Chapitre 40 ➳ Harper

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Ma boudeuse s'apprête à fermer la porte à clef pour empêcher toute intrusion dans sa bulle, et il n'est pas question que je la laisse faire. Son bonheur passe avant tout, et elle ne sera plus heureuse tant qu'elle sera en froid avec sa meilleure amie.

— Mia ! m'exclamé-je.

— Quoi ?

— Il faut que tu parles avec Madeline.

— Pourquoi est-ce que je ferais une chose pareille ? Elle ne voulait clairement pas me parler hier soir, elle, de toute façon.

Ah... Voilà une facette de sa personnalité qui met du piment à ma vie. Elle ne pardonne rien, et sa rancune est tenace.

Je devrais être affolé d'être mis face à ses émotions alors que je lui cache tant, mais souris un peu quand même, parce que je réalise qu'elle se blinde, qu'elle se cache derrière cette carapace toute fine qu'il lui reste. Et ça, c'est uniquement parce qu'elle ne sait absolument pas comment se comporter en cas de dispute, et ça la blesse autant que cela blesse Maddy, qu'elle se barricade derrière sa colère.

— Parce que ça vous fera du bien de mettre cartes sur table. Allez ! Va la voir ! C'est un ordre !

Pour éviter qu'elle ne se jette dans son lit avant de se cacher sous sa couette, j'ouvre la porte, et réalise que la voisine est toujours là.

— Mia, écoute-moi ! dit-elle précipitamment. Je suis passée plusieurs fois hier soir pour m'excuser, mais tu étais déjà partie chez les AIS, ou bien tu ne voulais pas ouvrir, je ne sais pas. Tout ce que je sais, en revanche, c'est que je suis terriblement désolée de t'avoir blessée. Tu ne méritais pas ce que je t'ai dit, et si j'ai pu te faire penser une seule seconde que tu ne vaux pas la peine que l'on te côtoie, alors je mérite que tu ne me parles plus jamais, c'est clair ! Mais je me suis mal exprimée, tu sais. Tu es géniale, Mia. J'adore t'avoir dans ma vie, j'adore jouer avec toi en salle de musique. Je veux que nous partagions des crocodiles multicolores sauf les rouges jusqu'à la fin de nos vies. S'il te plaît, pardonne-moi. Je ne veux plus qu'on soit fâchée.

Ma brunette se détache doucement de moi, puis sans un mot de plus, elle se fond entre les bras de Madeline qui se met à pleurer davantage.

Elles sont trop belles, avec leurs yeux rougis et leurs sourires tremblants.

— Je ne sais pas ce qui m'a pris, hier. J'étais dans tous mes états, mal dans ma peau, et j'ai tout reporté sur toi injustement. Mais ce que je voulais dire, c'est que tu n'es pas comme elles dans le bon sens du terme. Ces filles sont méprisantes et mesquines. Toi, tu es honnête et trop gentille. Beaucoup trop gentille pour fréquenter des furies pareilles.

— Pourquoi est-ce que tu te sentais mal ? demande Mia en se redressant.

Elle attrape les mains de son amie pour les serrer entre les siennes.

— Je n'ai pas été prise...

Maddy rougit et baisse les yeux.

— Pardon ? hoquète Mia, gênée.

— Pour pouvoir me payer le loyer et une partie de mes frais scolaires, je dois trouver un emploi, Mia. J'ai postulé auprès de plusieurs commerces, mais aucun ne m'a prise. J'ai eu la dernière réponse hier et ça m'a brisée. Je suis désolée de t'avoir fait du mal alors que c'est moi, qui souffrais.

— Pourquoi est-ce que tu ne m'en as pas parlé ?

— J'avais honte, murmure la voisine. Je l'ai pris comme un échec.

Harvard Confidential (Harper + Ella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant