Chapitre 36 ➳ Harper

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Les joueurs terminent leur match en beauté avant de se diriger vers les vestiaires sans nous prêter attention. Rider est déjà debout, prêt à partir. Il n'a jamais vraiment aimé le foot, et encore moins la plupart des ordures qui composent l'équipe.

Avant, j'étais ami avec des gens comme eux. Et comme Aspen.

Puis j'ai réalisé que l'amitié, c'était plus que de rester en compagnie de personnes qui nous rabaissent dès qu'elles le peuvent avant de te sourire comme si tu devais les remercier de leur présence.

Nous quittons les gradins et je laisse partir mon ami de son côté, tandis qu'il chantonne « Oh Meili, tu es la plus jolie, mais tu serais bien mieux en bikini ».

Il va se faire tuer par la brunette au regard sombre.

Je parcours le campus déserté.

Plus les minutes passent, plus j'angoisse parce que je ne sais toujours pas si je dois rejoindre Mia, ou aller me terrer dans ma chambre, seul, au cœur de la tourmente de mes pensées. Alors je me contente de traîner dans le vent glacial, d'errer dans les ruelles en retardant ce moment où je devrais enfin prendre ma décision. Ça m'énerve, bordel. De ne pas savoir comment lui avouer mes maux, de ne pas savoir si elle me pardonnera ou me repoussera.

Les mains dans les poches, la tête baissée, je passe devant la villa des Omégas quand un mouvement me fait lever les yeux.

Je m'arrête près de la verrière de l'entrée, et je me fige. Je me fige et mon sang se glace. Il se glace, et brûle ma peau, gèle mon cœur, broie ma poitrine.

Je... Je ne rêve pas, putain ? Mia est là... Juste devant moi... Attachée, bâillonnée, aveuglée et elle pleure tellement en se contorsionnant pour s'échapper que j'ai mal pour elle. Incapable de réfléchir, je me précipite vers elle et pose délicatement les mains sur sa peau dénudée pour qu'elle cesse de s'agiter. Je ne veux pas qu'elle se blesse, même si je sais que c'est déjà le cas, vu comme elle tire sur ses liens pour se libérer.

Mon Dieu, je suis... Je suis... En rage, en colère, en fureur, putain !

Qui lui a fait ça ? Elle était censée être dans sa chambre, là ! Elle est censée pouvoir être en sécurité, sur ce foutu campus !

Mes mains tremblent tellement, mon cœur bat tellement, mes pensées se heurtent tellement à ma violence que je ne parviens même pas à réfléchir correctement ! Ou à agir.

Quelqu'un a ouvert son chemisier pour écrire des obscénités sur sa peau, et j'ai la rage. Je me sens tellement énervé que je pourrais tuer celui qui a fait ça, s'il était devant moi.

Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, bordel, pour que Mia se retrouve ici ? Dans la demeure des Omégas qui, s'ils l'avaient trouvée avant moi... Non, je ne peux même pas imaginer la suite. Surtout pas après l'humiliation qu'elle leur a infligé tout à l'heure ! Merde, ils se seraient déchaînés, acharnés sur elle !

Mia se met à trembler de tout son être quand mes mains se posent sur elle, et je comprends alors qu'elle est terrifiée parce qu'elle ne m'a pas reconnu.

— Je suis là, ne t'inquiète pas, soufflé-je et aussitôt, ses muscles raidis, ses nerfs tendus s'apaisent et elle s'effondre, retenue uniquement par ses poignets ligotés.

J'ôte délicatement les morceaux de tissus noués sur son visage, et je dégage ses cheveux humides de larmes à ses tempes.

— Harper...

Mon prénom est un murmure sur ses lèvres entrouvertes.

— Ramène-moi dans ma chambre. S'il te plaît, sanglote-t-elle.

Harvard Confidential (Harper + Ella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant