Harvard Confidential (Harper + Ella)

Chapitre 3 ➳ Ella

La première journée de cours se termine, et je suis exténuée ! Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi difficile d'être entourée d'autant de gens, de bruit, de conversations quand j'ai passé la majeure partie de ma vie totalement seule.

Mon petit passage à la librairie m'a cependant permis de décompresser un peu. Complètement seule, j'ai déambulé dans ses rayons au bon parfum d'encre et de papier, en lisant les résumés des livres qui me tentaient le plus. Plonger dans ces univers fantastiques pour quelques lignes seulement me permet de décrocher un peu avec la réalité. C'est comme d'être envahie d'un instant de paix, comme de reprendre le contrôle sur mon propre quotidien. Les livres sont une constante de ma vie, et me retrouver entourée de tant d'ouvrages me fait du bien.

Certains diraient que c'est un passe-temps stupide, une perte de temps qui n'apporte rien, dans la vie. Ils auraient tort.

Lire, c'est s'évader d'un quotidien brutal, parfois triste, souvent épuisant.

Lire, c'est oublier quelques minutes nos propres soucis pour pouvoir respirer à nouveau sans entraves.

Mon sac pendant sur l'une de mes épaules, je finis par passer à la caisse et tiens entre mes bras, serrés contre mon ventre, quelques livres que nos professeurs nous ont recommandé d'acheter. Je sors tout juste de la librairie universitaire, qui se trouve à deux rues du campus, quand je réalise que ma toute première journée de cours s'est passée à merveille. Je souris, heureuse et fière de moi, de ce pas de géant que je viens de faire dans ma vie.

Mais quand même, voir tant de personnes se presser dans les rues m'angoisse un peu.

Alors je me hâte, moi aussi, pour retourner à ma chambre. Partout autour de moi, des groupes de plusieurs élèves se sont formés. Les amitiés se soudent, se forment et je me sens plus seule que jamais, en entendant les rires autour de moi. Pas que cela me gêne outre mesure. J'ai été habituée dès mon plus jeune âge à être solitaire. Pourtant, je me sens curieuse, fascinée, envieuse de ces étudiants qui ne se connaissaient pas, quelques heures auparavant, et qui, à présent, se sourient et se parlent comme s'ils se côtoyaient depuis toujours.

Je jalouse un peu leur facilité à se faire des amis. Qu'est-ce que ça ferait, si moi aussi j'allais leur parler ? Serais-je acceptée dans leurs groupes ? Ou ma timidité créerait une barrière entre eux et moi, comme ça semble déjà être le cas ?

Un petit soupir m'échappe tandis que je rejoins les abords de Harvard.

Sous le soleil qui décline peu à peu, la vie semble battre son plein. Cette première journée dans la faculté la plus prestigieuse du pays a plu aux étudiants qui, il faut l'avouer, ont de la chance de pouvoir être ici. Les frais d'inscription sont conséquents, et les places aussi limitées que convoitées.

Alors que je m'apprête à rentrer, j'avise soudain, sur le trottoir d'en face, Aspen et sa cour qui chahutent, tout sourire. Mon cœur se serre douloureusement en remarquant que Harper se trouve parmi eux.

Mes doigts se crispent sur les couvertures cartonnées de mes livres tandis que mon cœur bourdonne d'une blessure ridicule. Je me sens trahie, même si je le connais à peine. J'ai beau avoir passé toute la journée avec lui, Harper n'a jamais fait mention de la rousse sulfureuse. Je ne savais pas qu'ils se connaissaient au point de traîner ensemble. Je ne savais qu'ils étaient... amis.

J'ai soudain l'impression que son poing éclate ma cage thoracique et se noue autour de mon cœur, pour le comprimer avec violence. Qu'est-ce qui m'a pris de lui faire confiance ? Qu'est-ce qui m'a pris, franchement ?