Chapitre 21 : Joyeux un mois

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- Takuya, dépêche-toi, on va être en retard, dis-je.

- J’arrive !

Le jeune homme sort de la salle de bain en trombe. Il attrape ses clés et m’assure qu’il est prêt. Nous avons un repas d’affaires avec un clan allié. J’ai hâte de voir tout ce beau monde réunis et voir comment cela se passe mais je suis à la fois stressée. Je ne connais pas ces hommes, j’ai peur qu’ils ne voient pas ma venue d’un bon œil.

Je suis Takuya jusqu’au parking et monte dans la voiture. Le conducteur me rejoint et démarre la voiture.

- Zoé, j’aimerais que tu restes à mes côtés tout le long de la soirée.

- Pourquoi ?

- Je ne veux pas t’inquiéter, mais ce clan est spécialisé dans le trafic de drogue.

- Et ?

- Certains seraient capables de te droguer pour t’avoir, alors reste à mes côté set ne bois pas le verre qu’un homme te sert.

La pression commence à monter. Ce que vient de m’annoncer Takuya me fait froid dans le dos, je n’ai pas envie de me retrouver sous l’influence de drogue. Celle qui me fait le plus peur, c’est le GHB. J’ai tellement entendue de chose la dessus que j’ai peur qu’il m’arrive la même chose.

- Je pense qu’on ne te fera pas de mal si tu reste près de moi, répond Takuya comme s’il avait lu dans mes pensées. Après tout, on ne s’attaque pas à la copine d’un autre Yakuza.

Takuya se gare dans l’entrée d’une immense maison dans laquelle une dizaine de voiture est déjà garée. Il dépose un chaste baiser sur mon front et sort de la voiture. J’inspire un bon coup et sors à mon tour.

Parfois, je me demande pourquoi j’ai choisi de partir à l’autre bout du monde pour observer le quotidien d’un gang. Je suis vraiment folle. Je risque ma vie en faisant cela. Je pense que je ne m’étais pas rendue à quel point c’était dangereux. Même si ces hommes sont des humains, ils restent des criminels et j’ai tendance à ne voir que le côté humain.

- Vous êtes enfin arrivés, affirme Yôshido en nous voyant entrer dans la grande maison.

- Veuillez nous excuser pour le retard Oyabun, dit Takuya.

- Oh, ne t’inquiètes pas, vous n’êtes pas les seuls, dit-il en regardant derrière nous.

Instinctivement, je me retourne et vois qu’Hiro et Yasumi viennent eux aussi d’arriver. Je leur souris puis les saluts. Nous suivons l’Oyabun jusqu’à la grande salle à manger où les autres yakuza sont déjà présents. Certains boivent un verre au bar, d’autres se sont attelés au buffet et les derniers grillent une cigarette sur la terrasse.

Nous rejoignons le reste de notre clan. Je n’imaginais pas cela comme ça. Je pensais que cette soirée serait bien plus formelle. Je nous voyais tous attablés autour d’un repas copieux et de discussions sur les dernières affaires du clan, mais une soirée un peu plus détendue fait également l’affaire. C’est bien moins stressant pour moi, je ne suis pas toujours obligée d’être à l’affût.

Un homme vêtu d’un costume vert et d’une chemise blanche s’approche de nous et nous souhaite la bienvenue. Nous le remercions poliment.

- Je vois que tu es bien accompagné Takuya ! Ajoute-t-il.

- Effectivement, j’ai de la chance d’avoir à mon bras une si jolie jeune femme !

- D’où vient-elle ?

- De France, répondis-je.

Je ne supporte pas que l’on parle de moi comme si je n’étais pas là.

- Oh, elle parle japonais, quelle bonne nouvelle.

Je souris poliment pour acquiescer. L’homme se met subitement à me détailler de la tête aux pieds. Un sourire aux lèvres, l’homme pose de nouveau son regard sur mon visage. Takuya ne semble pas apprécier cela, puisqu’il passe son bras autour de ma taille et pose sa main sur ma hanche avant de me rapprocher de lui. A ce geste, je souris.

L’homme change alors d’attitude et décide de parler avec le chef de notre clan. Takuya, lui, m’invite à aller se promener dans le jardin. Je le suis.

- Pourquoi ils agissent tous comme cela avec moi ? Me murmurais-je à moi-même.

- Tu es une étrangère, Zoé. Ils voient en toi, l’espoir d’exporter leurs trafics et d’ajouter un trophée à leurs palmarès de grand séducteur. Dit mon compagnon. Malheureusement pour eux, tu as déjà quelqu’un dans ta vie.

Je tourne la tête vers celui-ci. Un magnifique sourire orne son visage. En voyant ma tête, il lâche un petit rire.

- Quoi ? Tu n’es pas satisfaite ?

Je décide de rentrer dans son jeu et lui répond que je pourrais avoir mieux. Takuya éclate de rire face à ma répartie.

- Dites moi, mademoiselle, si vous pouvez avoir bien mieux, pourquoi rester avec un minable comme moi ?

- Je suppose que je reste parce que j’aime cet homme.

- Ah bon ?

- Quoi ? Ça te surprend tant que ça ?

- Oui, parce que nous sommes sept milliards sur terre et tu m’as choisis.

Nous nous arrêtons de marcher un moment, j’observe Takuya. Son visage est à moitié éclairé, ses yeux brillent de mil feux. Cela ma rappelle notre dernier jour sur la petite île. Il avait ce même regard quand nous étions à la plage. Takuya sourit. Je devine qu’il pense à la même chose que moi : lui aussi se remémore nos premiers baisers.

- Tu sais quel jour on est aujourd’hui ? Me demande-t-il.

- Joyeux un mois, murmurais-je.

- Ici, cela se fête.

- Chez moi aussi, mais pas de la même manière qu’ici.

- Tu es libre demain soir ? Puisque nous sommes pris ce soir, il va falloir attendre un peu.

- Bien évidemment que je suis libre ! Pour toi, je le suis toujours !

- Parfait !

Je me demande ce qu’il mijote. J’espère qu’il ne va pas remuer terre et ciel pour nous dégoter un endroit luxueux comme il le fait toujours. Je n’ai pas besoin de tout cela pour me sentir bien avec lui. Je n’ai pas besoin qu’il me montre sa fortune pour l’aimer : je l’aime lui, pas son argent.

- S’il te plaît, tout, sauf un hôtel quatre étoiles sur une petite île, dis-je en faisant référence au week-end qu’il avait payé pour mon anniversaire.

- Je te promets que cela sera bien plus simple que ça !

Yasumi casse notre moment et nous invite à réintégrer la fête. L’oyabun nous cherche. J’embrasse rapidement Takuya avant de prendre le chemin pour rentrer.

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