Chapitre 41 : Connexion

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Lundi 3 novembre, couloirs de Poudlard, 5h12,

Severus passa la tête, observant et écoutant les alentours. Les torches piquées au mur étaient encore éteintes, signe que les portraits dormaient très probablement à poings fermés. L'homme en noir avança, satisfait, appréciant le bruissement léger de ses capes perçant le silence. Il ne se précipita pas, se dirigeant nonchalamment en direction du rez-de-chaussée. Il ne croisa ni fantôme, ni Préfet. On aurait dit qu'il avait le château tout entier pour lui seul, et cette idée fit naître un sourire paisible sur son visage.

Quand il arriva au Grand Hall, Severus fronça les sourcils. L'immense accueil était baigné de lumière, les grands sabliers égrenant les points de chaque maison, brillants de mille feux. Il ne put s'empêcher de jeter un œil à celui des Serpentards, un rictus agacé lui barrant le visage. Les portes de la Grande Salle étaient fermées, comme toujours à cette heure matinale, mais Severus n'était pas arrivé jusqu'ici pour cela. Il partit à droite du grand escalier principal, se dirigeant vers une porte qui grinça en se refermant sur son nez. L'espion plissa des yeux, tira sa baguette rapidement, et se faufila en silence pour tenter de surprendre l'élève qui n'avait aucune raison de se trouver ici. D'un geste rapide, il tira sur la poignée, mais le couloir qui descendait sur les escaliers était vide. Il pressa le pas, se demandant dans quelle mesure il ne pourchassait pas quelqu'un d'invisible. Son entraînement d'espion lui permit de contenir son ricanement d'anticipation, alors qu'il s'imaginait tomber sur un Harry Potter en cavale. Mais lorsqu'il déboula soudain devant la grande peinture qui gardait l'accès aux cuisines, son expérience ne lui fut d'aucune utilité pour masquer son exclamation de surprise.

Devant lui, le fixant tout d'abord d'un air incrédule, puis trop rapidement à son goût moqueur, se trouvait Jane Smith qui tentait, en vain, de chatouiller le mauvais fruit. Ils se jaugèrent un instant en silence, avant que l'homme ne se décide à rompre le charme en reprenant une posture profondément paternaliste :

« Puis-je savoir ce que vous faites ici à l'aube, Miss ?

— Oui.

— ... Comment ça, « oui » ?

— Oui, vous pouvez, répéta-t-elle malicieusement. Je crois que je me trompe de méthode, ce n'est pas le raisin qu'il faut chatouiller ? Dites, vous pouvez nous ouvrir, s'il vous plaît ? »

L'homme en noir esquissa un mouvement, avant de se raviser et de toiser son amie du haut de sa stature. Il lui offrit un sourire goguenard et répliqua lentement :

« Oui. »

Jane fit une grimace infantile, et chatouilla en vain pomme, banane, pastèque... L'homme en noir la laissa faire, même lorsque le grondement de son ventre interrompit un instant le geste de la Moldue. Ils s'observèrent à ce bruit, et elle pesta :

« J'en reviens pas, vous préférez me laisser m'empêtrer, quitte à crever la dalle.

— Je me nourris de votre désarroi, Miss.

— Pire qu'un Détraqueur, ce mec... marmonna-t-elle avant de s'exclamer : AH ! La poire ! J'aurais dû attendre avant de confisquer ce mot, je le savais. »

Le tableau pivota, dévoilant une entrée taillée dans la roche qui charriait une délicieuse odeur de brioche sucrée et de chocolat chaud. Jane jeta un regard incertain à Snape et s'engouffra, bientôt suivie. À mesure qu'ils avançaient, les odeurs alléchantes se renforçaient et rapidement, leurs ventres grondaient à l'unisson. Quand ils arrivèrent au sous-sol, ils ne pensaient pratiquement plus qu'à leur petit-déjeuner.

Jane laissa échapper un hoquet de surprise lorsqu'un elfe étrange l'apostropha suspicieux :

« Que faites-vous ici ? Il est beaucoup trop tôt, Miss ! Vous devriez...

A la MoldueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant