Chapitre 33 : Un nouvel appartement

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Les adieux avec les membres du groupe ont été déchirants. Chaque membre a fini par supplié l’oyabun de me faire rester. Malheureusement, il n’a pas cédé à nos caprices et m’a conduit lui-même dans ma nouvelle demeure.
J’ai mal au cœur, je me sens terriblement seul. Je n’ai pas pu dire au revoir à Takuya comme il se doit. Bien qu’il m’ait promis d’essayer de convaincre l’oyabun à nous laisser nous voir, je doute que celui-ci soit d’accord.

A m’amenant à Omotesandô, l’oyabun a essayé de me convaincre de la beauté du quartier et de sa tranquillité. Je ne remets pas sa parole en doute, loin de là, je pense simplement qu’aucun quartier sur Terre ne remplacera celui d’Ueno. Ce quartier restera dans mon cœur à jamais.

Yoshidô m’a vivement recommander de ne plus y mettre les pieds. Je ne pense pas y arriver. Tous mes souvenirs sont là-bas : le kombini, le parc aux fleurs de cerisiers, mon ancien appartement, celui de Takuya… Tout me ramène là-bas.
L’oyabun m’ a fait une liste des bons plans du quartier, c’est très gentil de sa part, mais j’ai l’impression que je n’arriverais pas à m’adapter à ce changement brutale. Dans la vie, je suis plutôt le genre de personne qui aime prendre son temps et anticiper les choses. Ce déménagement n’a rien d’anticiper et je n’aime pas ça. Je n’ai pas eu l’occasion de me préparer moralement à cela ni à toutes ces conséquences. 

"- Allô Maman ?

- Zoé, ma puce, comment tu vas ?

- Ça va…

- Menteuse…

- Bon d’accord, j’ai un petit coup de blues, dis-je en retenant mes larmes.

- Tu veux que je vienne ?

- Tu me dis ça comme si tu pouvais arriver dans la minute qui suit, dis-je monotone.

- Bien-sûr que oui, je prends le prochain avion pour Tokyo ! S’écrit ma mère de l’autre côté du combiné.

- Ce n’est pas la peine Maman… Dis-je désespérée. Mais il y a bien une chose que tu peux faire pour moi !

- Envoie-moi un colis plein de nourriture ! Dis-je un peu plus joyeuse.

- Laisse-moi deviner : gaufres, bonbons, gâteaux…

- Et du saucisson ? Tu crois que c’est faisable ?

- Je vais voir ce que je peux faire.

- Merci Maman, t’es la meilleure."

Savoir qu’un colis venant de chez moi va bientôt me parvenir me remonte le moral. En revanche, je me sens horriblement seule. Ici, à part le clan et l’homme du kombini, je n’ai pas eu l’occasion de me faire d’amis et cela me rend triste.

J’aimerais sortir et voir du monde histoire de penser à autre chose. En attendant d’avoir quelqu’un avec qui papoter, je décide de sortir faire un petit tour dans le quartier et d’essayer de repérer le kombini le plus proche. Je sens que je vais en avoir besoin, histoire de comblé les insomnies.
D’après les notes de Yoshidô, le kombini le plus proche se trouve à trois minutes d’ici et la station la plus proche se trouve à cinq minutes de marche.

La nuit est presque tombée, je n’ai pas vu le temps passé. Je déambule dans les rues sans buts. Les enseignes illuminent les rues, les rues sont vivantes. Voir tout ce monde me réchauffe le cœur. Bien qu’aucun de ces gens n’ait quelque chose à voir avec moi, je me sens de bonne compagnie. J’écoute des bribes de conversations, j’essaye de lire toutes les affiches.

Une en particulier attire mon attention. « Cœur à louer ». D’un côté, ma conscience me chuchote que c’est étrange, comment peut-on louer des petits-amis ? De l’autre côté, je me dis que c’est peut-être un moyen d’en apprendre plus sur la pratique et d’avoir un ami de location. Prise d’une soudaine adrénaline, je prends en photo l’affiche. Je regarderais à la maison ce qu’il propose.

- Zoé, tu fais n’importe quoi, me chuchotais-je à moi-même.

Je sais que c’est n’importe quoi, mais je n’ai pas envie de passer mes prochains mois seule… Ce que je peux être égoïste… Mais d’un autre côté, cela fera pratiquer mon japonais… Arg. Je ne sais pas quoi faire, je suis vraiment stupide.
Bien évidemment, aucun hôte ne remplacera Takuya. Ce que j’ai vécu avec lui, c’est au-dessus de tout ce que l’on peut imaginer.

En face d’une boutique illuminée, une voiture noire aux vitres teintées stationne. Cela me rend nostalgique. C’est dans ces conditions que Takuya et moi nous sommes rencontrés. Mon cœur se serre. Takuya me manque. J’ai envie de le prendre dans mes bras et lui murmurer à quel point je l’aime. J’étais tellement déboussolée quand l’oyabun m’a annoncé que j’allais déménager que je n’ai même pas pris le temps de lui dire tout cela.
J’aurais dû lui murmurer tous les plus beaux mots d’amour, toutes les belles phrases. Je regrette d’avoir été aussi submergée par mes émotions. J’ai tout gâché. Encore une fois.

Si seulement je pouvais me rendre à Ueno une dernière fois…

Plus désespérer que jamais, je décide de rentrer. Bien que mon nouvel appartement soit luxueux et confortable, je ne m’y sens pas chez moi. Cela me fait d’ailleurs penser que l’oyabun et Takuya ont un point commun : ils ne font jamais les choses à moitié.

Quand j’ouvre la porte, tout est calme. Personne ne vient m’accueillir, même pas une petite boule de poil, rien. Pour me sentir un peu moins seule, j’allume la télévision et m’installe sur mon ordinateur. Je ne sais pas comment l’oyabun a fait pour retrouver toutes mes affaires, je pensais les avoir perdues à tout jamais lors de l’attaque du QG d’Hiro.

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