Chapitre 36 : Un contretemps

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Je pense qu’on sous-estime beaucoup trop les pouvoirs et la puissance de l’amour, ou du moins, moi je le faisais avant que la vie mette Takuya sur mon chemin. Avant lui, je croyais que l’amour n’était puissance que dans les films ou dans les livres. Je ne pensais pas qu’un jour j’allais être devenir le personnage principal d’une telle romance.

Aujourd’hui, je crois que je comprends la douleur de Roméo et Juliette. Je comprends pourquoi ils ont mis fin à leurs jours, la douleur de ne pas pouvoir être avec la personne qu’on aime plus que tout au monde est insupportable. J’ai vraiment l’impression de mourir sans lui. Je ressens un énorme vide comme un trou béant dans ma poitrine que l’on ne peut combler. C’est seulement maintenant que je me rends compte de la place qu’avait Takuya dans mon cœur. Personne ne pourra combler le vide, le manque qu’il a laissé. Personne ne lui arrive à la cheville. Il n’y a aucun mot pour décrire ça.
Je suis convaincue qu’il est mon âme-sœur. Ce qu’il m’a dit avant de partir, je suis sûre qu’il n’y croit pas lui-même. Un yakuza a bien évidemment le droit à l’amour comme n’importe quel être sur cette terre.

- Bonjour Zoé, comment vas-tu ? S’exclame le gérant du kombini en me voyant entrer dans le magasin.

Je suis revenue à Ueno pour le voir. Je voulais également faire un tour dans mon parc favori.

- Bonjour Monsieur, ça va et vous ?

- Je m’étonnais de ne plus te voir dans le coin.

- J’ai déménagé. J’habite à Omotesandô.

- Tu as eu des problèmes avec ton ancien propriétaire ? S’inquiète le vieil homme.

- Non, pas du tout, je voulais juste tester de nouvelles choses. C’est pour cela que je suis venue après tout. J’avais hésité entre un autre quartier de Tokyo ou habiter à la campagne. Après réflexion, je me suis dis que j’avais besoin de quelque chose de dynamique et vivant alors je me suis installée là-bas.

- Ah, la jeunesse… Moi aussi, j’aimais bouger quand j’étais jeune. Je crois que j’ai vécu dans chaque coin du Japon : le nord, le sud, l’est et l’ouest. Partout, affirme l’homme nostalgique. Puis je me suis plu à Tokyo et surtout, j’y ai trouvé ma promise. Je l’ai rencontré dans cette rue même. Elle était vêtue d’un joli kimono fleuri. J’en suis tombé amoureux instantanément, un vrai coup de foudre.

- C’est jolie comme histoire.

- Le plus beau, c’est qu’après quarante ans de vie commune, elle m‘aime toujours autant.

- Je vous souhaite beaucoup de bonheur.

- C’est moi qui devrais t’en souhaiter ! Tu as un petit-ami qui t’attend en France ou dans le coin ?

- C’est compliqué…

- Si l’homme que tu fréquentes n’est pas à la hauteur, je peux te présenter mon neveu. Il vient d’être embauché dans une grande entreprise. C’est beau jeune homme, il possède déjà une maison et vient d’une bonne famille.

- Merci, c’est gentil, mais je suis déjà amoureuse de quelqu’un d’autre…

- Alors pourquoi c’est compliqué ?

- Il ne veut pas sacrifier sa carrière.

- Il se rendra compte de son erreur, j’en sui sûr. C’est toujours comme ça, les hommes ne savent pas ce qu’ils veulent.

Sa réaction me fait sourire.

- Tu rentres quand chez toi ?

- Je rentre en France dans trois mois, normalement.

THE YAKUZA Where stories live. Discover now