𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑: 𝐉𝐀𝐂𝐎𝐁.

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Du trône de fer à ce siège de pierre.



C'est un complot. Ma langue articule l'istighfâr*. Je demande pardon à Dieu pour mes fautes, dans l'espoir d'être facilité de mes tourments.

Je me sens hors de ma réalité en sentant mon cœur cogner, mon corps suer et j'aimerais claquer des doigts pour sortir de ce mensonge.

Et on claque des doigts. Devant moi.

Mon esprit s'écrase en moi. Je reviens, avec autour de moi les sons qui s'activent plus vivement, se mélangent, les cris des autres qui sont en train de pourrir là depuis longtemps. l'odeur, de leur corps qui devient amas de sang et de sueurs. De crise et de peur. Je ressens toute cette hérésie et elle vient directement au fond de moi.

Et au milieu de tout ça. Ça claque encore. Alors je suis là. Et je sens maintenant, une légère brume dans ce lieu inconnu. Je commence à tirer sur mes liens de fer. Je grogne pour qu'on m'enlève ces menottes. J'ai dans ma gorge une boule de frustration atroce. J'ai dans mon corps une lourdeur qui me rend atrocement fou! Et mon cœur qui bat ne me présage rien de bon. J'ai peur à en crever de douleur!

Et ce qui cachait ma vue disparaît.

La lumière n'est pas vive. Mais la faible clarté m'empêche de voir distinctement tout-de-suite. Mais mes yeux se plissent pour s'habituer.
J'ai mal physiquement car je réalise que mon frère m'a réellement détruit.

J'avale ma salive en laissant mes yeux faire le tour de la cage sombre, la gorge, les lèvres sèches... Je relève lourdement ma tête plombée de pensées, de colère, je ne comprends toujours pas, comment mon destin a-t-il pu le mener là.

Et mes yeux trouvent devant moi...

-La procédure d'écrou va commencer. Tu ne bénéficieras pas de traitement de faveur pour ton crime d'État. On va prendre les affaires personnelles qu'il te reste, c'est-à-dire, tes vêtements, la liste de tes effets seront listés. Tu auras le droit d'appeler un avocat uniquement après la procédure. Tu seras placé en cellule et l'enquêteur en chef de cette affaire te rencontrera.

J'entends avant de voir. J'hausse les sourcils. La surprise s'empare de moi. L'espace d'un instant. Je me fige.

-Et tu ferais mieux d'arrêter de pleurer. Ils n'auront pas pitié de toi ici. Personne n'aura pitié de toi.

C'est une femme. Militaire, l'uniforme est parfait. C'est l'armée. Je la trouve jeune. Mais peut-être qu'elle à quatre ou cinq ans de plus que moi. J'en suis persuadé. Chignon strict et uniforme en place. Son corps est droit. Et ses yeux chocolat me fixent. Sans pitié, mais beaucoup de dureté. Elle aussi, je le vois, je suis sûre que quelqu'un l'a fait changer. Et encore une fois, je repense aux conseils de baba... Car je n'oublie pas de croire en mon instinct.

Ça me coupe le souffle ma faiblesse. Et devant elle j'ai la sensation d'avoir tout perdu. Elle prend le peu de fierté que j'aurais voulu emporter avec moi. J'ai l'estomac dans la gorge. L'envie de vomir, je ne comprends plus ce qui m'entoure.
C'est aussi facile que ça? De mettre un homme comme moi, ici là, dans le noir.

-Tu l'as tué?

Elle a osé. Et c'est la première fois... Que j'ai envie d'en rire. Pris d'hystérie, en moi il y a ce vent de folie, d'incompréhension! Mon père? Moi j'aurais tué mon propre père! Oman tout entier est en train de se moquer de moi!

Je tire sur mes menottes enragé, mais je sais que rien n'y fait! Et plus les hurlements des hommes enfermés dans la prison centrale d'Oman me pénètrent, plus je me sens amoindri et apeuré...

NAFIR, le magnifique.Where stories live. Discover now