Chapitre 6

389 33 9
                                    

 Claire avait revu plusieurs fois la famille d'Egerton pendant ses promenades au parc. Avec ou sans le prince. Elle espérait y aller le plus souvent possible pour les voir et recommencer une partie de ballons avec eux. James et Claire se revoyait à plusieurs des bals donnés par les plus grands de la Cour londonienne. Ainsi, ils se retrouvaient pour discuter et échapper au prince de Norvège qui ne manquait pas d'accompagner Claire. Un soir où ils s'étaient revus au bal de Lady Danford, ils s'étaient éloignés du brouhaha de la salle et de la chaleur pour prendre un peu d'air frais.

– C'est un plaisir de vous revoir Monsieur d'Egerton, dit-elle d'un ton solennel.

– Il en est de même pour moi votre Altesse, répondit-il de la même manière.

Ils évitèrent de se regarder pendant quelques secondes avant que chacun jette un coup d'oeil furtif à l'autre. Tous deux éclatèrent de rire et ils se serrèrent dans les bras, heureux de se retrouver.

– Quand partez-vous dans votre résidence d'été ? demanda James en gardant les mains de la jeune fille dans les siennes.

– Peut-être au début du mois d'août. Mère y réfléchit encore mais la chaleur devient insupportable. Et vous ?

– Père a beaucoup de travail ici. Je pense que nous ne partirons pas. Ou alors tardivement.

Ils continuèrent de discuter de leur famille et comme toutes les conversations, la leur dériva sur l'enfance. James raconta à quel point il était casse-cou et faisait beaucoup de bêtises pour rendre fou sa mère. Claire rit franchement en l'entendant exprimer tous ses exploits, toujours aussi fière dix ans après.

– Voyons, vous vous moquez Claire mais je suis persuadé que vous avez fait pire que moi dans votre jeunesse.

– Eh bien... Ma gouvernante m'a raconté qu'un jour j'avais mis une grenouille dans le lit de plusieurs hauts dirigeants. Connaissant le palais comme ma poche et étant petite, je pouvais aller et venir comme je voulais.

James rit aussi et demanda plus de détails à Claire qui s'empressa de raconter la suite. Ce que cette dernière fit. Une fois que leur fou rire s'arrêta, tous deux essuyèrent les larmes qui perlaient le coin des yeux.

– Je crois que je n'avais pas ri comme cela depuis plusieurs années, dit Claire en regardant au loin, songeuse.

– Vous avez dû être seule pendant très longtemps. Surtout lorsque vous êtes partie non ?

– Je pense que c'était les meilleures années de ma vie. Pas de parents pour me suivre et me dire quoi faire. J'avais des professeurs intransigeants mais je pouvais plus facilement échapper à leur surveillance. Ce n'est pas comme ici. Vous ne les voyez peut-être pas, mais il y au moins quatre gardes autour de nous qui veillent à ma sécurité.

– Vous avez un peu de compagnie avec eux.

– Je ne les ai jamais entendu parler, dit-elle en se tournant vers James.

Ce dernier la regarda et tendit une main vers son visage, remettant une mèche de cheveux derrière son visage. Il garda sa main contre sa joue et vit la jeune fille fermer les yeux. Cela faisait plusieurs semaines qu'ils se voyaient souvent et qu'ils avaint de bonnes discussions. Jamais encore James d'Egerton n'avait partagé cela avec une jeune fille.

– Je me sens bien avec vous, dit-elle tout à coup en ouvrant les yeux. Je n'ai jamais eu de personnes avec qui vraiment parler.

– Laissez moi vous prouver que vous pourrez toujours vous confier à moi.

Il s'approcha lentement d'elle tout en passant sa main sur sa nuque pour qu'elle ne bouge pas. Claire fixa les lèvres de James avant de fermer les yeux et de sentir ses lèvres contre les siennes. Dans sa tête se bousculait mille pensées. Et elles se mélangeaient avec les battements de son cœur. Quelques secondes plus tard, Claire reculait en posant ses mains sur le torse de James.

– Nous ne pouvons... Je ne peux faire cela. Je suis désolée, dit-elle en évitant son contact.

– N'en dites pas plus. Je pense savoir pourquoi, répondit-il en reculant d'un pas, le visage fermé. Je ne suis qu'un baron alors que vous devez épouser un prince ou au moins un duc.

– Je...

– Inutile de me mentir ou de prétexter quelconques excuses. J'aurais dû me douter qu'une princesse ne puisse avoir une relation avec un simple baron. Le prince de Norvège est fait pour vous. Si non, pourquoi toutes ces promenades ?

– Pour ma défense, les promenades sont décidées par ma mère et non par moi. Ma vie est faite de règles et autres protocoles stupides. Vous, vous êtes libres d'épouser qui vous voulez. Vous n'avez pas le poids d'un royaume sur vos épaules.

– Vous n'en avez pas non plus.

– Pardon ? Je suis...

– Vous êtes la fille du roi et de la reine d'Angleterre. Vous n'avez pas encore toutes les responsabilités qu'ils ont. Vous privez votre cœur de quelque chose qui aurait pu vous apporter du bonheur. Avec moi ou avec quelqu'un d'autre. Mais vous vous privez de cette chose parce que vous vivez sous les règles de vos parents.

– James... tenta-t-elle de dire en s'avançant vers lui.

– Vous étiez la première à qui j'ouvrais mon cœur, la première avec qui discuter n'était pas une corvée. Malgré notre statut différent, j'avais espéré que... Mais non. Vous m'avez bien pris pour un sot.

James serra le poing et le porta à sa bouche, tentant de se contenir pour ne pas dire ses quatre vérités à Claire qui attendait face à lui, la bouche ouverte et les larmes aux yeux. Elle lui avait brisé le cœur au lieu de lui faire comprendre dès le début qu'elle ne serait jamais à lui. Il ferma les yeux et détourna la tête. Il sentit une main se poser sur son bras et le presser doucement.

– James... Je suis bien consciente de tout le mal que j'ai dû vous faire en passant des moments avec vous. Croyez-le quand je vous dis que je n'ai jamais eu personne avec qui parler aussi facilement. J'aurais aimé que les choses soient plus simples et que nous puissions peut-être...

– Avoir plus ? Que nous partagions quelque chose ? Vous vous mentez à vous-mêmes.

James prit la main de Claire et l'enleva de son bras avant de partir loin d'elle et de retourner dans la selle près de sa famille. Même si ça ne faisait que quelques semaines qu'il la connaissait, il avait apprécié ces bons moments et au fond de lui, avait peut-être espéré quelque chose. Une petite voix s'éleva dans sa tête et lui murmura qu'il savait bien qu'il ne pouvait espérer plus avec une princesse en tant que baron.

Claire, quant à elle, l'avait regardé partir, les larmes aux yeux. Bien sûr qu'elle voulait partager d'autres moments avec lui. Mais elle avait un rôle à jouer et un devoir d'état. Sa famille comptait sur elle. Elle baissa la tête et s'agenouilla par terre laissant exploser sa tristesse. Elle aurait voulu lui courir après pour s'excuser et qu'il lui donne une seconde chance. Peut-être s'enfuir s'il le fallait.

– Henry... Je sais que vous êtes là, dit-elle tout à coup en se relevant.

Un garde apparut non loin d'elle et s'inclina attendant ses ordres.

– Dites aux autres de préparer la voiture. Je rentre. Dites à notre hôte que nous partons et n'oubliez pas de la remercier pour son accueil.

Le garde acquiesça et s'éclipsa aussi vite qu'il était arrivé. Un autre de ses gardes s'avança vers elle et lui tendit son bras pour la conduire jusqu'à la voiture. En passant devant les portes-fenêtres où la musique résonnait, Claire tourna la tête en espérant entrapercevoir James une dernière fois, sans succès. 

Joyeuse et Sainte fête de Pâques à tous et toutes ! 🕊️

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Joyeuse et Sainte fête de Pâques à tous et toutes ! 🕊️

Le Baron & La PrincesseWhere stories live. Discover now