Chapitre 13

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Le couple était resté là plusieurs heures sous la pluie. James avait fait du mieux qu'il avait pu pour éviter que la demoiselle ne soit trop mouillée. Le jeune homme avait tenté de rassurer Claire sur la situation, de la consoler et de la réconforter sur ce qui s'était passé. Ils avaient peut-être pris bijoux et autres objets valeurs mais son honneur n'avait pas été bafoué.

Claire avait entendu les paroles et avait acquiescé de la tête. Mais au fond d'elle, elle redoutait le retour au palais. Elle ne souhaitait qu'une chose, rester dans les bras de James.

– Je pense qu'il est temps de rentrer, dit James tout bas. La nuit est tombée et vous êtes frigorifiée.

– Mais... Le danger n'est plus là ?

– Si nous faisons attention, tout devrait bien se passer ! Tenez moi la main et ne la lâchez surtout pas.

Claire acquiesça et discrètement, ils sortirent de la petite ruelle. Ils marchèrent longtemps avant d'arriver jusqu'aux grilles du palais. Les gardes les empêchèrent de passer et James se présenta.

– Je suis James d'Egerton, fils du baron de Cheshire. Je viens ramener la princesse chez elle.

Les gardes s'observèrent ne sachant que faire puis acceptèrent de les laisser passer. Un majordome vint à leur rencontre et les conduisirent jusque dans le hall d'entrée où James fit asseoir Claire sur un des fauteuils. S'accroupissant près d'elle, il passa une main sur son visage pour retirer les quelques mèches mouillées.

– Nous sommes rentrés Claire, ils ne ...

– CLAIRE !

James se releva et vit trois personnes descendre les escaliers à toute vitesse et courir dans leur direction. Le jeune homme s'inclina face à leurs Majestés mais ils ne tinrent pas compte de lui et ils s'accroupirent près de leur fille.

– Oh Claire, mon enfant. Tu es saine et sauve ! Nous nous sommes tellement inquiétés.

– Je vais bien, ne vous inquiétez pas. James s'est très bien occupé de moi.

Les visages se tournèrent vers ce dernier et il sourit timidement, mal à l'aise. Le roi s'approcha de lui et tendit sa main que James s'empressa de serrer.

– Je ne vous remercierai jamais assez de ce que vous avez fait pour nous. Nous vous devons la vie monsieur.

– Je n'ai fait que mon devoir votre Majesté.

George IV héla un valet pour qu'il raccompagne sa fille jusqu'à ses appartements. Claire partit non sans jeter un dernier coup d'oeil à James. Elle aurait souhaité qu'il reste avec elle mais c'était impossible.

Le roi invita James à se désaltérer dans le grand salon. Ils furent suivi par la reine et le prince de Norvège qui n'avait rien dit jusque là. Une fois un verre de whisky en main, le roi toussa et dit :

– Que souhaitez-vous en gage de nos remerciements ?

– Rien votre Majesté, ce fut un honneur pour moi de m'occuper de la princesse.

– Si je peux me permettre, dit tout à coup Friedrich. La princesse a été déshonorée lors de ce défilé. Je ne sais ce qu'il lui a pris de descendre sans même prévenir ses gardes. Elle s'est mise dans les problèmes. Avez-vous vu son état en rentrant ? Ses bijoux étaient volés et sa robe déchirée.

– Je puis vous assurer que la princesse, mis à part quelques coups perdus, n'a eu aucun déshonneur. Je...

– Je ne vous parle pas monsieur, répliqua sèchement Friedrich en le toisant. Votre Majesté, la bague que j'ai offerte à votre fille a été volée, ses vêtements étaient déchirés et vous voulez me faire croire que son honneur est sauf ? La Norvège n'acceptera pas cela.

– Où voulez-vous en venir prince ? demanda doucement le roy.

– Je ne peux épouser une femme qui a été déshonorée par de simples ouvriers. Voyez donc nos fiançailles comme étant annulées.

– Comment ?! Mais...

James se tut sur un geste du roi. Comment osait-il parler de la sorte au prince d'un pays important ? Il baissa la tête et serra fortement le verre de whisky qu'il avait en main. Si le prince refusait d'épouser la princesse, plus personne ne voudrait s'allier avec l'Angleterre.

– Partez si vous le souhaitez. J'ai toujours pensé que ma fille ne vous méritait pas de toute façon, murmura George IV en buvant d'une traite son verre.

– Vous êtes fou ! Plus personne ne voudra épouser votre fille après ce scandale.

– Si ! Moi, décréta James en relevant la tête.

– Vous n'êtes qu'un simple baron, comme si un roi vous accepterait comme gendre et comme futur roi d'Angleterre. Si vous souhaitez tellement épouser la princesse, c'est que vous avez quelque chose à vous reprocher alors. L'auriez vous déshonorée vous-même ?

– Je suis persuadé que Mr d'Egerton fera un excellent gendre, répondit le roi en posant une main sur l'épaule de James pour le calmer. Je vous conseille de faire vos bagages et de partir directement si vous ne voulez pas d'une guerre entre votre pays et le nôtre.

Friedrich grinça des dents et partit d'un pas lourd. La reine, qui avait suivit la conversation sans rien dire s'avança vers son mari mais celui-ci l'arrêta en levant la main.

– Il suffit Anne-Maria. Je ne discuterai pas de ce sujet avec toi. Tu as failli faire épouser notre fille avec un goujat et...

– Et l'on ne connaît rien de Mr d'Egerton, sans vouloir vous offenser, dit la reine en regardant James.

– Il a sauvé notre fille. Ce qui montre déjà une grande valeur. Baron, je sais que vous étiez promis à la fille du marquis de Prinston, êtes-vous vraiment prêt à vous engager envers ma fille et la couronne ?

James s'inclina et répondit positivement. Il avait agi de manière rapide mais il savait qu'il n'avait pas d'autres choix que de se marier avec Claire. Il aurait dû être content et se réjouir d'épouser la fille qu'il désirait ardemment. Mais une part de lui se sentait piéger. Et il ne savait comment l'expliquer.

***

Castille avait fait couler un bain chaud pour sa maîtresse frigorifiée. Elle avait jeté ce qu'il restait de la robe de la journée et avait obligée Claire à plonger dans l'eau chaude.

– Tu sais, dit la jeune fille en se savonnant, heureusement que le fils du baron était là. Je pense que sinon, je n'aurais pas pu rentrer...

– Mais c'était en début d'après-midi que l'émeute a commencée. Qu'avez-vous bien pu faire tout ce temps pour arriver aussi tard ?

– Il pensait que le mieux était de rester caché jusqu'à la tombée de la nuit pour éviter que l'on me reconnaisse. Il m'a donné son manteau pour éviter que je n'attrape froid et... Oh son manteau.

Elle se redressa et le chercha des yeux le vêtement que lui avait confié James. Il allait sûrement en avoir besoin pour rentrer chez lui. Castille le lui pointa du doigt et lui dit de se rallonger pour qu'elle puisse lui laver les cheveux.

– Il faut que je lui rapporte !

– Mais voyons votre Altesse, vous êtes en plein bain et...

Claire sortit précipitamment de l'eau et enfila sa robe de chambre en soie. Elle attrapa rapidement le manteau et sortit de la pièce pour rejoindre le groupe qui se trouvait dans le hall. Entendant des voix s'élever, elle se baissa et écouta ce qui se disait à travers les barreaux de fer.

– Il a sauvé notre fille. Ce qui montre déjà une grande valeur. Baron, je sais que vous étiez promis à la fille du marquis de Prinston, êtes-vous vraiment prêt à vous engager envers ma fille et la couronne ? 

Le Baron & La PrincesseWhere stories live. Discover now