Nouménal l'Agronome

Partie 2 - Nouménal était l'un des meilleurs agronomes de l'Empire

Nouménal était l’un des meilleurs agronomes de l’Empire. Sa formation avait débuté avec son père, métayer d’un grand Sorcier de l’ordre des Fauves, puis s’était poursuivie dans une des nombreuses agoras que comptait l’Empire. Sans doute serait-il devenu à son tour métayer si Caresus ne l’avait pas remarqué. Son protecteur, intellectuel de renom et fin stratège avait conseillé aux autorités militaires d’intégrer aux corps francs, des hommes de la terre. Lors des conquêtes, ces derniers devaient recenser les espèces végétales indigènes les plus utiles et rendre un avis motivé sur l’intérêt ou non de coloniser les nouvelles annexions. En effet, Caresus pensait dur comme fer qu’il n’était pas nécessaire de s’embarrasser de sols stériles qui à la longue pouvaient s’avérer plus couteux en vies humaines qu’une guerre.

Cette mesure permit à l’Empire d’enrichir considérablement sa production agricole et de fournir aux soldats nourriture et bétail au fur et à mesure que le front avançait. Rapidement, les colonisés eux-mêmes trouvèrent un intérêt à vivre sous la protection d’une nation qui leur épargnait la famine et son cortège de malheurs et de maladies.

       Nouménal aimait son métier. Bien qu’il fût obligé de suivre la marche de l’Empire, il ne s’intéressait pas aux faits d’armes. D’ailleurs, il n’en portait pas, au grand désespoir d’Iréa. Les histoires de bataille lui faisaient quitter la tablée lorsqu’autour d’une chope de bière, il retrouvait des camarades dans une taverne. Les exploits, les sortilèges et les sièges interminables, le laissaient indifférent. Par contre, il aurait donné sa chemise pour étudier une nouvelle espèce de maïs ou aurait suivi le cours d’une rivière sur cent lieux juste pour observer la pollinisation des plantes aquatiques, si celles-ci pouvaient apporter quoi que ce soit à son savoir encyclopédique.

Son principal souci n’était pas de tuer les hommes, mais de les nourrir.