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Je terminais de mettre mon dernier article dans le sac de cours de Manaël.

La voix monotone de la caissière annonça le montant à payer, et je posais le billet de dix, que Guppy m'avait donné, entre les doigts joliment manucurés de la femme.

Je ne me sentais pas du tout coupable d'avoir soutiré l'argent de poche d'un gamin. Mes services de protection n'étaient pas gratuits. Et puis ce n'était que dix misérables euro, même pas assez pour acheter un rouge à lèvres.

Je récupérais ma monnaie en remerciant la caissière, songeais un instant à lui demander où elle avait acheté son magnifique vernis à ongle, me ravisa, glissa le sac de Manaël sur mon dos, et quittais le magasin.

J'activais le GPS et pris la direction de la maison des Bold.

Ma première journée de cours s'était terminé sans trop de remous.
J'étais arrivée à chacun de mes cours sans me perdre dans les couloirs, grâce à l'aide involontaire des camarades de classe de Manaël que je m'étais contenté de suivre, je m'étais trouvée une table vide et loin de l'agitation à la cantine (j'avais même avalé les choses immondes que l'on nous y avait servi sans rechigner), et aucun prof ne m'avait de nouveau convoqué pour m'apprendre un autre mensonge de Manaël.

J'avais, certes, plusieurs fois croisé le regard haineux du binôme de physique-chimie de Manaël, mais comme il n'avait toujours pas trouvé de réparti à me lancer à la figure, il s'était contenté de me regarder de travers (sans doute allait-il réfléchir toute la nuit à ce qu'il aurait dû me répondre à ce moment-là).

À la fin des cours, j'avais décidé de passer à l'un des supermarchés que j'avais aperçu ce matin en allant au lycée, pour acheter du gel douche, du savon pour les mains et une brosse à dents (je n'avais pas pu me résoudre à utiliser celle de Manaël ce matin).
Je n'avais pas assez d'argent pour m'acheter de nouveaux draps, mais je trouverais bien un moyen de m'en procurer des propres.
Il devait bien y avoir ça chez les Bold.

Arrivée chez le garçon, j'aperçus la même voiture qu'hier soir, garée devant la maison.
Le père de Manaël.

La voiture n'avait pas été là avant au moins vingt-et-une heure hier, mais aujourd'hui elle était déjà là à peine dix-huit heure passé.
Monsieur Bold avait-il un horaire différent le week-end ? Ou ce fameux dimanche avait été une exception ?

La porte d'entrée était fermée à clef et je mis du temps à trouver la bonne clef dans le trousseau de Manaël.

Une fois à l'intérieur, j'entendis le son de la télévision.
Il n'y avait personne dans la salle à manger, et le père de Manaël, que je n'avais pas encore rencontrée, devait se trouver dans le salon ; une pièce à l'opposée de la salle à manger, toute deux séparées par un corridor qui menait aux escaliers.
J'étais donc obligé de passer devant le salon pour monter à l'étage.

Debout dans le hall d'entrée, je fixais l'escalier, à quelques mètres devant moi.

Je fis un pas hésitant dans le corridor, puis me souvint que je n'étais pas Manaël et que je n'avais aucune raison de craindre son père.
Alors je pris une démarche plus assurée et m'y engageais.
Presque arrivé aux premières marches de l'escalier, le son de la télé se coupa.

– Alicia, tonna une voix d'homme depuis le salon.

Je revins sur mes pas à reculons et m'arrêtais devant l'ouverture du salon.

Je n'en avais eu qu'un bref aperçu hier, quand je l'avais rapidement balayé du regard en cherchant la salle à manger.
Le salon n'était pas différent de la salle à manger, ou même des autres pièces que j'avais pu apercevoir jusqu'à maintenant :
Moche et sans grande fioritures. Quelques cadres, dont je ne pouvais pas apercevoir le contenu, étaient posés au-dessus d'une cheminé, et une plante d'intérieur toute rabougri, faisait de son mieux pour survire près du canapé qui faisait face à la télé.

Cʀᴇ́ᴇ́ᴇ ᴘᴏᴜʀ ᴛᴏɪ [MxM]Where stories live. Discover now