Chapitre 61 : En âme et conscience

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Le changement se fit dans la démarche de Draco. Il cessa de glisser au sol avec légèreté et décontraction pour retrouver ce porté beaucoup trop étudié pour être naturel. Son regard gris redevint perçant et le léger sourire de fierté qui avait fleuri sur ses lèvres se mua en un rictus crispé. Neville hocha la tête, tandis qu'ils remontaient quatre à quatre les escaliers pour retrouver Dumbledore.

« La potion a été extrêmement efficace. » Glissa-t-il tandis qu'ils vérifiaient à chaque palier que personne ne remarquait leur manège.

« Nous avons surtout eu de la chance que ça dure assez longtemps... grommela Draco en fronçant les sourcils. Un peu plus et je n'aurai pas pu terminer cette rencontre convenablement.

— Vraiment ? Tu n'aurais vraiment pas été capable de faire semblant de respecter des elfes ?

— Ce n'est pas qu'une question de les respecter, Londubat. Il a fallu savoir quoi dire et faire au bon moment. Tu les respectes et pourtant tu n'y arrivais pas, non ?

— Je voulais dire...

— Laisse tomber, on a un but commun, c'est tout.

— C'est pourtant beaucoup ! »

Dumbledore les surprit en apparaissant dans un des cadres qui bordaient les escaliers. Il passa au travers d'une scène de repas antique, puis sautilla dans une savane aux herbes hautes, avant de reparaître près d'une sorcière en train de lire qui n'apprécia pas tellement l'intrusion. L'ancien Directeur se déplaça sur plusieurs tableaux avant d'ajouter, d'un air plus sérieux :

« Vous pouvez déjà être fiers de vous, Messieurs, vous avez su travailler en bonne intelligence pour le Bien Commun. Indépendamment de vos désaccords. C'est la marque d'une très grande maturité.

— Pour des Gryffondor, sans doute, marmonna Draco, goguenard. Vous êtes les seuls à ne pas avoir compris que les buts sont plus importants que les amitiés larmoyantes...

— Vous avez encore des choses à apprendre, sourit Albus en accélérant son saute-cadres. Retrouvez-moi aux jardins, nous en reparlerons. »

Il les planta sans plus de cérémonie et les jeunes gens accélèrent le pas, prenant bien garde de ne pas continuer cette désagréable conversation. A leur arrivée, Helena Serdaigle flottait assise dans les airs près du grand arbre, lisant un livre bien réel. Neville haussa les sourcils, surpris, mais Draco le coupa dans son élan en s'inclinant en silence. Il passa ensuite devant elle et se posta près du portrait où ils avaient vu Dumbledore quelques jours plus tôt. Le fantôme de Serdaigle sembla apprécier de ne pas être dérangée durant sa lecture et continuant, sans lui prêter plus d'attention.

« Nous sommes là, vieil homme, annonça Draco en perdant patience.

— Oh... je ne suis plus vieux, je suis mort, corrigea Albus en apparaissant. Nous pouvons parler en toute sécurité devant notre éternelle amie.

— Nous l'avons, Professeur, la mission est un succès ! s'enthousiasma Neville.

— Évidemment qu'elle l'est, vous avez fait appel à moi, non ? Quand m'avez-vous vu échouer ?

— Quand tu as dénoncé par erreur l'Armée d'Ombrage sans comprendre que c'était un stratagème de notre part pour nous en débarrasser ?

— Ca n'a finalement pas été un échec, j'ai eu la confiance de Fudge... pour ce que ça m'était utile, d'ailleurs. Et ne dis pas « notre stratagème », c'était trop intelligent pour émaner du cerveau d'un Gryffondor lambda, vous avez forcément reçu l'aide de... »

Draco se tut, se souvenant avec précision du moment où on lui avait suggéré d'en parler au Premier Ministre... Il ferma les yeux et soupira d'admiration. Dans son cadre, Dumbledore souriait en le regardant par-dessus les lunettes en demi-lunes.

A la MoldueWhere stories live. Discover now