Chapter sixteen

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Quand je me réveille, j'appuie sur le bouton pour ouvrir les volets roulants. Je regarde l'heure ; il est neuf heures et demie du matin. À côté de moi, il n'y a personne. Le lit est vide. Je me lève et fais le tour de l'appartement. Je suis seule. Où est Jake ? Il est parti ? Il m'a laissée seule ?!
Je m'appuie à la rambarde du balcon, le regard dérivant sur la Mer Méditerranée. Non, il ne pourrait pas m'abandonner. Mais... et s'il me trouvait nulle ? Ennuyeuse ? Je pose ma tête sur mes bras un instant et fais demi-tour vers la cuisine. Il faut que j'aille manger, même si je n'en ai aucune envie. Je trouve avec surprise un mot sur l'îlot principal en marbre. Il y est écrit :

Chère Oria,
J'espère que vous avez passé une bonne nuit. J'avais un rendez-vous très important ce matin à propos du film, je ne voulais pas vous réveiller. J'ai quelque chose à vous proposer quand je reviendrais. Surtout n'oubliez pas de manger et de boire.
Prenez soin de vous et à plus tard,
Jake.

Son attention me touche. Maintenant, je vais aller me préparer un petit déjeuner avec un peu plus d'envie. Je me fais un bon smoothie avec des croissants (quel délice !) ainsi qu'une salade de fruits. Ça m'a prit du temps, mais j'ai fais une belle présentation. Je m'installe sur le balcon, pour profiter de l'air marin matinal encore soutenable. Apparemment il fait très chaud l'après-midi ! J'ai savouré la moitié de mon petit déjeuner quand les pensées que j'essaie d'enfouir remontent. Je revois son visage. Ses horribles mains. Son haleine.
Je mets ma main devant ma bouche et cours vers les toilettes. Quelques minutes plus tard, j'ai encore le visage au dessus de la cuvette quand j'entends la porte d'entrée. Je me fige.

—Oria ? Vous êtes là ?
Ce n'est que la voix de Jake. Ouf. Je l'entends sortir sur le balcon, il a du voir mon repas entamé.
—Je suis là, dis-je d'une faible voix.
Il accourt vers moi et s'accroupit à mes côtés. Je souris malgré mes nausées. Il a les sourcils arqués.
—Oria, ça va ?
—Oui, je...

Je remets une mèche tombante derrière mon oreille en fermant les yeux.

—Seulement de mauvais souvenirs.
Il s'apprête à poser sa main dans mon dos mais la pause par terre. Je ne fais aucun commentaire.
—Jolie chemise au fait, dis-je en m'asseyant sur le carrelage, me sentant étrangement un peu mieux en sa présence.

C'est une chemise blanche avec un jean et une belle paire de baskets. Tenue simple et détendue.

—Merci. Venez, allons nous assoir dans le salon. On y sera mieux.

Il se lève et me tend la main. J'hésite à la prendre. Il y a beaucoup de mains qui m'ont fait du mal. Il allait la retirer quand je pose ma main dans la sienne. Il a l'air très étonné de ma réaction et me tire avec douceur vers le haut pour m'aider à me relever. Il agit comme si un mouvement un peu trop brusque pouvait me casser. Une fois sur mes jambes, je le remercie doucement et lâche sa main. Il me sourit avec attendrissement puis me conduit au salon. Nous nous asseyons sur le canapé.

—Comme je l'ai écrit sur le mot de ce matin, je...
—Vraiment... vraiment désolée de vous couper, mais votre mot a rendu ma matinée meilleure. Merci... lui dis-je en rougissant.
Il sourit.
—Ça m'a fait plaisir aussi. Content que ça vous ai plu !
—Continuez, je vous en prie.
Il hoche la tête.
—Je comptais vous demander de m'accompagner à une soirée, ce soir. Ce serait pour Spiderman FFH, et je serais ravi d'être accompagné par votre présence. Bien évidemment, si vous n'êtes pas d'accord, il n'y a aucun soucis.

Je garde le silence. Une soirée ? Avec plein de gens riches et élégants, mais qu'est-ce que je ferais là-bas, à part faire tâche à côté de Mr. Gyllenhaal ? Jake sent peser mon silence.

—J'ai quelques conseils pour vous sentir mieux en public, si vous voulez bien. Ça vous aiderait beaucoup.
Il me regarde avec tant d'espoir que j'en oublie mes pensées parasites. Je lui dois bien ça, après tout ce qu'il a fait pour moi...
—Eh bien, c'est d'accord. Je vous accompagnerais ce soir.
Il se lève, béat.
—Super ! J'ai hâte d'y être. Mais d'abord, je vais aller préparer le pique-nique pour se midi.
Tout content, il va dans la cuisine ouverte et sort différents ingrédients du frigo : des tomates, des avocats...
—On part pique-niquer ? Cool... Où va-t-on ?
—La plage, ça vous dit ?

