Harvard Confidential (Harper + Ella)

Chapitre 41 ➳ Ella

La salle de cours est toujours silencieuse. Le choc résonne presque entre les murs froids de la pièce, claque comme les balles d'un fusil face aux mots inhumains hurlés quelques secondes plus tôt.

Dans ma poitrine, mon pouls bat si fort qu'il me fait mal, mais je ne sais pas si c'est à cause d'Aspen ou d'Harper.

J'ai bien vu qu'il se sentait trahi – à juste titre – mais de le voir aussi blessé par les paroles de la rouquine me fait tout aussi mal. Je suis blessée pour lui. Pour ses secrets. Pour la violence de ce qu'il vient de subir.

Je n'arrive pas à y croire.

Tout ce qu'il vient de se passer est... surréaliste.

Le regard fixé sur Aspen, je cherche à même son visage parfait au teint de porcelaine la trace d'un mensonge qui serait choquant de méchanceté mais... non. Elle rayonne. Elle irradie de son coup d'état qui a mis mon homme en échec et mat, dans une partie qu'il n'avait jamais voulu commencer.

Harper est handicapé ?

Mon Dieu...

Une chair de poule douloureuse se met à dévorer ma peau, comme de minuscules aiguilles s'y enfonçant un millimètre après l'autre.

Je me creuse la tête pour tenter de comprendre, de trouver une explication à tout cela, et je réalise alors qu'il m'a menti, durant toutes ces semaines. Ses médicaments, ses douleurs à la jambe... Ce n'était pas à cause du foot, bien sûr. Enfin je n'en sais rien... Je suis complètement perdue. Est-ce qu'il m'aurait vraiment caché quelque chose d'aussi grave ? Est-ce qu'il m'a vraiment laissée de côté face à un pan aussi grand et lourd de son existence ?

Je frissonne davantage.

Et me souviens. De sa façon de me tenir éloignée de ses entraînements, du stade. De sa façon de détourner le regard à chaque fois qu'il m'en parlait. Ouais... Ouais, il m'a menti. J'en suis bien consciente à présent.

Et je suis... incapable de comprendre ce que je ressens.

De la tristesse, de la colère, et un sentiment proche de l'envie de meurtre quand je regarde la jeune femme à l'origine de ce bazar.

Je dévisage Aspen sans réellement la voir. Sa cruauté se dessine sur son visage en un sourire perfide. Même ses amis sont outrés de ce qu'elle vient de faire, mais aucun d'eux n'ouvre la bouche. Ils reculent, s'éloignent d'elle. Prennent leurs affaires pour aller s'installer à l'opposé de cette peste. Elle n'en voit rien, bien sûr, parce qu'elle me fixe, me donnant l'impression d'une lame s'enfonçant dans ma poitrine pour m'épingler au mur le plus proche.

Elle me prend pour un petit insecte qu'elle pourrait écraser à son bon vouloir.

Elle ne sait pas que si nous étions seules, c'est moi qui l'aurais écrasée pour avoir fait du mal à Harper.

— Il ne t'en avait pas parlé, c'est ça ? ricane-t-elle face à mon air stupéfait. Il doit avoir honte, c'est sûr, et il a raison. Après tout, il a failli claquer, après l'accident. Et maintenant, il n'est même plus capable d'être l'homme qu'il a été autrefois. Même plus capable de faire du sport et d'être au top. Ça me dégoûte.

Il a failli... mourir ?

Oh...

Mon ventre se noue. Ma poitrine me brûle. L'air chaud de la salle m'oppresse. Dire qu'il n'a eu que ce genre de personne pour le soutenir. Je suis outrée.

— Heureusement, il y a de vrais athlètes, dans cette fac. Tu les as croisés hier soir ou cet idiot t'a trouvée avant ? Parce que d'après les rumeurs, mon plan ne se serait pas déroulé comme je le souhaitais.