que mon cœur ne battait que pour toi. Même si depuis le jour de notre rencontre tu occupais mes pensées, c'est à partir de cette journée que tout a changé.

– Claire...

– Laisse-moi finir je t'en prie, dit-elle au bord des larmes. Je n'aurais rien pu prévoir puisque avant cette émeute, je m'étais décidée à te laisser partir avec la fille du marquis de Prinston. Ce n'est que quand j'ai descendu les escaliers que j'ai entendu ta réponse positive à la demande de

mon père que j'ai su que mon vœu était exaucé. Et lorsque tu m'as accusée d'être derrière tout cela, mon cœur s'est brisé. Oh je savais que tu ne m'aimais pas. Ce n'était pas possible, pas après ce que je t'avais fait subir. Notre mariage est passé et il y a eu notre nuit de noces.

Elle ferma les yeux, voulant se remémorer ce moment si merveilleux.

– J'aimerais encore y être. Tu as été si doux, si prévenant et si...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que James passa une main derrière sa nuque et attrapa ses lèvres avidement. Il s'en voulait à cet instant présent et il voulait lui faire revivre la même chose que dans la ruelle et lors de leur première fois. Il y en aurait d'autres, il en était persuadé mais ce ne serait jamais la même chose. Il se détacha d'elle et posa son front contre le sien.

– Excuse-moi... Pour tout. Tout ce que j'ai pu te faire, tout ce que j'ai pu te dire. Tout.

Il ferma les yeux et la prit dans ses bras, son visage contre sa peau. Il désirait cette femme et il l'appréciait . Mais au-delà, était-il amoureux d'elle ? Chaque jour en tant que marié, il découvrait son caractère et elle n'était pas du tout comme il le pensait. Elle était attentionnée et douce. Il s'était comporté comme un goujat. Et il en avait honte. Ce n'était pas comme cela que ses parents l'avaient éduqué. S'il ne faisait pas d'efforts, il ne pourrait jamais tomber amoureux d'elle ou au moins vivre calmement à ses côtés.

– Je n'ai pas été très gentille non plus, l'entendit-il avec un sourire. Et même si tu ne m'aimes pas, je souhaite juste que tu sois affectueux et tendre.

– Je te le promets, murmura-t-il à son oreille.

Ils reculèrent de quelques pas et il la vit s'essuyer les joues. Il sourit tendrement et lui prit la main.

– Je pense que ta mère, sa Majesté la reine, nous attend pour le dîner avec ton père. Si nous descendions ?

– Laisse moi juste le temps de me rafraîchir et je te suis.

James acquiesça de la tête et la laissa se diriger vers la table à coiffure. Il l'observa se pencher vers le miroir, et se tapoter les joues. Le fait qu'elle se penche mettait son corps en valeur. Il déglutit et tenta de poser son regard sur autre chose. Mais il ne voyait qu'elle dans sa robe bleue claire. Elle se retourna brusquement avec un grand sourire et dit :

– Y allons-nous ?

Il lui tendit le bras et ensemble, ils descendirent les escaliers jusqu'à la salle à manger où ils prirent place avec plusieurs autres invités. James était assis à la droite de la reine tandis que Claire, à la droite de son père. Arrivés au plat principal, Georges IV prit la main de sa fille et dit :

– Veux-tu que demain nous allions faire une promenade à cheval ?

– Avec plaisir père. Vous n'auriez pu me proposer meilleure chose !

Ils se sourirent et discutèrent du bal qui se déroulerait dans quelques jours pour fêter leur retour. Claire jetait de temps en temps des petits regards à James qui était en grande conversation avec sa belle-mère. Cette dernière semblait d'ailleurs boire ses paroles.

Une fois le dîner terminé, les hommes passèrent au salon avec les alcools tandis que les femmes se réunissaient dans le salon des dames. Claire passa sa soirée à parler de la région où ils avaient décidé de passer leur voyage de noces. Elle discutait des paysages, de la population et autres détails qui satisfaisaient en apparence les dames. Alors qu'elle était en train de détailler les aventures du cerf qui avait fini empaillé dans leur maison, elle sentit une main sur son épaule tandis qu'une voix grave dit :

– Et encore, vous n'avez pas vu la manière dont mon épouse a hurlé lorsque j'ai posé sur la table le cadavre du cerf.

Toutes les dames rirent en observant les jeunes mariés. Claire regarda amoureusement son mari tandis que lui observait la réaction des femmes, en buvant une gorgée. Il reprit son sérieux et se pencha vers son épouse pour murmurer :

– Je monte me coucher. Voudriez-vous me rejoindre ?

Claire rougit et acquiesça de la tête avant de se lever pour se placer à côté de James.

– Votre Majesté, mesdames, vous m'en voyez désolé mais je vous enlève ma femme.

Toutes gloussèrent et firent un petit signe pour leur montrer qu'ils pouvaient s'en aller. James, tenant la main de Claire, sortit calmement de la pièce avant de commencer à courir vers les escaliers. Ils montèrent les marches deux à deux. Une fois en haut, James plaqua Claire contre le mur et l'embrassa passionnément. Il lui fit monter les bras au-dessus de sa tête en maintenant ses poignets avec une seule main. Il sourit lorsqu'il l'entendit soupirer au moment où il embrassait son cou.

– James.. Je ... je crois que nous devrions aller dans notre chambre.

Il acquiesça et se dirigea tout en la maintenant contre lui, vers leur suite. Une fois entrés, il claqua la porte du pied et la fit reculer jusqu'au lit pour l'allonger. Quand elle tomba, Claire poussa un petit cri qui fut vite étouffa par les lèvres de James.

Une femme de chambre qui passait tard dans le couloir, s'arrêta près de la porte d'une chambre en entendant un rire féminin. Elle sourit et se hâta de rejoindre l'étage des bonnes où elle comptait dormir. 

Le Baron & La PrincesseWhere stories live. Discover now