Le deuxième mot me frappe comme une droite en pleine figure. La plage. Oh non...
Jake remarque mon expression et me dit en épluchant les légumes :

—Je suis sûr qu'une sortie là-bas vous ferait du bien. L'air marin, c'est parfait pour se détendre.
Il n'a pas tort, mais le dégoût de moi-même est trop fort.
–Va pour la plage...
... mais pour rien au monde en maillot de bain.
—Cool.

...

Jake ayant étudié les différentes plages de la région, nous avons pensé qu'une petite plage dans une ville d'à côté serait bien moins bondée qu'une plage de Cannes. Nous avons donc choisi la Plage de la Baumette, dans une petite ville nommée Agay. Sur le trajet, dans la décapotable de location, j'étais aux anges. Les routes tournaient aux flancs des roches rouges ; le soleil sur la peau était un délice, les cigales nous chantaient de magnifiques chansons. Ça sentait l'été, avec plein de pins partout, des marchands et des restaurants dans chaque petite ville, des enfants riants ! Jake avait mit Giving Up The Gun, une super chanson du groupe Vampire Weekend. Je levais les bras pour saluer les mouettes volants au-dessus de nous. La baie d'Agay était vraiment belle ; l'eau était d'une couleur pure, et elle avait l'air super chaude.

...

Après avoir galéré à se garer, nous descendons de l'auto. Jake traverse la rue et me fait signe de venir. Wouah, il y a du monde ! Ce n'est pas vraiment étonnant, il y a un restaurant sur la plage qui sent drôlement bon, et c'est l'heure du déjeuner. Des familles entières mangent des sandwichs, des gens font du paddle avec leur chien, ...
Tant d'activités est impressionnant !
Une famille monte de la plage vers nous en riant. Il y a le grand-père en scooter, et la grand-mère à pied avec la mère et ses deux filles. La plus grande, qui doit avoir 14 ou 15 ans, les cheveux châtain rassemblés dans un chignon, des lunettes de soleil sur le nez et une bouée sous le bras nous fixe un moment en s'arrêtant. Sa famille lui parle (je ne comprends rien, mais quelle jolie langue), et elle leur dit je crois "Continuez, je vous rejoins !" Elle se tourne vers Jake.

—Mon dieu, dit-elle avec un accent français prononcé. Vous êtes... Jake Gyllenhaal ???
Jake lui sourit.
—Oui, c'est moi. Je suis en vacances ici, c'est vraiment beau.
—Je suis si heureuse de vous voir en vrai !!! Je rêve de vous rencontrer depuis si longtemps ! (Elle met ses mains devant sa bouche et sautille de tous les côtés). Est-ce que ça vous dérangerait de me signer mon téléphone ?
Jake rit, et me demande la permission du regard. Comment résister ! Cette petite est si fan de lui, elle est chou. Je hoche la tête. Elle lui tend son téléphone dans ses notes, et Jake dessine avec son doigt. Il lui demande :
—Vous êtes ?
—Louise. Louise Perrin !
Il écrit : Pour Louise, et signe. Elle bondit de tous les côtés et lui demande une dernière requête :
—Je peux ?
Il hoche la tête en riant. Elle lui fonce dessus et il la prend dans ses bras. Louise semble à deux doigts de pleurer. Elle s'éloigne de lui.
—Bonnes vacances à vous et votre copine monsieur Gyllenhaal !
Je rougis. Elle nous fait un signe et traverse la rue pour rejoindre sa petite sœur qui l'avait attendue.
—Elle est trop cute, sourit Jake.
—Oui...
Je repense à la façon dont elle s'était jetée sur lui pour lui faire un câlin. C'était si attendrissant ! Je continue :
—Par contre, je ne suis pas sûre qu'aller à une plage avec autant de monde est judicieux. Elle vous a reconnu en un rien de temps.
—C'est vrai ! On devrait aller dans une crique. Retournons dans la voiture, je vais jeter un œil aux cartes.

Je regarde la côte de la propriété privée que Louise avait monté quelques minutes plus tôt pour remonter dans sa maison de famille, sûrement. Alors elle pensait qu'on était ensemble avec Jake ? Je rougis en baissant la tête.

𝒜𝓅𝒶𝒾𝓈𝑒𝑒. [𝒥.𝒢]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant