Partie 9 - la traque 4

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 Le sorcier qui trompait leurs sens était très fort. Fort au point qu’un nain en oublie sa nature et dorme, un sourire de jouvencelle sur les lèvres. Malheureusement, ce n’était pas tout. À présent que Nouménal avait l’esprit clair, des vagues de preuves d’une présence ennemie venaient le tarabiscoter. Il repensa à leur repas et à la manière dont Gobur  usa de gentillesse et de patience avec l’orcque. Par contre, cette affabilité ne datait pas de leur arrivée dans la région, ça, il en était certain ! Gobur a toujours été sociable. « Pourtant un nain gentil, ça n’existe pas ! », s’avoua-t-il à contrecœur. « Quelque chose d’autre m’échappe pour le moment ou alors le talent du sorcier rend cette autre évidence inaccessible pour le moment. » Mais n’était-ce pas le but de la magie mis en place ? « Évidemment ! », ronchonna-t-il. Cela aurait réconforté n’importe qui, mais pas lui. Il refusait de céder surtout devant la magie. Il détestait maladivement tout ce qui ne pouvait pas s’expliquer par la raison. D'ailleurs, c’était en grande partie pour cela qu’il faisait ce voyage. Il se laissa retomber et rit à haute voix.

« Un nain dans un régiment ! Un nain qui dort à tête reposée et qui suggère à un orcque de faire les cantinières ! »

Yell se dressa devant lui.

« Qu’est-ce qui se passe encore ? Vous avez découvert autre chose. »

Nouménal le regarda tranquillement.

« Pourquoi ce nain est-il ici ? »

« Car il s’est engagé. »

L’agronome secoua la tête, désespéré. « Vous connaissez beaucoup de bataillons qui acceptent leur présence ! »

« Ils sont bruyants et égoïstes. Les officiers préfèrent s’en passer, mais le Général Sorcier … » Yell s’arrêta net. Il venait de comprendre.

« Eh oui… Malgré toutes les consignes, notre cher Général Sorcier, nous en a collé un ! », siffla Nouménal d’une voix perfide.

Yell planta ses yeux sur le dos de Gobur.

 « Pendant un long moment, je me suis demandé pourquoi ils nous suivaient. Je crois que nous le savons maintenant ! », dit Nouménal en se frottant les paupières. Le sommeil commençait à le gagner. « Ce qui est sûr en tout cas, c’est que lui devrait s’en sortir. » Il glissa les paumes sous sa tête.

 « Vous pensez qu’il est leur complice ? », demanda l’officier, les doigts crispés sur la garde de son épée.

« Aucune chance ! »

Le capitaine regarda Nouménal de biais. Le reste de son corps était dirigé vers Gobur. Sa main toujours sur la poignée de l’arme.

« Le Général ne l’aurait pas enrôlé, mais enchaîné. »

Nouménal remua jusqu’à trouver une position confortable. « Et je ne pense pas qu’il nous l’aurait confié, mais quand je dis nous, c’est plutôt à vous que je pensais capitaine. »

Le soldat rougit. Il oscillait entre colère et culpabilité.

« D’un autre côté, s’ils ne nous ont pas encore étripés, c’est qu’ils attendent que notre ami de petite taille découvre, ou fasse Dieu sait quoi. Comme je ne pense pas que ça arrivera ce soir, je vous souhaite bonne nuit. »

Il se retourna et s’endormit.

Nouménal l'AgronomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant