Partie 10 - Le mystère s'épaissit

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       La nuit de Nouménal fut pleine de cauchemars. On tuait sa femme, son fils et ses amis.

C’est avec joie qu’il accueillit ce qu’il prit pour l’aube. Mais la lumière était trop violente. Autre chose n’allait pas, Péral était là et c’est lui qui le secouait pour le tirer du sommeil.

« P’a, faut te réveiller, il est presque midi ! » De l’inquiétude perçait dans la voix du garçon.

« Midi ? » Nouménal avait l’impression qu’une enclume écrasait son crane. « Les autres est-ce qu’ils sont debout ? »

Péral fit non de la tête.

« J’ai attendu toute la matinée. Comme personne ne venait, j’ai marché jusqu’ici. »

« Désolé mon garçon, je ne comprends pas non plus ce qui s’est passé ! » Nouménal ne voulait pas effrayer son fils en l’informant de la situation. D’autant que le problème de sa sécurité se posait à nouveau. Péral l’aida à se relever.

« Secoue cette bande de fainéants. », dit-il en s’efforçant d’employer un ton badin.

Les choses prenaient une tournure de plus en plus inquiétante. Il réussit à se trainer jusqu’à la rivière que lui avait indiquée le paysan. La pluie tombée toute la nuit détrempait le sol et gênait sa progression. A plusieurs reprises il faillit trébucher.

Heureusement pour le campement, les tilleuls et leurs feuillages denses, l’abritaient efficacement des intempéries.

« Que nous veulent-ils ? » Il plongea les mains dans le courant et but à plusieurs reprises puis se rafraîchit le visage. L’eau lui fit du bien, mais son esprit restait encore embrumé. « Toute cette histoire va me rendre fou. Il faut nous soustraire aux charmes du magicien, c’est notre seule chance. » Le visage ruisselant, il crissa des dents.

Lentement, il retourna vers le camp, tout en cherchant des traces trahissant la présence de l’ennemi. Mais il ne remarqua rien, si ce n’est quelques empreintes laissées par des animaux venus se désaltérer la nuit.

Sur la route, c’était pareil. En dehors des sillons tracés par une dizaine de chariots lourdement chargés, rien.

Péral avait allumé un feu. Tout doucement, les autres émergeaient de leur léthargie. Entre tous, Gobur fut celui qui eut le plus de mal à s’éveiller.

Yell s’était assis sur un tronc mort. Il tenait sa tête entre les mains. Nouménal le rejoignit.

L’officier le dévisagea avec des yeux de taupe. « Pas brillant le soldat. », pensa l’agronome.

« Bon sang, mais qu'est-ce qui s’est passé ? », demanda-t-il en plissant les yeux comme un homme qui avait la gueule de bois.

« Je dirais que nos amis s’amusent à nous épuiser, en nous faisant dormir. N’est-ce pas ironique ? »

« Ironique ? »

« Laissez tomber ! » Il ne se sentait pas la force d’expliquer son calembour. « D’un autre côté, c’est pas si bête. Si nous sommes fatigués, ce sera plus facile de nous achever le moment venu. »

De concert, ils posèrent les yeux sur le nain.

Nouménal l'AgronomeUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum