Chapitre 38 : Jour J

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Aujourd’hui, c’est le grand jour ! Je suis impatiente de le voir. Je crois que depuis hier soir je suis intenable. Satsuki doit en avoir marre, le pauvre. Je n’ai que son nom à la bouche. Nous arrivons au QG. Je crois que je n’ai jamais été aussi impatiente de toute ma vie ! Une fois la voiture de mon hôte garée, j’en sors sans même l’attendre. Je me dépêche et grimpe les escaliers. Je retire rapidement mes chaussures à l’entrée puis rejoins tout le monde dans le salon.

Je les vois tous assit. Aucun ne parle. Ils ont un air grave affiché sur leurs visages.

- Il n’est pas encore arrivé ? Demandais-je.

- Non, m’informe Akane. Il ne répond pas à son téléphone non plus.

- Ça nous inquiète.

- Qu’est-ce qu’on attend pourquoi on ne va pas chez lui ? Dis-je frustrée. Oh non, je sais, c’est une blague. C’est ça ?

- On aimerait.

Satsuki entre finalement dans la pièce. Je lui prends ses clés des mains et l’informe qu’il peut faire demi-tour.

- Zoé ! Je vous accompagne, on ne sait jamais ! S’exclame Hiroshi.

Satsuki ne comprend pas ce qui se passe mais s’exécute. Nous remettons nos chaussures et montons en voiture. Mon cœur bat à tout rompre. Je ne me le pardonnerais jamais s’il lui est arrivé quelque chose.

- Dépêche-toi Papy, appuie sur le champignon ! Dis-je à l’intention de la voiture devant nous.

- Calme-toi, Zoé. Il va bien ton Roméo. Essaye de me rassurer Satsuki.

- Je ne pense pas non. Pour de raison : un, il n’arrive jamais en retard au travail ; deux, il décroche toujours quand il reçoit un appel de votre part.

- Un point pour toi.

Nous arrivons dans la rue de l’immeuble de Takuya. Je sors de la voiture avant même qu’elle ne soit garée et fonce à l’intérieur du bâtiment. Je cours comme une folle, et monte les escaliers quatre à quatre.

- Takuya ! C’est moi. Dis-je en tambourinant à la porte.

Je m’excuse intérieurement pour les voisins. Il ne répond pas. Je tente d’ouvrir la porte. Contre toute attente celle-ci s’ouvre. J’entre à l’intérieur. Tout a été saccagé. Il y a quelques affaires brisées. Hiroshi et Satsuki entrent à leur tour. Je les regarde perdue. Je m’avance jusque dans la cuisine et trouve un mot. Il a été écrit à mon attention.

« Très chère Zoé,

Takuya ne semble pas avoir été conquit par ma visite surprise. Comme tu n’étais pas présente, la fête était bien moins drôle. Si tu veux le revoir vivant, je te conseille vivement de me rendre visite dans le hangar désaffecté de Kabukichô, ce soir. Tu demanderas à tes chers amis de t’y emmener.

J’ai hâte de te voir,
Eiji. »

- Quel salopard ! M’écriais-je.

Hiroshi s’approche et lit le mot à son tour.

- C’est un piège, il n’y sera pas. Il ne faut pas y aller.

- Takuya se trouve probablement dans le QG des Higashi. Ajoute Satsuki.

Mon cœur se serre quand j’imagine ce que ces brutes ont pu lui faire. Mon monde s’écroule à nouveau, comme quand il m’a annoncé que c’était fini entre nous, peut-être même pire cette fois.

- Ce connard me prend vraiment pour un trophée qu’il veut ajouter à son palmarès… Murmurais-je.

- Il faut en parler à l’oyabun.

- J’n’en reviens pas, il est été kidnappé par ma faute, dis-je finalement.

- Ce n’est pas de ta faute, Zoé.

- C’est gentil de vouloir me remonter le moral…

Mais ça ne fonctionne pas, pensais-je.

Satsuki s’éloigne pour passer un coup de fil.

- Je vais y aller, je vais me rendre.

- Non, tu n’iras pas ! C’est un piège, Zoé ! S’exclame Hiroshi. Il n’attend que ça. Une fois qu’il t’aura toi, il torturera Takuya en étant à tes côtés.

- Parce que tu crois que je le laisserai faire ?

- Oh, crois moi que tu n’aurais pas le choix… Affirme Hiroshi.

Le ton qu’il prend sent le vécu. Je m’excuse aussitôt. Hiroshi reprend.

- Crois moi, tu ne veux pas tomber entre les mains d’Eiji, ajoute-t-il en me montrant la cicatrise qui orne sa nuque.

Je suis horrifiée devant la cicatrise. Je n’y avais jamais fait attention. Satsuki revient, un air grave accroché au visage.

- Nous irons leur rendre visite ce soir.

- Au QG ?

- Au QG.

Nous hochons la tête. Ça me rend malade. Il faut encore attendre. Nous rentrons au QG. Les garçons sont en pleines préparations quand nous faisons notre apparition. Hiro semble avoir appelé du renfort. Certains de ces hommes sont venus de Nagoya pour nous aider.

- Et moi, ce sera quoi mon rôle ? Demandais-je aux garçons.

- Attendre.

- Pardon ?

- On ne peut pas te mettre en danger.

J’hoche la tête quelque peu mécontente, mais je comprends leur choix. Je ne suis pas entrainée, je ne ferais que les ralentir. Je me rends à l’étage et cherche la salle de bain. Je m’enferme dans la pièce et respire.

- Pourquoi moi ? Pourquoi ça m’arrive à moi ?

Je regarde mon reflet dans le miroir. J’ai une mine affreuse. Le sourire que j’avais ce matin a disparu. Quelqu’un frappe à la porte.

- Zoé, je peux ?

Je déverrouille la porte. Yasumi apparaît.

- Je crois que j’ai trouvé un rôle pour toi.

- Hmm.

- Je ne sais pas si les mots que je vais utiliser vont te plaire.

- Essaye toujours.

- Tu vas nous servir d’appât.

- Effectivement, je n’aime pas ce mot mais je suis partante.

- Je t’explique : tu vas sonner au QG des Higashi puis demander Eiji. Tu lui diras que nous ne sommes au courant de rien et que tu n’as pas voulu nous demander où est ce fameux hangar donc tu es venu te rendre ici directement. Ensuite, c’est à nous de jouer. Tu auras une oreillette et un micro. Je pourrais te parler et entendre ce qu’il te dit.

J’hoche la tête. Tout cela semble tiré pour les cheveux, mais Eiji est tellement bête qu’il peut tomber dans le panneau. Si j’ai accepté c’est pour Takuya, uniquement pour lui.
Autrement, je ne me serais jamais vendue ainsi.

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