Chapitre 4 : Nouveau Monde

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Était-ce vraiment ça que je voulais faire de ma vie ?

La question me traversait l'esprit souvent avant d'en ressortir aussi rapidement. Cette pensée fugace était régulière mais peu insistante. Je fus arrachée à mes pensées par un appel.

- Alicia ? Mademoiselle vous êtes avec nous ?

Je repris mes esprits, plus personne dans la pièce en dehors du professeur. Mince.

- Ce n'est pas la première fois qu'il vous arrive d'être dans la lune. Vous avez de bons résultats, mais un peu plus de présence et de concentration vous ferait du bien pour viser de plus hauts sommets mademoiselle.

- Bien sûr monsieur.

- Vous répondez par l'affirmative mais vous n'en pensez pas un mot n'est-ce pas ! Allez, filez donc, votre journée est finie si vos camarades ne m'ont pas raconté des salades.

Ce prof était sympa. Je pense qu'il voyait en moi quelque chose que personne d'autre ne voyait. Ou plutôt que personne d'autre ne voulait voir. Presque seize heures trente à ma montre en sortant du bâtiment, j'avais phasé une vingtaine de minutes. Il fallait que je me dépêche d'aller chercher les bébés chez la nourrice. Il n'y avait pas de place pour moi. Je devais dédier ma vie à ma famille, à ma maison, à mes frères et sœurs. Je n'ai jamais été ambitieuse, mais je n'aurais jamais pu assouvir ses ambitions. Peut-être que c'est le fait de savoir inconsciemment que je n'y avais pas le droit qui a refréné ce qui pouvait s'apparenter à de l'ambition chez moi depuis petite. J'étais née aînée. Et j'aimais bien prendre soin d'eux. Avoir le contrôle du foyer. Gérer ce que ma mère ne pouvait pas. Avoir une proximité spéciale avec mes frères et sœurs en étant leur deuxième maman. Je pense que je n'aurais jamais préférée être fille unique. Le temps d'arriver à cette conclusion que j'étais déjà arrivée chez la nounou, je récupère Nick et Diana comme ça arrivait souvent récemment, la poussette double laissée ici ce matin est toujours là et on rentre. Repasser devant la fac avec une poussette pleine est toujours étrange. Mais je ne parle pas vraiment aux gens de la fac de toute façon. J'ai juste ma bonne amie, Olga avec qui on avait fait notre première année de psycho ensemble avant qu'elle ne change pour le droit l'année suivante. L'enfer de l'orientation post-bac. Elle et moi ne nous voyions plus beaucoup cette année, le droit étant passé dans le bâtiment A quand la psycho est restée dans le B. On se croisait devant la fac certains matins ou certains soirs ou le hasard des calendriers, grèves et autres emplois du temps le permettaient. Une bise, un "comment ça va?" les formalités. J'arrivais enfin chez moi. Quelque chose d'anormal.

- Atchoum !

Définitivement pas normal.

- Atchoum !

J'éternuais sans arrêt. Je pris l'espèce d'écharpe à bébé, je ne sais pas comment ça s'appelle. Un devant, un derrière et je monte à l'étage. Morgane et Milo devraient être là normalement. Je monte, il n'y a pas un chat.

- Meooooww

- Atchoum ! Atchoum !


Ah si, un chat. Je comprends mieux. Les miaulements viennent de la chambre de Milo, j'ouvre la porte, mince, je la referme, frappe, puis ouvre à nouveau. Il dort, et un chat est collé à lui. Ça me fait me poser des questions. La première, pourquoi je n'ai pas racheté de mouchoirs, la seconde, d'où vient-il ? Mais je n'ai plus l'habitude de lever Milo depuis qu'il ne va plus à l'école. Faire des siestes n'est pas dans ses habitudes, il est sûrement très fatigué pour en arriver à ça, alors je lui demanderai quand il se réveillera de lui même. Prochaine étape, la chambre de Morgane. Un désordre qu'elle n'aurait jamais pu causer telle que je connais ma sœur. Je me suis mise à plier machinalement telle un robot ses vêtements qui étaient par terre. Il en manquait un certain nombre, tous ses préférés. Tous ceux qui finissaient souvent à la machine. Ne restait que les tenues dispensables, trop petites ou trop moche qui étaient toutes par terre devant une armoire vide. Une fois celle ci de nouveau ordonnée, l'évidence même était là, Morgane était sûrement partie. Un chat en plus, une sœur en moins et Milo qui fait une sieste. Ces trois événements étaient peu probablement corrélés mais assez inhabituels pour que la question se pose. Quelque chose d'inhabituel... Tiens, Milo n'était jamais venu à la fac de bonne heure avec nous également. Si mon intuition est bonne, il a sûrement des infos que je n'ai pas.

Family Strange StoryWhere stories live. Discover now