Chapter nineteen

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Durant tout le début de la soirée, je reste sur les talons de Jake, en tâche derrière lui. Tous ces gens qui parlent en français et en anglais... ça fait du monde. Les gens parlant à Jake me regardent à peine. Tant mieux d'un côté, mais ça me blesse de l'autre. Finalement, ne suis-je pas qu'une new-yorkaise ordinaire et eux des hommes et femmes de pleins pouvoirs, riches et beaux ?
Cette soirée débute plutôt mal, je dois l'avouer.

PDV Jake:

Ça me fait mal, mais Oria n'a vraiment pas l'air à l'aise. J'aurais dû m'y attendre en l'amenant ici, aussi... c'est de ma faute. Je fais donc mon travail, répondre à des questions, rencontrer des gens et saluer mes collègues, mais je fais attention à garder Oria tout prêt de moi, pour qu'elle stresse le moins possible. Nos mains se touchent presque.
Je fixe mes yeux sur un point dans la salle rapidement. Je ne peux détourner le regard de ses os du devant du cou. Le collier les met tellement en valeur que l'on dirait une statue de déesse quand elle est immobile. Je repère un jeune homme dans la foule qui, dieu merci, me fait changer de disque.

—Oria, regardez ; Tom est là-bas !
Elle semble soulagée de voir une tête familière.
—Tom, bonsoir ! dit-elle.
Mon "mari" arrive, tout sourire, suivi de Jacob.
—Oria, Jake ! Heureux de vous voir.
Pendant que nous nous faisons la bise, Tom me murmure :
—Au buffet dans 2 minutes.

Je lui fait une tape amicale dans le dos comme pour lui dire que j'ai compris. Le temps de bavarder un moment, Tom me fait signe.

—Oria, je vais nous chercher à boire, ça vous dit ?
—Oh, oui, volontiers.
Je me penche pour lui demander doucement :
—Ça ne te dérange pas de rester seule une minute avec Jacob ? Tom m'accompagne.
Elle rosit. Je dois être un près.
—Pas du tout, il est gentil. Merci de demander.
Je lui souris et Tom et moi marchons vers le buffet. Je commence à nous servir des verres de punch quand Tom me demande :
—Oria ?
—Elle va bien, je crois. On ne peut jamais vraiment savoir.
—Tu as raison... le malfaiteur ?
—Un connard de gars qui vit dans la rue, se bourre toute la journée avec ses larbins d'amis. On s'est battus.
Tom me regarde avec de grands yeux.
—Battus... genre vraiment ?
Je laisse échapper un rire.
—Ouais. Il m'a donné du fil à retordre, mine de rien. J'ai finis avec le dos raclé et le front ensanglanté, mais il est parti. Je ne suis quand même pas serein. Un gars comme ça n'est jamais fini.
Tom me fixe de son regard compréhensif.
—T'inquiète.
Je le toise gravement.
—Oui, je m'inquièterais tant que ce... cet abruti ne sera pas entre quatre mur en prison. Je suis comme ça, tu le sais, Tom.

Je commence à marcher vers Oria et Jacob mais tourné vers Tom. Il me sourit, attendri, et me donne un petit coup sur l'épaule que j'évite de justesse en reculant.

—Tu l'aimes bien, avoue.
Je lui fais une grimace de loin et arrive devant la jeune femme, qui me sourit.
—Voilà pour vous.
—Merci bien, Jake !

PDV Oria:

Je bois modérément en discutant avec Jake, Tom et Jacob. Ils sont sympathiques, ces deux amis.

—Au fait, où est Zendaya ? je demande.
—Elle n'a pas pu venir, me répond Jacob tandis que Tom et Jake écoutent. Elle est vraiment occupée en ce moment, elle a des tas de choses à faire partout !
—Wow. C'est vrai qu'elle est super talentueuse et si belle !
Jake sourit face à mon admiration, attendri. Je regarde mes pieds en souriant. Tom nous demande :
—Comment vous vous plaisez à Cannes tous les deux, au fait ?
Jake, gentleman, me laisse répondre.
—Eh bien, plutôt bien en fait ! Nous sommes allés nous baigner ce matin, et c'est tellement beau ici ! Les roches rouges, les...
—Jake !!! fait une voix stridente derrière moi.

