Harvard Confidential (Harper + Ella)

Chapitre 45 ➳ Ella

Les jours qui viennent de s'écouler ont été étranges. J'ai raconté à Maddy ce qui s'était passé avec les AIS sans problème, mais je suis incapable de me confier pour mes soucis avec Harper et mon père. Elle a continué à me venger, ce qui me fait rire parce qu'elle y met tellement de bonne volonté ! Mais je n'ai pas le cœur de lui dire que j'ai de la peine pour Aspen. Je n'ai même pas envie qu'elle poursuive sa petite quête, en réalité, à chercher le point faible de mon ennemie de toujours. Quand Maddy a une idée derrière la tête, cependant, rien ne l'arrête.

Tout ce qu'Aspen a fait ou pourrait faire, de toute façon, passe bien après ce que j'ai appris de l'accident d'Harper. À savoir que mon père a failli exécuter deux des personnes que j'adore le plus au monde. Comment est-ce que je pourrais me préoccuper de la rouquine incendiaire quand je dois vivre avec un secret au poids asphyxiant et à l'arrière-goût de rupture douloureuse ?

J'ai l'impression que plus rien ne va dans ma vie.

Le pire, c'est qu'à présent, voir Harper me rappelle des choses, des souvenirs horribles qui me provoquent des cauchemars toutes les nuits. Je suis épuisée. Crevée. Et terrifiée, aussi, parce que mon père hante à nouveau mon existence.

Allongée dans mon lit, un coussin entre mes bras, je fixe les chiffres du radio réveil depuis près d'une heure. Mon cœur est en compote dans ma poitrine, ça me fait trop mal.

Harper doit passer me chercher dans deux heures pour m'emmener en ville, et je redoute un peu ce moment que nous allons passer ensemble. Plus je reste à ses côtés, plus je suis accro à cet homme, à ses sourires et à la bonne humeur qu'il a retrouvée depuis qu'il m'a avoué tout de son passé. Et moi, comme une imbécile, je me sens incapable de le repousser. De rompre avec lui. Malgré ce sentiment ignoble de culpabilité qui me défonce la cage thoracique à chaque fois qu'il m'embrasse.

Et qu'est-ce que j'aime ça, quand il pose ses lèvres sur les miennes, quand il me butine délicatement jusqu'à me faire gémir de plaisir. Le contre-coup, cependant, est brutal. Je ne sais pas ce qui est le plus douloureux, au final. Le fait de lui mentir sur qui je suis, de cacher qui est mon père, ou de penser une seule seconde à m'éloigner de lui alors que... alors que je l'aime.

Des coups frappés à la porte me surprennent.

Je m'enfouis davantage dans mon lit, quand le battant s'ouvre doucement.

— Ella ? C'est Maddy.

— Je dors, bougonné-je.

Je l'entends glousser, ce qui me soulage un peu. Je suis tellement déprimée ces derniers temps que les seuls vrais rayons de soleil de mon quotidien sont son amitié et Harper. Tout entier. Dans ses bons jours avec ses mots d'amour et ses grands sourires. Et même dans ses mauvais jours, lorsqu'il fait froid et que sa jambe le fait tellement souffrir qu'il est d'humeur exécrable avec tout le monde, sauf moi bien sûr.

Madeline vient s'asseoir au bout de mon lit, aussi, je me redresse et lui lance un regard agacé. Je balaye mes cheveux sur le côté pour qu'elle voit bien mon air assassin. Et comme elle est ma meilleure amie, elle me tend ses offrandes en guise de paix. Une assiette en carton garnie de gâteau aux pommes, et un gobelet de café noir.

Je dépose la nourriture sur ma table de nuit, mon estomac trop noué pour ingurgiter quoi que ce soit, mais je déguste mon café amer et bien chaud jusqu'à le terminer complètement.

Les yeux baissés pour éviter d'affronter son regard trop pertinent, je trace de l'index les contours des pétales de fleurs imprimés en bleu sur mes draps.