Chapitre 6 : Espionnage Industriel

3.9K 322 36
                                    



Bureau d'Albus Dumbledore, 15h,

Lorsque le vieux Directeur revint s'asseoir à sa place, il observa le manège de ses deux interlocuteurs. Dire qu'il régnait entre eux un malaise était un doux euphémisme. Severus et Jane avaient tous deux reprit leur place, chacun se penchant du côté opposé à l'autre, de façon à maintenir le plus de distance possible entre eux. Naturellement, les deux collègues prenaient garde de ne pas croiser leur regard. Albus ignorait tout de leur altercation, bien qu'il se doutât que la jeune femme eût tenté d'en découdre en privé avec son égal. Il l'avait vu s'éclipser, peu avant d'entrer dans la Grande Salle, pour finalement ne venir au repas avec une dizaine de minutes de retard et un regard vide d'émotion. De toute évidence, la discussion ne s'était pas déroulée comme elle l'espérait, et l'attitude raide de son protégé étayait ses doutes. C'est donc avec une certaine lassitude qu'il s'assit dans son grand fauteuil directorial, non sans un craquement sinistre d'articulations. Il leur proposa du thé et du café, mais aucun d'eux ne daigna répondre intelligiblement. Jane secoua la tête, étrangement muette, et Severus se contenta d'un grognement à faire pâlir d'envie un géant. Tout en se servant une pleine tasse, le Directeur jeta un regard par-dessus ses lunettes à ses deux invités. Jane était pâle, comme ballottée dans une tempête – ce qu'elle était, en fin de compte. Quant à Snape, ses lèvres étaient tellement pincées que sa bouche ne dessinait plus qu'une fine ligne à peine rosée. Albus soupira, la discussion allait être compliquée.

Il prit cependant son temps, saisissant précautionneusement un carré de sucre qu'il laissa tomber en un « ploc » dans son café. Toujours concentré, il touilla avec soin le contenu de sa tasse comme s'il s'agissait d'une potion importante. Enfin, il finit par essuyer sa cuillère sur le rebord du récipient, en silence, sans laisser une seule goutte glisser sur la coupelle. Les seuls bruits rompant le silence provenaient des divers instruments présents dans le bureau du Directeur. Celui-ci regretta amèrement que son phénix soit absent, sa douce voix aurait peut-être permis d'apaiser les tensions. Mais il ne pouvait compter que sur sa légendaire diplomatie. Albus but quelques gorgées, avant de s'éclaircir la voix :

« Mes enfants, il nous faut poursuivre cette conversation. »

Les deux « enfants » opinèrent du chef sans piper mot, et le vieux Directeur commença à se trouver soudainement épuisé. Il ne se laissa pas pour autant démonter, et décida de continuer, quitte à verser dans le monologue.

« Comme je vous l'expliquais en matinée, Miss Smith, vous allez reprendre la classe d'Etude des Moldus à la rentrée, faisant suite à la démission de notre ancien Professeur. »

Il marqua une pause, s'attendant à une question de la part de la jeune femme. N'en voyant aucune, il poursuivit.

« Lorsque vous m'avez demandé la raison de sa démission, je vous ai parlé de Voldemort. Je suppose qu'un esprit aussi vif que le vôtre a dû comprendre qu'il y avait un lien... ? »

Toujours aucune réponse. En revanche, Severus se fendit d'un reniflement dédaigneux. Le mage se retint de soupirer et bu une nouvelle fois du café. Il scrutait avec attention Jane, cherchant à déterminer si elle écoutait ou non. Celle-ci finit par relever les yeux vers lui :

« L'ancien Professeur avait peur qu'il ne lui arrive quelque chose du fait de sa fonction... ? Tenta faiblement l'écrivain.

— C'est cela, Miss. Mrs Burbage sait que cette matière déplaît fortement à Voldemort et à ses partisans. Bien que Poudlard soit parfaitement sûr, elle craignait tout de même pour sa vie.

— Je ne comprends pas Professeur Dumbledore... Pourquoi me confier cette classe au lieu d'annuler tout simplement cette matière ? Demanda Jane.

— Mais parce que j'ai l'intention de la rendre obligatoire pour toutes les années, Miss. Répondit le Directeur avec un regard entendu. »

A la MoldueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant