Partie 8 - La traque 3

45 2 2
                                    

Tout d’abord Yell. « Qu’il soit gentil ne change rien au fait que ce soit un crétin. Impossible qu’on lui ait confié autre chose que sa propre vie. », statua-t-il. Néanmoins, quand on sait comment sont nommés les officiers supérieurs, on ne peut qu’être étonné que Yell soit capitaine. « Joue-t-il les agents doubles au bénéfice de l’autre camp ? » Un doute l’envahit jusqu’à ce que l’officier ordonne au soldat qui venait de finir son quart de reprendre un tour de garde. L’homme dut protester et réveiller manu militari son remplaçant pour que ce dernier confirme ses dires. « Impossible qu’il soit autre chose que ce qu’il paraît être. »

Il fixa alors Cen, l’orcque. Le colosse portait en guise de chapeau le chaudron encore souillé de nourriture et se curait le nez. « Encore pire que son capitaine. S’ils sont tous comme ces deux, rien d’étonnant qu’il n’y ait pas de mutinerie. »

Il passa à Gobur. Le nain dormait profondément, d’une respiration trop régulière pour être naturelle. Nouménal se redressa à moitié et s’appuya sur le coude pour mieux l’observer. Il savait que les nains avaient le sommeil agité et revivaient leur naissance presque toutes les nuits. Autant dire qu’ils étaient aussi bruyants qu’une meute de loups affamés. C’était d’ailleurs pour ça qu’on rechignait à les enrôler. Là pas un bruit. Il réalisa soudain que ce phénomène datait de plusieurs nuits déjà. Comment avait-il pu laisser passer un tel indice ! La culpabilité lui donnait des remontées acides.

« Plus le temps pour ça ! », grogna-t-il pour lui-même. Il fallait qu’il se concentre pour déterminer depuis combien de temps le nain dormait paisiblement. Ainsi, il saurait quant avait débuté la traque.

Il n’eut pas besoin de réfléchir longtemps, la réponse le foudroya presque aussi tôt. « Depuis que nous sommes arrivés dans cette fichue région. »

Tout Cela était logique, Nouménal et ses compagnons vivaient au cœur même de l’Empire. Leurs ennemis ne se seraient jamais risqués si près du palais impérial. Des sorciers surveillaient constamment cette zone.

« Ils ont attendu que nous ne soyons plus sous la protection de nos sorciers ! », conclut-il avec aigreur. Et jusqu’où cette défense magique portait-elle ? « Satané pays de moustiques ! »

Comment avait-il fait, lui le donneur de leçon, pour ne pas remarquer que Gobur dormait silencieusement ! Il se reprocha à nouveau son obsession pour la forêt élfique.

Nouménal l'AgronomeWhere stories live. Discover now