XXXVII

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[Alexander]

3 semaines plus tard. 

Je pense être l'homme le plus heureux dans ma ville natale. Aujourd'hui, Magnus et moi partons à Paris, les papiers et dossiers terminés, il peut enfin venir faire ses études avec moi. Nous allons finalement réaliser notre rêve d'enfant. 

_ Tu fais attention à toi d'accord ? Demande la mère de Magnus à son attention quand nous sommes à quelques minutes de l'embarquement. 
_ Promis maman ! Je t'appelle dès qu'Alec et moi serons installés dans notre nouvel appartement. 
_ D'ailleurs, je vous remercie encore de nous avoir obtenu ce si joli appartement ! J'ajoute un peu ému. 
_ C'est la moindre des choses que je pouvais faire. M'explique-t-elle. Elle vient me prendre dans ses bras. _ Merci de rendre aussi heureux mon petit garçon. Je t'en serai éternellement reconnaissante. 
_ Merci à vous d'avoir mis au monde un être aussi exceptionnel. 

Elle m'embrasse tendrement la joue, efface une larme qui s'est échappé, elle étreint plus fort son fils jusqu'à le dernier appel pour le vol ne retentissent. Ma mère se sentant mal, n'a pas pu venir et je le regrette bien, je ne la reverrai pas avant Juillet, cela va être très long. 
Les mains liées, Magnus et moi avançons avec nos valises dans le couloir qui mène jusqu'à notre avion. La dernière fois que j'avais fait exactement le même chemin, je m'étais retourné pour espérer voir Magnus, il n'est pas apparu, aujourd'hui, il est là, me tenant la main en me regardant d'une manière que j'ai toujours voulu. 

☆☆☆ 

Je stresse, je tourne sans cesse la petite clef dans ma main. Je suis devant l'immeuble de mon ancien appartement, je dois récupérer mes affaires laissées depuis le 17 Décembre. Et si je croise Louis ? Va-t-il m'autoriser à entrer ? Il n'aura pas le choix de toute manière, il faut bien que je récupère mes effets personnels.
J'entre dans l'immeuble, monte les escaliers jusqu'au premier étage et me retrouve devant la porte 6. J'insère la clef et entre dans l'appartement qui est silencieux à mon grand bonheur. Je me dirige directement jusqu'à la chambre, ouvre le sac que j'ai pris et range le reste de mes vêtements dedans. Je suis dans la salle de bain récupérant mes crèmes pour la peau quand j'attends la porte d'entrée grincer. Je me fige quelques instants avant de me diriger vers mon sac pour ranger mon petit sac qui contient mes produits cosmétiques. 

_ Qu'est-ce que tu fais ici ? Sa voix est froide, démunie de cette joie habituelle.
_ Je suis venu chercher le reste de mes affaires. Je réponds aussi froidement que lui. 
_ Tu ne pouvais pas m'appeler ? 
_ Tu m'aurais répondu ? Je lui demande en le regardant pour la première fois. 

Il a d'énormes cernes sous les yeux, ses vêtements semble plus ample qu'auparavant. Ses cheveux sont long, une mèche tombe sur son visage plus blanc qu'avant. J'avale avec difficulté ma salive. Est-ce moi et mes actions qui ont provoqué un tel changement chez lui ? Je me sens affreusement mal. 
Son silence répond à ma dernière question. Je continue à ranger mes affaires sous ses yeux et sous son silence jusqu'à ce qu'il me pose une question avec une tonalité qui m'agace. 

_ Tu es revenu avec lui j'imagine ? Me pose-t-il la question d'une mauvaise manière. 
_ Qu'est-ce que ça peut te faire !? 
_ Savoir si je vais le croiser dans l'établissement durant mes études. J'ai pas intérêt à le croiser parce-que sinon… 

Mais je ne laisse pas terminer sa phrase, je me précipite sur lui pour le coller sur le premier mur qui se présente devant moi. 

_ Si tu touches à un seul de ses cheveux je te ferai vivre un enfer. Je te conseille sérieusement de nous ignorer et de continuer tranquillement ta vie. 
_ Je te hais Alexander. Je n'ai jamais ressenti une telle haine envers quelqu'un. Tu es un être abominable, démuni de bon sentiment. Qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. 
_ Tu as fini ? Je questionne froidement. Il hoche simplement positivement la tête. Je le relâche et passe une main nerveuse dans ma chevelure. _ Tu crois que je ne me déteste pas ? Je commence. _ Tu penses que c'était ce que je voulais au départ ? Jamais, tu m'entends, jamais je ne voulais que cette histoire se termine ainsi mais on ne peut pas tout contrôler. Après des semaines de haine contre moi-même et une discussion avec mon père, j'ai enfin pris conscience que je dois arrêter de me flageller, je dois avancer et toi aussi Louis. Je ne te conseille pas de cesser de me haïr, tu fais ce que tu veux, mais je te demande de ne rien faire si un jour tu croises Magnus. Je sais que tu as envie de mettre ton poing à la figure mais je te supplie de ne pas le faire, tu ne te sentiras pas mieux, loin de là. Je te connais suffisamment, tu n'aimes pas la violence, si tu l'as provoques toi-même, tu culpabiliseras. 
_ Pourquoi m'avoir fait ça ? Pourquoi tu n'es pas venu me parler, me dire calmement que tu ne m'aimais plus, que tu étais retombé amoureux de Magnus ? Ça m'aurait fait mal mais beaucoup moins qu'une tromperie. Je me sens salie Alec, pendant un bon moment, à chaque fois que je me regardais dans le miroir, je me trouvais moche, pas attirant, fade, sale. 
_ Tu ne dois pas le ressentir ! Tu es quelqu'un d'extrêmement attirant mais pour quelqu'un qui n'est pas moi. Je pense que tu es arrivé trop tôt dans ma vie. Je venais de rompre avec Magnus, j'étais quasiment dépressifs. Mais tu étais tellement beau, gentil, serviable, adorable que je me suis forgé un mur pour cacher les sentiments que j'avais toujours pour lui mais… Quand il est réapparu, ce mur s'est immédiatement brisé, je le cacher, je me répète inlassablement qu'il était mon passé et toi mon présent. J'ai tenté de me convaincre moi-même et quand ce n'était plus suffisant, j'ai réinstauré cette règle ridicule pour te préserver et moi également mais ce n'était pas suffisant, j'étais fatiguée de combattre toutes ses émotions et je me suis laissé emporter par cette puissance en t'emmenant dans les profondeurs de l'humiliation. 
_ Pourquoi ne pas me l'avoir dit clairement ? 
_ Je ne sais pas… T'avoir trompé était déjà quelque chose d'odieux alors si je t'aurais parlé de ça… Je t'aurais assigné le coup de grâce. 
_ Tu m'as donné le coup de grâce en couchant avec lui ! Tes sentiments m'auraient moins fait souffrir. À présent, je dois vivre avec des cornes de cocu sur la tête ! 
_ Je le sais et j'ai honte… Tellement honte. 
_ Tu m'excuses mais j'aimerais que tu partes à présent. Écrit moi ta nouvelle adresse, je t'enverrai le reste de tes affaires. 

Don't break the rulesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant