Harvard Confidential (Harper + Ella)

Chapitre 43 ➳ Ella

J'ai passé le reste de la journée au lit avec Harper, le temps qu'il digère les paroles d'Aspen, et toutes ces choses qu'il m'a enfin avouées. Il est soulagé. Apaisé. Mais moi... je suis bouleversée. Je le cache du mieux que je le peux, comme avant lorsque je devais faire face à mon père et à sa barbarie, et que chaque larme, chaque éclat de peur dans mes yeux était vu comme une provocation causant les pires de ses réactions.

D'un sens, j'ai l'impression de trahir Harper en me réfugiant auprès de l'ancienne Ella.

Mais c'est mieux comme ça. Beaucoup mieux. Je ne veux pas qu'il voie en moi autre chose que la fille qu'il adore. Je ne veux pas qu'il voie mon père, une D'Imperio, dès qu'il sera près de moi.

J'ai fait faux bond à Maddy mais le midi suivant, comme elle me l'a promis, elle m'emmène manger en ville. Me séparer d'Harper est difficile, parce que j'ai peur de ne plus avoir le courage de retourner à ses côtés, même s'il est mon havre de paix. J'ai l'impression qu'un gouffre s'est créé entre nous, un gouffre que je suis la seule à voir ; J'ai l'impression que jamais aucun pont ne pourra nous réunir et pourtant, je n'ai pas le choix. Je dois l'abandonner. Parce que Maddy est intraitable, qu'elle me kidnappe, et qu'elle veut me forcer à lui raconter ce qu'il s'est passé entre nous.

Elle est de bien meilleure humeur qu'avant-hier. En effet, la veille au soir, nous avons été distribuer près d'une centaine de CV tous les trois, et elle a déjà reçu plusieurs propositions d'embauche. Heureuse, elle a choisi de donner suite à un petit boulot de serveuse dans un café du coin. Il colle parfaitement à ses horaires de cours et à son planning de révision. Je suis ravie pour elle, raive qu'elle soit si soulagée et radieuse. Mais mon cœur reste froid et tout douloureux, sans que rien ne puisse atténuer la brûlure.

Depuis que j'ai appris pour mon père, je suis comme en train de mourir de l'intérieur. Je souris à peine, écoute à peine. Mes notes de cours en pâtissent et Harper est de plus en plus inquiet. D'ailleurs, il s'est mis lui-même à prendre des tas de notes pour ensuite m'offrir ses pages de cours.

Il est adorable. Tellement parfait. Et il écrit vraiment, vraiment très mal. Des pattes de mouche, si la mouche en question était en train de faire un AVC après s'être roulée dans l'encre.

Mais ça reste adorable. Et parfait.

C'est bien pour cela je n'arrive pas à lui avouer. Parce que je sais qu'il rompra, dès qu'il saura pour Gabriel, et je n'arrive pas à m'imaginer dans un monde sans cet homme à mes côtés. Il me fait du bien, il m'offre du bonheur, et c'est comme une drogue dont je ne peux pas me passer.

Durant le repas, je parle peu, ce que Maddy prend comme un signe qu'elle peut me poser des questions. Toutes les questions qu'elle veut... Je manque de m'étrangler sur un macaroni quand elle lance enfin, d'une voix beaucoup trop forte et excitée :

— Alors, Harper et toi vous avez enfin fait le grand saut ? Des galipettes sous la couette ou il est plutôt plaquage contre la première porte venue ? Mon Dieu, dis-moi que tu as eu quelques orgasmes !

À côté de nous, deux dames nous jettent un petit regard amusé.

— Moins fort, chuchoté-je furieusement.

— Quoi ? Le sexe, c'est naturel.

— Je vais partir en courant si tu continues...

— Mais non. Pourquoi est-ce que tu crois que j'aie attendu que nos plats arrivent pour en parler ? Tu es plus douce quand tu manges. Et tu ne gaspilles jamais la bonne nourriture. — Traitresse ! m'indigné-je. Et c'est quoi, cette réputation que j'ai ?