Chapter six

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Quand je pousse les portes de verre, tous les regards se tournent et s'attardent sur moi.
—Bonjour, comment était-ce hier ? me demande la dame de l'accueil tout sourire.
D'accord, donc tu m'ignores et est désagréable avec moi, et quand je gagne une interview avec un acteur célèbre, ça y est tu es ma meilleure amie. Très drôle.
—Bien.
Elle fronce les sourcils. Je la regarde un instant puis me détourne. Qu'est-ce que les gens peuvent être faux... Ils me fixent tous. Mais qu'est-ce qui se passe ?
Quand j'arrive à mon étage, je repère le gars qui a écrit mon nom dans la liste, debout en train de classer des documents devant l'imprimante. Avec un effort surhumain, je murmure :
—Euh, bonjour...
—Bonjour. Je peux vous aider ?
Je mets mes cheveux derrière mon oreille.
—Oui, en fait, tout le monde me fixe, je voudrais simplement savoir pourquoi. Je ne suis pas si en retard que ça pourtant...
Il sourit.
—Eh bien, tout simplement parce que monsieur Gyllenhaal lui-même est passé tôt ce matin à l'agence, en disant qu'il laissait un mot pour vous dans votre bureau.
Je rosis.
—Un mot... pour moi ?
—Rien que pour vous, oui. Je dois y aller, bonne journée !
—Au revoir...
J'ai le souffle coupé. Vite, on va voir ! Je fonce à mon bureau, pose mes affaires et m'assois. J'ouvre un de mes tiroirs et découvre une feuille de papier bleu pliée en 2. Je l'ouvre.

Chère Oria,
Bonjour ! J'espère que vous allez bien, moi ça va. J'ai beaucoup aimé passer du temps avec vous, alors je voulais vous inviter mercredi après-midi à une fête foraine. Ça vous dit ? Voici mon numéro : xxx xxx xxx !
Ci joint, vous trouverez un petit cadeau :)
Bonne journée,
Textez-moi ou appelez bientôt !

Jake G.

Je pose le mot sur mon bureau. C'est une des premières fois qu'on me fait une petite attention. J'ai le souffle coupé. Je m'empresse de rouvrir mon tiroir ; une pivoine. Je sors la fleur de mon tiroir en souriant. Je murmure :
—La pivoine, fleur symbole de la beauté féminine, de la richesse, du bonheur et de l'amour. Merci Jake...
Finalement, même si c'est un homme, il a l'air d'être gentil... j'irais. C'est demain.

...

À la pause déjeuner, j'ouvre mon Tupperware contenant ma salade et prends mon portable. Je compose le numéro de Jake et reste en suspens devant le bouton appeler. Je lui envoie un sms ou je l'appelle ? Je mange une fourchette de ma salade. Je ferme les yeux, souffle un coup, et appuie sur le petit téléphone vert.
Biiiip.... biiiiip... biiip...
—Bonjour...
Bonjour, qui est-ce à l'appareil ? fait une jolie voix. Celle de Jake.
Je me frappe la tête. Que je suis bête ! Il faut que je me présente !
—C'est Oria.
Je l'entends sourire dans sa voix.
Oria ! Bonjour. Vous avez bien reçu mon mot de ce matin ?
—Oui, sinon je ne pourrais pas vous appeler !
Ah oui, que je suis bête !
Il rit. Un silence s'installe.
—Merci... merci beaucoup pour la fleur. Ça m'a fait très plaisir.
C'est vrai ? Eh bien tant mieux.
Je me garde de lui dire que je connais la signification. Je souris.
—Pour mercredi...
Oui ?
C'est d'accord. Je viens.

PDV Jake:

C'est d'accord, je viens.
Je coupe ma respiration de bonheur puis pose mon téléphone sur ma table basse et effectue une danse de la joie en silence. Super ! Je saute comme un petit fou dans tous les sens pour évacuer mon bonheur. Overdose !
—Jake, vous êtes là ?
Je reprends hâtivement le combiné.
—Euh... oui, oui ! Je suis heureux que vous puissiez venir.
Elle sourit, je l'entends dans sa voix.
Moi aussi. Il faut que je mange, ma pause est bientôt finie. À demain, alors.
—À demain Oria !

PDV Oria:

À demain Oria !
J'acquiesce et raccroche. J'ai hâte...
Je me hâte de finir de manger et retourne à mes documents.

...

Après une journée ennuyeuse à mourir comme d'habitude au bureau, je sors du bâtiment, l'esprit léger. Il me tarde d'être demain, je ne suis jamais allée à une fête foraine. En plus avec Jake, ça va être sympathique.
—Tiens tiens, regardez qui voilà.
Oh mon dieu...
—Je m'ennuyais, ça tombe bien. Mon jouet est là.
Je me retourne et pense un instant à Jake pour me donner du courage.
—David, fais-je la voix tremblante. Laisse-m...
Son visage prend un air colérique. Ses poings se serrent. Il est ivre ou shooté, je n'en sais rien.
—Finis ta phrase.
Je recule d'un pas.
—FINIS TA PHRASE ! hurle-t-il.
Il m'attrape sur les cheveux et me tire jusque dans la ruelle à côté de mon immeuble. Je gémis.
—Tu vas regretter d'avoir dit ça, je peux te l'assurer !
—Non, non ! Je-
Il se met en face de moi, toujours en me tenant par les cheveux d'une main, et me met une droite dans la mâchoire. Ma tête valse. Mon cou craque sous le choc. Je retiens un cri de douleur en me mordant la lèvre. Cette dernière saigne. Je me relève en fermant les yeux. Le sourire de Jake.
—Laisse-moi... tranquille !
Il éclate de rire. C'est vrai que je dois être hilarante à voir, la lèvre saignante, une main sur ma mâchoire en peinant à me tenir debout.
—Tu comprendras donc jamais qui est le plus fort. Tant pis pour toi.
Il s'avance. J'ai peur.
Je cours vers la direction opposée, mais il m'attrape par la chemise et me la déchire. Mon bras serré dans sa main, il me met une claque monumentale. Des taches dansent devant ma vision, puis un voile noir s'abat sur moi. Je m'écroule.

...

J'entends du bruit. Des... Klaxons ? Quand mes paupières s'ouvrent, il fait sombre. Nuit. Les Klaxons viennent des rues agitées de New York. Je suis dos au sol, je regarde le ciel. Il est nuageux et obscur. Aucunes étoiles. Une personne normale vous dirait : « oui, mais les étoiles sont toujours là, derrière les nuages. »
Mais de toute ma vie, je n'ai vu aucune étoile. Que de nuages. Chaque jour. Chaque heure. Chaque minute. Je m'appuie sur le sol frais de béton pour me relever. Ma chemise est déchirée dans le dos (quand il m'a attrapé), mais il l'a déchirée devant, sûrement quand j'étais dans les pommes. Tous les boutons sont par terre. Ma tête me lance. Ma mâchoire et mes côtes me font très mal. Je ramasse mon sac à main, bien sûr dévalisé, et passe les portes de l'immeuble de mon logement. Quand j'arrive, je ferme la porte de chez moi et jette ma chemise à la poubelle. Si je pouvais, je la ferais brûler. Je soupire et vais prendre une rapide douche. Quand j'en sors, je me regarde dans le miroir.
—Mon dieu...
Il s'est déchaîné sur moi quand j'e m'étais évanouie. Tout mon torse est rougeâtre, mes mains rougies. J'ai sur mon bras une gigantesque trace de main rouge. Des griffures sur les clavicules. Une autre trace de main rouge écarlate sur ma joue. Et... un énorme hématome sous la mâchoire. À la limite du violet.
Je suis si vidée de tout que j'enfile un teeshirt pour dormir, et, sans manger, me met au lit. Je prends 3 somnifères et éteins les lumières. Le noir m'effraie, alors me mets ma tête sous l'oreiller.
Le sommeil, même sans rêve, même avec des cauchemars, est mon seul remède à cette vie.

𝒜𝓅𝒶𝒾𝓈𝑒𝑒. [𝒥.𝒢]Where stories live. Discover now