Une femme un peu plus vieille que moi, brune aux cheveux lisses, en robe noire moulante, brillante, tout ce que vous voulez, me dépasse et saute dans les bras de Jake. Jake l'étreint en riant.

—Salut, Hannah ! Ça fait longtemps.
—Si longtemps ! Je suis trop trop contente de te revoir, chou !
"Chou" ? Elle est le genre de personne qui parle fort et fait des gestes dans tous les sens. Le genre de personne qui écrase les gens comme moi. Je me tais donc, n'ayant pas fini ma phrase.
—T'es super beau ce soir.
—Toi aussi, tu es très belle !
Elle se tourne vers moi puis vers Jake.
—Qui est-ce ?
—Oh, Hannah je te présente Oria. Oria, Hannah.
Elle me fonce dessus pour me faire la bise et parler dans tous les sens :
—Enchantée Oria, j'adore ta robe ! Oria ça vient d'où, quelle origine ? C'est super beau ! Je connaissais une fille qui s'appelait Oriana, elle était...

Je ne comprends pas la suite car le son se coupe, je n'entends plus rien. Je la vois sourire avec ses dents blanches et alignées, rire avec Jake, Tom et Jacob. Je hoche la tête quand elle s'adresse à moi sans chercher à comprendre. Je veux rentrer à l'hôtel. Je veux quitter cette foule et cette femme confiante et beaucoup trop jolie pour être vraie qui tripote le noeud papillon de Jake en le regardant de beaucoup trop près pour moi. Ils peuvent être de bons amis simplement, mais ce n'est pas ce que j'ai envie de comprendre. Je bous intérieurement en serrant mon verre. Respire.

...

Après des heures de torture sans que personne ne s'en aperçoive, nous finissons enfin par se dire au revoir et partir. Je parle encore quelques minutes avec Tom et Jacob que je ne reverrais sûrement pas avant un bon bout de temps, il vont me manquer, je les aime bien. Je rejoins Jake (il avait dit au revoir à Hannah, qui était allée rejoindre son riche mari) qui m'attends dans la voiture, et m'assois côté passager. Il démarre et nous nous éloignons de la grande salle dans la nuit. Le silence est pesant dans la voiture.

—Désolé, c'était long, me dit-il pour combler.
—Ouais.
Il me regarde une seconde puis regarde la route déserte noire. Nous roulons un peu dans la campagne, car la salle était loin.
—Ça va ?
Je ne réponds pas. Il devine.
—Hannah est seulement une amie.
—Je ne vous crois pas.
Il a l'air d'être vexé, très vexé. Il me fixe.
—Quoi ? Sérieusement ?
—Regardez la route, Jake.
Il ne m'écoute pas. Je serre les poings.
—Vous êtes jalouse de Hannah, vraiment ?
—Qu'est ce que ça peut vous faire, de toute façon ? Cette pimbêche nous a fait chier toute la soirée.
C'est sorti tout seul. Est-ce que j'aurais trop bu ?
—Je ne vous permet pas, fait Jake en haussant le ton.
—Je m'en fous ! je parle encore plus fort.
—On ne parle pas comme ça de mes amis ! gronde Jake. Merde, soyez respectueuse !
Je me tourne vers lui, énervée comme jamais. Je lui crie :
—Vous ne pouvez pas comprendre ! Elle est là, belle, qui gueule, toute cette confiance en soi me répugne !
—Est-ce que c'est une raison pour l'insulter, hein ? répond-t-il sur le même ton que le mien.
Ça y est, je crie très fort, hors de moi.
—Vous n'aviez d'yeux que pour elle toute la soirée ! Toute. La. Soirée !!!!
—Mais pourquoi vous êtes si.... si... comme ça ???
Jake n'a plus les mots face à mon comportement.
—Regardez la route, putain !
—Oria, mais qu'est-ce qu'il vous prend ? Cette soirée était géniale, pourquoi un blocage de la sorte ? Mais c'est incroyable !
Il a l'air exaspéré, déçu de moi. Je tords mes mains entre elles de colère et de tristesse. Je pleure ?
—Vous n'êtes qu'une tête de con, voilà tout !
—La ferme !
Une forte lumière nous éblouit. Une voiture en contre-sens nous klaxonne tandis que Jake fait une énorme embardée. Je crie.

𝒜𝓅𝒶𝒾𝓈𝑒𝑒. [𝒥.𝒢]Where stories live. Discover now